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    En utilisant ces relevés individuels sur 47 années (1961-2007), nous avons montré que durant cette période, les mésanges ont avancé leurs dates de ponte en moyenne de 14 jours. Les données sur l'abondance de nourriture dans la forêt nous ont permis de montrer par ailleurs que ces 14 jours correspondent à l'avancement de la présence des chenilles dans les boisbois. Ainsi, malgré un réchauffement important de leur environnement au cours des dernières décennies, et un « avancement » du printemps, les mésanges ont su en moyenne avancer leurs dates de reproduction pour assurer la croissance de leurs oisillons.

    Jeune mésange. © Solluh, Pixabay, DP

    Jeune mésange. © Solluh, Pixabay, DP
     <br />Un oisillon de mésange charbonnière qui va bientôt s’envoler vers son indépendance © Teddy Wilkin
     
    Un oisillon de mésange charbonnière qui va bientôt s’envoler vers son indépendance © Teddy Wilkin

    Une adaptation de la période de ponte grâce à des indices environnementaux

    Grâce à l'identification individuelle par baguage des mésanges charbonnièresmésanges charbonnières nichant dans le bois de Wytham, sur près de 10.000 événements de reproduction, notre étude des mésanges charbonnières a pu mettre en évidence que cette adaptation est le fait d'ajustements individuels et non pas de microévolution. Chaque femelle a donc la capacité de changer sa date de ponte d'une année sur l'autre, en fonction d'indices donnés par son environnement pour prédire la date de disponibilité de la nourriture.

    Ces indices font toujours l'objet de recherche, mais il est aujourd'hui clair qu'il s'agit non pas d'un indice unique et simple, mais plus probablement d'une combinaison de facteurs. La mésange décide en effet de sa date de ponte sur la base d'une mesure combinée de : 

    • la température ;
    • la luminositéluminosité ;
    • la pluviométrie ;
    • la longueur du jour ;
    • et certainement d'autres facteurs encore.

    Une adaptabilité commune pour les mésanges de Wytham

    Étonnamment, la population de Wytham semble présenter peu de variation dans la plasticité pour répondre aux changements annuels de température : toutes les femelles montrent de manière homogène une certaine capacité d'avancement de leur date de ponte lors des années plus chaudes.

    Nourrissage © Goudron 92 Creative Commons Attribution ShareAlike 3.0

    Nourrissage © Goudron 92 Creative Commons Attribution ShareAlike 3.0

    Cette adaptation fine du comportement a permis à la population de mésanges de Wytham un ajustement en temps réel aux augmentations importantes de température, et par là même, de conserver une très bonne croissance, les effectifs de mésanges ayant d'ailleurs doublé dans l'intervalle de cette étude.

    Une adaptabilité variable pour les mésanges des Pays-bas

    Ces résultats forment un contrastecontraste surprenant avec une étude précédente dans une population néerlandaise de mésanges charbonnières. Aux Pays-Bas, la plasticité est très variable entre les femelles, et dans l'ensemble, ne permet pas un ajustement global, résultant en des effectifs en décroissance. L'origine de ces différences dans l'adaptabilité du comportement pourrait résider dans les indices (tels que la température) qu'utilisent les mésanges pour synchroniser leur reproduction avec leur environnement.

    Une adaptation certainement pas suffisante

    Il reste cependant probable que cette étonnante plasticité ne soit pas suffisante pour faire face à une augmentation continuelle des températures et que sur le long terme, ces oiseaux souffrent d'un décalage temporel entre leur reproduction et l'abondance de leurs proies, tel qu'il a déjà été observé, notamment aux Pays-Bas où les mésanges charbonnières sont en déclin.

    Nous envisageons d'étendre cette étude à d'autres populations européennes pour comprendre l'origine de ces indices "corrects" (comme à Wytham) ou "trompeurs'"(comme aux Pays-Bas).