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    Après trois mois de gestationgestation, la femelle met bas deux ou trois chatons d'à peine plus de 500 g. Ils naissent dans une tanière qu'elle a installée dans une grotte, au fond d'une anfractuosité rocheuse, ou encore dans un arbrearbre creux. Sachant la vulnérabilité de ses tout-petits, elle les déplace souvent vers d'autres cachettes afin de brouiller les pistes des prédateurs.

    Mère léopard et son petit. © Makeenosman,<em> Wikimedia commons</em>, CC by-sa 3.0

    Mère léopard et son petit. © Makeenosman, Wikimedia commons, CC by-sa 3.0

    Les petits léopardsléopards demeurent cachés entre six et huit semaines, mais lorsqu'ils sortent, ils ne sont pas, comme chez les lionslions, présentés au reste d'une troupe qui veillera sur eux. Ils ne connaissent que leur mère et devront lui obéir sagement s'ils veulent survivre dans la brousse hostile. Lorsqu'elle s'absente pour aller chasser, et bien qu'ils restent soigneusement blottis au fond de leur repaire, ils ne sont jamais totalement à l'abri des hyènes, des lions bien sûr, mais aussi des chacalschacals et même de certains rapacesrapaces. La moitié des petits léopards n'atteint pas l'âge d'un an et au-delà, plus d'un tiers des survivants meurent avant 3 ans et demi.

    Cela explique sans doute pourquoi j'ai si rarement pu observer les rejetons de mon félinfélin préféré. Vers deux ou trois mois, les chatons sont sevrés, ils mangent de la viande et surtout commencent à accompagner leur mère à la chasse. Observateurs assidus, ils sont capables un ou deux mois plus tard de tuer leurs premières proies. Certes modestes, il s'agit de petits animaux, mais il faut bien apprendre ! À ce moment, le caractère solitaire du léopard commence à se dessiner et la personnalité de chacun s'affirme, laissant toujours la place à un dominant que l'on reconnaît souvent à sa grande taille. Plus prompt à défendre son repas qu'il ne souhaite plus partager, il grandit plus vite que ses frère et sœur.

    <em>Tous droits réservés - Crédit : Alain Pons</em>

    Tous droits réservés - Crédit : Alain Pons

    Difficile à imaginer lorsqu'on les voit chahuter entre eux ou s'amuser ensemble de la découverte de leur environnement, surpris d'un souffle de ventvent sur des graminéesgraminées ou apeurés par des insectesinsectes. Difficile encore à croire lorsqu'on observe le contact permanent qu'ils entretiennent entre eux et avec leur mère, les marques d'affection qu'ils se témoignent avec cette sensualité unique qui n'appartient qu'aux félins. J'ai eu l'occasion incroyable de passer plusieurs jours en compagnie d'une famille de trois léopards : une mère et ses deux jeunes, un mâle et une femelle. Les jeunes, presque aussi gros que leur mère, étaient très proches de l'émancipation qui intervient en général vers 18 mois.

    Cependant, malgré leur âge, ils ne cessaient de se lécher et de se frotter mutuellement avec une douceur et une tendresse presque étonnantes pour des animaux quasiment adultes face à leur mère visiblement vieillissante, et pourtant encore très attentionnée. Je les ai vus jouer aussi. Ils couraient, se dressaient l'un contre l'autre, s'agrippaient et roulaient-boulaient, mêlant leur pelage de feu dans la lumineuse poussière dorée du matin. Mais un jour, il en a été fini de ces joutes fraternelles, car peu de temps après, la mère a dû les chasser. À nouveau en chaleur, il fallait faire place à un compagnon pour entamer un nouveau cycle de reproduction. Le dernier sans doute, car cette femelle, que je pouvais facilement identifier grâce à ses oreilles râpées, me semblait bien âgée.