Les bactéries peuvent provoquer des cancers, c'est le cas d'Helicobacter pylori pour le cancer de l'estomac. Une découverte récente suggère que cinq souches bactériennes pourraient être impliquées dans le cancer de la prostate. Ont-elles un lien avec les formes les plus agressives de cette maladie masculine ?


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    Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes en France. Plus d'un cas sur deux (66 %) concerne un homme âgé de plus de 65 ans. Anticiper l'évolution du cancer et son agressivité est un défi pour les médecins. Des chercheurs de l'université d'East Anglia au Royaume-Uni ont fait une découverte intéressante dans l'urine et les tissus prostatiques des hommes atteints du cancer de la prostate. « Nous avons trouvé plusieurs types de bactéries associées avec des formes agressives de cancer de la prostate, dont certaines sont des nouvelles souches bactériennes jamais découvertes avant », explique Rachel Hurst, première autrice de l'étude.

    Plus d'un homme sur deux est concerné par le cancer de la prostate après 65 ans. © Image Point Fr, Shutterstock
    Plus d'un homme sur deux est concerné par le cancer de la prostate après 65 ans. © Image Point Fr, Shutterstock

    Cinq bactéries impliquées dans le cancer de la prostate ?

    Les scientifiques ont analysé des échantillons urinaires et tissulaires de 600 hommes présentant ou non un cancer de la prostate. Pour isoler les bactéries des échantillons, des méthodes de séquençageséquençage ont été utilisées et ont permis de dresser le portrait des bactéries vivant à proximité de la prostate et de l'appareil urinaire. Parmi elles, cinq nouvelles souches bactériennes anaérobies (c'est-à-dire qui se développent qu'en l'absence totale d'oxygène) sont associées à un risque accru de cancer de la prostate.

    Cette découverte soulève beaucoup de questions. « Parmi les choses que nous ne savons pas encore, il y a la façon dont les gens attrapent ces bactéries, si elles causent le cancer ou si une mauvaise réponse immunitaireréponse immunitaire autorise leur croissance », précise Rachel Hurst. S'il semble y avoir un lien entre l'agressivité du cancer et la présence de ces bactéries, les mécanismes sous-jacents sont encore à déterminer.

    Les scientifiques imaginent déjà un test de dépistagedépistage où la présence d'un certain type de bactérie dans l'urine et la prostate pourrait constituer un signal d'alerte quant à la progression du cancer de la prostate. Le lien de causalité entre la présence de la bactérie et l'agressivité du cancer prostatique doit encore être formellement démontré, promettant, s'il s'avère vrai, une véritable avancée dans la prise en charge de cette maladie qui tue environ 8.000 hommes chaque année.