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Le contact peau contre peau entre les bébés nés trop tôt et leurs mères permettrait d'accroître les chances de survie des prématurés. Pour le vérifier, des équipes des Harvard TT.H. Chan School of Public Health et du Boston Children's Hospital ont analysé ensemble les recherches consacrées aux effets de cette pratique dite « méthode mère kangouroukangourou » (MMK) sur la santé des nouveau-nés aux premiers jours de leur vie. La méthode MMK consiste à poser le bébé sur la poitrine ou le ventre de la mère. Elle est souvent pratiquée en même temps que l'allaitement.
Dans cette analyse, financée par l'initiative Saving Newborn Lives (SNL) de l'organisme américain Save the Children, l'équipe de chercheurs s'est penchée sur 124 études publiées entre 2000 et 2014. Certaines incluent l'allaitement dans leur définition de la MMK. Les scientifiques ont observé la réduction de la mortalité la plus significative dans les cas situés entre la prématurité et la naissance en sous-poids. Chez les prématurés pesant moins de 2.000 grammes et ayant bénéficié de la MMK, on observe une réduction de la mortalité de 36 %. Le risque d'infection majeure, notamment la dangereuse septicémie, se trouve par ailleurs réduit de 47 %.
Les bébés nés à terme et dont le poids à la naissance est plus élevé y trouvent également des avantages. Ceux qui ont bénéficié de la méthode MMK affichent des taux plus élevés d'oxygène, une meilleure régulation de la température corporelle et un accroissement de la circonférence de la tête. La MMK a également augmenté la probabilité du choix de l'allaitement (+ 50 %)).
Le contact peau contre peau entre le bébé et sa mère est bénéfique pour les prématurés mais aussi pour tous les nouveau-nés. © Annie Stoner, Flickr, CC by-nc-nd 2.0
Le contact avec la mère a des effets multiples
Si les résultats sont constatés de façon quasiment similaire dans tous les pays (à salaires bas, moyens ou élevés), les pays les plus riches disposent d'un meilleur accès aux technologies telles que les couveuses pour faire baisser la mortalité dans les cas de naissances à risques. Ce n'est pas toujours le cas dans les autres pays, où se produisent pourtant 99 % des morts néonatales, comme le soulignent les chercheurs. La méthode mère kangourou peut donc faire la différence dans ces régions.
« Si la MMK, ou peau contre peau, s'avère particulièrement utile pour les bébés nés en sous-poids là où les ressources médicales sont limitées, les pays développés et en voie de développement travaillent à la démocratisation de la pratique, bénéfique à tous les nouveau-nés et leurs mères », commente l'auteure principale Grace Chan. Membre du corps professoral du Boston Children's Hospital, elle enseigne également à la Harvard Chan School (Boston).
Des recherches réalisées en 2013 et publiées dans la revue Journal of Newborns & Infant Nursing Reviews montraient déjà que la MMK apportait beaucoup aux nouveau-nés. Susan Ludington-Hoe (Frances Payne Bolton School of Nursing, Case Western Reserve University) avait constaté que le bébé réagissait mieux face à sa mère que face aux infirmières. Dans les bras de sa mère, il ressent moins de douleur et de stressstress lors des procédures médicales.
Elle a aussi remarqué que les prématurés soumis à la méthode MMK dormaient mieux et ajustaient leur rythme cardiaque et leur température à ceux de leurs mères. Ils absorbent aussi les bénéfices immunitaires de la peau des mamans et affichent un meilleur développement cérébral que ceux qui ne bénéficiaient pas de cette pratique.