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    Face aux risques de prédation sur les troupeaux, plusieurs mesures de protection sont applicables : aide-berger, chienschiens « patous », parc de regroupement... Parallèlement, une démarche originale, soutenue par notre association, est mise en œuvre par son partenaire Ferus : «pastoraloup », l'écovolontariat aide-berger.

    Loup de Mckenzie. © Parc Animalier d'Auvergne, <em>Wikimedia commons</em>, CC by-sa 3.0

    Loup de Mckenzie. © Parc Animalier d'Auvergne, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0

    Au niveau associatif, Ferus propose une aide complémentaire aux programmes d'accompagnement mis en place par les pouvoirs publics. Par ses actions d'écovolontariat, le programme «Pastoraloup » apporte un soutien bénévole supplémentaire aux éleveurs et bergers dans le travail permanent de protection de leur troupeau.

    Image du site Futura Sciences

    Depuis 1999, Ferus sélectionne, parmi ses adhérents et le grand public, des candidats sensibilisés à la problématique prédateur - pastoralisme. Avant leur mission, les personnes retenues suivent un stage de formation d'une semaine. Une sorte d'initiation à la vie pastorale durant laquelle ils découvrent la vie en alpage et les principes de l'élevage. C'est aussi un moment de rencontre et d'échanges avec différents acteurs concernés par le retour du loup. À l'issue de ce stage, les écovolontaires se succèdent chez les éleveurs et bergers partenaires pour des périodes de 2 à 3 semaines en moyenne.

    Sur les exploitations ou en estive, ils participent à la surveillance permanente des ovins ou caprins et aux diverses tâches et travaux liés à la protection du cheptel. Les écovolontaires sont un renfortrenfort pour l'éleveur, le berger ou l'aide-berger déjà présent sur l'exploitation. Ils découvrent la réalité du terrain : protéger un troupeau contre un prédateur n'est pas simple, même avec de la volonté et des moyens. Les éleveurs sont, de leur côté, sensibilisés au devenir écologique du milieu qu'ils exploitent et au rôle qu'ils peuvent y jouer.

    En 2004, de mai à fin octobre, une quarantaine de personnes volontaires ont pu ainsi apporter leur soutien à une quinzaine d'éleveurs partenaires, principalement dans les Alpes du sud sur des zones de présence permanente du loup. Durant leur mission, les écovolontaires ont été satisfaits de vivre cette réalité du terrain et mieux connaître «le métier».

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    Face aux prédateurs, certains ont vécu des nuits agitées, d'autres ont vu ou entendu l'animal dans l'alpage et ont pu ressentir l'angoisse et l'impuissance que cette proximité, parfois inquiétante, génère. Le milieu naturel et humain dans lequel ils étaient immergés ne les a jamais laissés indifférents. Tous ont finalement jugé positives cette occasion de rencontre et leur modeste mais bien réelle contribution à la cohabitation homme - grand prédateur. Au-delà de l'appui technique aux éleveurs et bergers, l'intérêt du programme d'écovolontariat réside aussi dans l'expérience humaine, la rencontre et le rapprochement de deux mondes que l'on dit opposés : les «écolos citadins » et les « ruraux ». Bien que toujours un peu sceptiques, les éleveurs, surpris au début, sont ensuite séduits par ces écolos un peu particuliers ! Ils apprécient bien sûr le « coup de main », et peut-être plus encore l'aventure humaine ainsi que le « soutien moral » qu'ils peuvent leur apporter.

    Pas facile d'être écolovolontaire

    Mardi 22 juin: réveil comme hier, puis départ pour la bergerie de JF pour prendre une douche...La première depuis longtemps... Retour au camp après 1500 mètres de dénivelé, une douche, une lessive et un repas. Les œufs et les pâtes figurent bien souvent au menu. Pas un régime très varié donc...

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    Vers 5 heures, retour de Jérôme : nous finissons de déblayer le parc à la tronçonneuse. Pour l'installation du parc de regroupement, il a fallu placer des isolateurs
    sur les piquets... Les piquets sont en fibre de verre et il faut tordre les isolateurs en métal pour pouvoir les installer. Après en avoir mis une dizaine, on a les doigts en compote et plein d'échardes. Il a aussi fallu amener une lourde batterie au plomb. Pour la toilette et la vaisselle, j'ai dû monter de l'eau depuis les réservoirs jusqu'au campement. Le ramassage et le parcage des brebis se fait dans le brouillardbrouillard.

    Vers 10h, Jérôme s'aperçoit qu'il manque une chèvre, celle qui était enceinte. Il pense qu'elle a mis bas. Il me demande d'aller la chercher le lendemain matin. Il pense l'avoir entendue vers la lisièrelisière de la forêt, tout en haut. Personnellement, je n'entendais strictement rien. Après une soupe aux nouilles à la cabane du Lugo, je remonte (comme la veille ) vers 11 heures, éclairé par la lampe à pétrole.

    © WWF - Guy Marc Chevalier

    © WWF - Guy Marc Chevalier

    À la fin de la journée,le brouillard arrive. «Un temps à loup»,ils profitent en effet de la mauvaise visibilité pour contourner les patous. Dans le parc, quelques agneaux se frottent aux 6000 volts du parc. Jérôme semble avoir déjà eu pas mal d'échauffourées avec le loup : il a une pile d'environ 300 constats chez lui. Il m'explique que les pertes immédiates sont largement remboursées, mais qu'il faut néanmoins deux ans à une agnelle pour être adulte.

    Le problème du loup est qu'il ne se contente pas de piquer une brebis de temps en temps : il en tue toujours plusieurs (et n'en mange qu'une) et crée des paniques qui aboutissent parfois à des suicides collectifs. Un jour, Jérôme à trouvé 25 de ses brebis mortes dans un éboulis et plusieurs tuées en haut de celui-ci... Dans ces cas-là, en tant que pro-loup, on se tait...

    Comment devenir écovolontaire ?

    Si, vous aussi, vous désirez protéger les loups en aidant les bergers, n'hésitez pas ! Pour participer il vous faut :

    -- Posséder une capacité physique suffisante pour marcher tous les jours, suivant des dénivelés et des conditions météorologiques parfois difficiles.

    -- Avoir une forte motivation et un réel intérêt pour la
    problématique loup-pastoralisme.

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    -- Savoir-vivre en groupe tout en supportant la solitude et la rusticité.

    -- Etre capable d'écoute et d'ouverture d'esprit pour évoluer dans un milieu conflictuel où vos opinions ne seront pas toujours partagées.

    -- Le recrutement se fait sur dossier d'inscription et, si besoin, entretien téléphonique, par un comité de sélection composé de professionnels de l'élevage ovin et d'associatifs. Les bénévoles retenus suivent un stage d'initiation à la vie pastorale d'une semaine, où ils découvrent la vie en montagne avec un troupeau et rencontrent différents acteurs du dossier «loup» (éleveurs, bergers, programme Life...) Une participation financière d'environ 70€ est demandée.

    -- Chaque écovolontaire part ensuite, généralement pour 3 semaines d'estive chez un éleveur partenaire, principalement entre mai et novembre. Le bénévole est nourri et logé par l'éleveur ou le berger (les bénévoles dorment souvent sous tente mais ils ont toujours un pied à terre pour se reposer, se réchauffer...).

    -- Vous aussi tentez l'expérience et contactez :

    Jean-Luc Borelli coordonnateur de Pastoraloup
    06 84 75 05 13
    lulu.bo@club-internet