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    Les femelles de la majorité des espècesespèces d'insectesinsectes parasitoïdesparasitoïdes meurent avant de pouvoir pondre tout leurs descendants. Dans ce cas, le facteur limitant la reproduction est donc leur durée de vie au cours de laquelle elles doivent optimiser le nombre de descendants qu'elles vont pouvoir pondre. Pour ces espèces, la gestion du temps disponible est donc cruciale et, au cours des générations, les femelles ont donc très probablement due développer des stratégies comportementales élaborées dans ce but.

    Il se trouve que les hôtes de la majorité des parasitoïdes - et notamment les ravageurs des cultures que l'on cherche à contrôler - présentent dans la nature une distribution spatiale en agrégats séparés les uns des autres par une distance parfois élevée. Face à cette situation écologique particulière, les femelles doivent optimiser leur temps de séjour sur chaque agrégat d'hôtes avant de partir en chercher un autre. En effet, une stratégie qui consisterait par exemple à rester très peu de temps par agrégat et à ne se contenter dans chacun d'eux que de l'attaque d'un ou de deux hôtes pour partir ensuite prospecter un autre agrégat, ne serait probablement pas optimale car l'essentiel du temps investi sera consacré aux déplacements entre agrégats.

    Réciproquement, passer un temps très long sur chaque agrégat afin de s'assurer la découverte de tous les hôtes présents risque également de ne pas être une stratégie optimale, car les femelles devront alors y passer beaucoup de temps pour trouver les quelques derniers hôtes restant à découvrir.

    Ce problème a été l'objet de nombreuses études aussi bien théoriques qu'expérimentales. Rapidement, il est possible aujourd'hui de prédire grâce à des outils mathématiques le temps que devraient investir les femelles sur chaque agrégat de leurs hôtes selon les conditions environnementales dans lesquelles elles se trouvent. Ces prédictions sont le plus souvent effectivement observées sur de vraies femelles au cours d'expérimentations.

    Le temps investi par les femelles parasitoïdes sur chaque agrégat d'hôtes est impliqué dans leur efficacité en tant qu'agents de lutte biologique. Par exemple, si à la suite d'un lâcher de lutte biologique, une femelle « décide » d'abandonner un agrégat non complètement exploité, certains ravageurs pourront subsister et la plante que l'on cherche à protéger risquera de subir d'importants dégâts. Par ailleurs, le temps de séjour sur chaque agrégat est également directement lié à la capacité de dispersion des femelles (i.e., plus le temps de visite sera long, moins elles se disperseront) et donc à leur capacité à couvrir la culture à protéger. Ainsi, une compréhension fine des décisions comportementales prises par les femelles parasitoïdes pour la gestion de leur temps sur les agrégats de leurs hôtes s'avère indispensable pour optimiser le contrôle des ravageurs de cultures dans un contexte de lutte biologique à l'aide d'insectes parasitoïdes.