Des chercheurs ont découvert de nouvelles cellules immunitaires de type lymphocytes B. Elles sont présentes uniquement chez les nourrissons et constituent la cible privilégiée du virus de la bronchiolite. Voilà pourquoi les nourrissons sont plus touchés que les adultes par la maladie. Cette étude ouvre de nouvelles perspectives diagnostiques et thérapeutiques.

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    Première cause de consultation et d'hospitalisation dans les services de pédiatrie et en réanimation pédiatrique durant la période hivernale, la bronchiolite est une infection due au virus respiratoire syncytial (VRS), affectant les voies respiratoires basses. Sa gravitégravité est spécifique de l'âge du patient : alors que l'infection reste asymptomatique chez les adultes et les enfants de deux ans et plus, les nourrissons sont, eux, très sensibles au virus.

    Les nouveau-nés de moins de trois mois sont notamment les plus enclins à développer des bronchiolites très sévères, qui nécessitent une assistance respiratoire médicalisée en unité de soins intensifs. Il n'existe aucun vaccin ni traitement contre cette infection et, chaque année en France, près de 500.000 nourrissons de moins de deux ans contractent une bronchiolite.

    L'équipe de Richard Lo-Man, à l'Institut Pasteur (unité Histopathologie humaine), vient, dans ce cadre, d'identifier une population de lymphocytes B jamais décrits auparavant, présents uniquement chez les très jeunes enfants (moins d'un an) et que le virus VRS infecte préférentiellement.

    Le virus respiratoire syncytial (VRS), ici vu en microscopie électronique, est le principal responsable de la bronchiolite et des pneumonies chez les enfants de moins d'un an. Il ne mesure pas plus de 300 nm et a une forme variable. © E. L. Palmer, CDC, DP

    Le virus respiratoire syncytial (VRS), ici vu en microscopie électronique, est le principal responsable de la bronchiolite et des pneumonies chez les enfants de moins d'un an. Il ne mesure pas plus de 300 nm et a une forme variable. © E. L. Palmer, CDC, DP

    Comment le virus parvient-il à infecter les lymphocytes B ?

    Les lymphocytes B sont des cellules du système immunitaire. Ils jouent en général un rôle protecteur contre les infections : ils produisent des anticorpsanticorps capables de neutraliser des pathogènespathogènes attaquant l'organisme. En revanche, ceux découverts par les scientifiques ont des propriétés régulatrices qui tendent à réduire l'inflammationinflammation et la réponse immunitaire contre le virus. Le VRS, en infectant chez les nourrissons ces lymphocytes B particuliers -- baptisés nBreg (pour « lymphocytes B régulateurs néonataux ») --, les active et limite ainsi son élimination. Cela explique la sévérité accrue de la maladie.

    Les chercheurs ont plus précisément décrit un mécanisme par lequel le VRS infecte les lymphocytes nBreg. Celui-ci fait appel à un double système de reconnaissance entre le virus et la cellule immunitaire. La première reconnaissance se fait par contact entre une protéineprotéine à la surface du virus (protéine F) et un anticorps qui lui est spécifique, à la surface de la cellule nBreg. Elle a pour conséquence d'activer le lymphocyte, qui peut alors exprimer une autre moléculemolécule, CX3CR1, reconnaissant, elle, la protéine virale G. C'est à l'issue de ces deux étapes que les membranes du virus et de la cellule fusionnent, permettant la libération du matériel génétiquematériel génétique du virus dans le lymphocyte nBreg. En infectant cette cellule, le virus peut alors inhiber la réponse immunitaire antivirale, en exprimant les gènesgènes de la réponse anti-inflammatoireanti-inflammatoire. Grâce à ce mécanisme, le virus VRS utilise donc le système immunitaire du nourrisson pour se maintenir dans son hôte.

    « Notre travail explique les raisons sous-jacentes, longtemps méconnues, de la susceptibilité des nourrissons à la bronchiolite, commente Richard Lo-Man. En identifiant ces nouveaux lymphocytes nBreg comme biomarqueurs pronostiques de la sévérité de la maladie, il devrait permettre, à terme, de détecter à la naissance les terrains à risque et d'aider le corps médical à développer des traitements plus adaptés ».

    L'étude a été réalisée en collaboration avec l'équipe du professeur Pierre Tissières, à l'hôpital Bicêtre AP-HPHP (service de réanimation pédiatrique) et l'université Paris-Sud, ainsi qu'avec l'Institut Pasteur de Shanghai ; elle vient de paraître dans la prestigieuse revue Immunity.