On a tous une faim en regardant une publicité ou une image de nourriture sur internet. Pourtant, une nouvelle étude affirme que regarder des images d'aliments réduit la sensation de faim. Mais il faut regarder la même photo 30 fois !


au sommaire


    Visionner des aliments en photo pourrait être la base d'une nouvelle thérapie pour contrôler l'appétit (dans le sens de le diminuer) et donc perdre du poids à terme. La stratégie est un peu simpliste, mais mérite de la considération tellement l'appétit est difficile à maîtriser pour les personnes souhaitant perdre du poids. Le nombre de personnes en surpoids ou obèses est en augmentation dans le monde et les scientifiques cherchent des solutions à ce grand défi sanitaire.

    Être rassasié avec des images

    Or, les médias sociaux « débordent » de nourriture et ces contenus nous affectent forcément d'une manière ou d'une autre. « Au moment de la rédaction de cet article, environ 490 millions de posts InstagramInstagram étaient étiquetés avec "food" », indiquent les auteurs d'une nouvelle étude parue dans la revue Appetite. Une vaste méta-analyse récente a conclu que l'exposition visuelle à de l'alimentation peut stimuler et influencer le comportement alimentaire dans la même mesure que la nourriture réelle. Plus précisément, on pensait jusque-là que cette exposition avait tendance à réveiller notre faim. Mais cela a été remis en question par d'autres recherches récentes stipulant que la « consommation » répétée d'aliments imaginés peut, au contraire, faciliter la satiété et diminuer la prise alimentaire.

    La nouvelle étude de l'université d'Aarhus (Danemark) part de ce constat et examine également le nombre de répétitions nécessaires pour se sentir rassasié et la question de savoir si la variation des images efface le sentiment de satiété. Les chercheurs ont conduit trois expériences en ligne qui ont amené plus de 1 000 participants.

    Pour le premier test, les internautes ont regardé une photo de M&Ms orange, soit trois fois, soit trente fois. Le groupe le plus exposé aux images de M&Ms avait moins envie d'en consommer par la suite que l'autre groupe. Le test a été répété avec les mêmes confiseries mais avec toutes les couleurscouleurs (les goûts sont similaires), ce qui n'a rien changé aux résultats. Enfin, dans un dernier test, les chercheurs ont remplacé les M&Ms par des Skittles, dont les goûts diffèrent selon la couleur. « Nous n'avons pas trouvé d'effet majeur ici non plus. Cela suggère que d'autres paramètres que la couleur et la saveur doivent être modifiés avant que nous puissions observer un effet sur la satiété », explique le coauteur Tjark Andersen, qui a soutenu son doctorat au département des sciences alimentaires de l'université d'Aarhus.

    Vue d'ensemble des trois expériences et de leur contribution aux objectifs généraux. © Andersen, Byrne and Wang, <em>Appetite</em> (2022)
    Vue d'ensemble des trois expériences et de leur contribution aux objectifs généraux. © Andersen, Byrne and Wang, Appetite (2022)

    La théorie de la cognition ancrée

    Comment expliquer que le cerveau soit si facilement trompé par une alimentation imaginée ? L'appétit est fortement lié à la perception cognitive de la nourriture, ce que les scientifiques appellent la « cognitioncognition ancrée ». Selon cette théorie, les mêmes zones cérébrales sont stimulées, que vous imaginiez manger une confiserie ou que vous la mangiez réellement. « Vous recevrez une réponse physiologique à quelque chose que vous n'avez fait qu'imaginer. C'est pourquoi nous pouvons nous sentir pleinement satisfaits sans avoir mangé quoi que ce soit », déclare Tjark Andersen. Une nouvelle manière de perdre du poids ?