Les personnalités agressives ont tendance à voir plus de rouge dans le décor que les individus plus calmes, selon une étude de 2014. Un phénomène qui viendrait de l’époque où nos ancêtres vivaient de la chasse et de la cueillette. Comme quoi, les goûts et les couleurs ont peut-être une racine plus profonde que ce que l’on pouvait penser.


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    Lorsque la personne en face de nous nous prévient qu'elle voit rouge, il faut se préparer au pire. Et si cette expression avait une vérité scientifique ? C'est ce que laissent entendre des psychologues états-uniens dans la revue Journal of Personality. Une conclusion qui mérite de plus amples explications.

    Le contexte : des couleurs psychologiques

    Chacun ses goûts. Et lorsqu'on demande à chacun sa couleurcouleur préférée, les réponses varient fortement : bleu, rouge, vert olive ou encore rose fuchsiafuchsia, pour ceux et celles qui aiment la précision. Bref, une tendance à la diversité, qui caractérise si bien l'humanité.

    Oui mais il est malgré tout certaines constantes qui sous-entendent que nos préférences ne relèveraient pas uniquement de l'esthétique. Des études précédentes soulignaient une association entre la couleur rouge et la sensation d'agressivité, et ce à travers de nombreuses cultures humaines. Y compris dans la nôtre, où cette teinte symbolise l'interdit et du risqué (jusque dans les symboles de la circulation : sens interdit, feufeu tricolore, annonce d'un danger, etc.). C'est aussi la couleur du sang, qui, lors des grosses colères, s'accumule notamment au niveau de la tête et nous fait devenir tout rouge.

    Adam Fetterman, de l'université du Dakota du Nord (États-Unis), a voulu creuser la question : les personnes les plus agressives sont-elles celles qui préfèrent le rouge ? Autrement dit, les goûts pour les couleurs révèlent-ils une certaine psychologie ? Il semble que oui.

     Le rouge est la couleur de la colère et du combat. © Bring Back Words, Flickr, cc by 2.0
    Le rouge est la couleur de la colère et du combat. © Bring Back Words, Flickr, cc by 2.0

    L’étude : le rouge de la colère

    Cette recherche consiste en plusieurs petites expériences auprès de 376 étudiants. Dans un premier temps, on interrogeait les participants sur leur couleur préférée, avant de leur faire passer un test de personnalité. Ceux qui manifestaient le plus d'hostilité vis-à-vis de leurs pairs avaient tendance à préférer le rouge.

    Lors d'une deuxième épreuve, chacun était invité à observer une image où du rouge et du bleu délavés étaient mêlés, de telle sorte qu'aucune des deux couleurs ne prédomine sur l'autre. Pourtant, les auteurs ont demandé aux étudiants de définir laquelle des deux teintes était la plus représentée. Ceux qui ont répondu le rouge avaient globalement une personnalité 25 % plus hostile que leurs homologues manifestant plus d'intérêt pour le bleu.

    Enfin, pour couronner le tout, les scientifiques ont placé les participants dans plusieurs scénarios, dans lesquels ils devaient faire face à un danger et disposaient de diverses possibilités pour s'en sortir. Les personnes qui expliquaient vouloir se défendre plutôt que fuir étaient plus enclines à préférer... le rouge.

    L’œil extérieur : un héritage ancestral

    À la lueur de leurs expériences, les auteurs écrivent dans leur article que les pensées agressives sont implicitement associées à la couleur rouge, et donc les personnes pleines d'inimitié sont plus à même de percevoir cette teinte autour d'eux. L'hostilité fait donc voir la vie en rouge.

    Mais d'où viendrait cette particularité ? Les scientifiques pensent trouver la réponse dans notre passé. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, et peut-être même avant encore, ont dû apprendre à se méfier de ce qui est écarlate et ainsi l'associer au danger : des fruits toxiques, des insectesinsectes dangereux ou du sang qui coule, synonyme de blessure ou de mort. Cette symbolique serait si solidement ancrée dans nos esprits qu'elle altérerait encore notre perception du monde.

    Chronique Science décalée

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    Pourquoi une rubrique Science décalée ? Cette chronique hebdomadaire a pour ambition de montrer que la science peut aussi être drôle et inattendue, et surtout qu’elle brasse vraiment tous les domaines possibles et imaginables. Ainsi, on peut faire du sérieux avec du farfelu, et de l’humour avec des sujets à priori peu risibles. Chaque semaine donc, nous sélectionnons l’info la plus étrange ou surprenante pour vous la faire partager le dimanche, entre le fromage et le dessert.