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    Introduction

    Introduction

    La PaléontologiePaléontologie désigne la discipline qui étudie les fossilesfossiles, c'est-à-dire les restes des êtres vivants du passé, tels qu'on les trouve enfouis dans les roches ou les sédimentssédiments géologiques.

    Il est toujours délicat de situer la naissance d'une discipline à une date précise, dans la mesure où un tel avènement ne constitue pas un événement simple. De nombreux savants s'intéressaient déjà, au cours du dix-huitième siècle, aux "médailles" de la création que représentaient les restes fossilisés des êtres des temps géologiques. On commençait à concevoir l'immense durée de ce passé, et à en considérer le début comme plongeant véritablement dans "la nuit des temps"!

    <em>Cuvier</em>

    Cuvier

    Mais il y a un moment où la Paléontologie prend sa place parmi les autres disciplines scientifiques. Deux grands savants apparaissent, qui font reconnaître son existence, et qui, en quelque sorte, en sont les fondateurs. Ce moment, ce sont les années de la fin du dix-huitième siècle et du début du dix-neuvième ; les savants, c'est, d'une part, Cuvier (1769-1832), fondateur de la paléontologie des VertébrésVertébrés (170 espècesespèces fossiles), qu'il utilise pour fonder sa théorie du Catastrophisme ; et c'est d'autre part, Lamarck (1744-1829) fondateur de la paléontologie des InvertébrésInvertébrés (plus de 1000 espèces fossiles), parmi lesquels il prend ses "pièces justificatives", comme il les appelle, pour fonder sa théorie du Transformisme.

    Tant qu'une discipline n'a pas encore d'état civil, il est difficile de dire qu'elle existe vraiment .... ,tout comme un être vivant ne peut être considéré comme existant aux yeuxyeux de ses semblables tant qu'il est anonyme dans la foule. La réalité peut cependant être identifiée avant que d'être désignée par un vocable et ce fut le cas de la Paléontologie, car les restes de plantes et d'animaux avaient depuis des siècles attiré l'attention des naturalistes. Mais la naissance conceptuelle ne précède jamais de longtemps l'appellation officialisée, du fait que les faits nouveaux appréhendés réclament très rapidement de pouvoir être reconnus et définis nommément.

    Ce n'est pas un hasard par conséquent si le besoin se soit fait sentir très rapidement d'un qualificatif précis et inconfusible pour nommer la discipline qui avait été fondée au tournant du dix-huitième et du dix-neuvième siècles. C'est en 1822 que le paléontologiste français Henri Ducrotay de Blainville (1777-1850), après quelques essais insatisfaisants, donna à cette nouvelle science le nom qui lui est resté depuis. Il avait déjà proposé "Palaeozoologie", puis "Palaeosomiologie", termes trop peu précis pour le premier (il n'incluait pas les végétaux fossiles), trop rébarbatif pour le second. Celui de "Palaeontologie", qu'il proposa en 1822 comme nom à donner "à la partie de la science qui traite des fossiles", eut plus de succès, car il fut immédiatement adopté par ses collègues sous la forme de "paléontologie".

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    Une autre observation s'impose à la lecture de cette proposition de de Blainville : elle concerne l'utilisation du terme "fossile". Le mot existait déjà depuis longtemps, car on le trouve (en français, pour ne pas parler du latin fossilis), chez Bernard Palissy (v.1510-1589 ou 1590). Mais son emploi n'avait pas la précision qu'il a de nos jours. Il servait à désigner tout ce qu'on pouvait trouver dans le sol, "les matières pour lesquelles recouvrer faut creuser la terre", comme l'écrivait en 1580 celui que Fontenelle devait appeler le " potier de génie".
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    Ce n'est pas un hasard non plus si un paléontologuepaléontologue éprouva le besoin, en 1802, de préciser la signification de ce terme, en resserrant sa définition aux seuls restes des êtres vivants : "Je donne le nom de fossile", écrit Lamarck, "aux dépouilles des corps vivans altérés par leur long séjour dans la terre ou sous les eaux, mais dont la forme et l'organisme sont encore reconnoissables". Ce recentrement du concept venait lui aussi tellement bien à son heure, qu'il passa immédiatement dans la pratique et le vocabulaire des savants qui s'occupaient du passé de la terre et de la vie

    Par son origine, la Paléontologie est liée à la GéologieGéologie, puisque ce sont les roches anciennes qui fournissent les fossiles. A leur mort, la plus grande partie des êtres vivants se décomposent et disparaissent dans le sein de la terre. Il arrive cependant, dans certains cas particuliers, que les restes organiques, surtout les parties les plus dures, se trouvent enfouis dans des dépôts qui les conservent. C'est un phénomène contingent, qui a pu se passer dès les temps les plus anciens de l'histoire de la terre. On a ainsi des fossiles qui remontent à plusieurs centaines de millions d'années. Il est évident cependant que plus les temps sont éloignés du présent, et moins il y a de chances que les restes fossiles aient pu se conserver jusqu'à nous. La durée joue en effet toujours dans le sens de la destruction définitive de toutes les traces du passé.

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    Mais l'on continue à découvrir des gisementsgisements de plus en plus anciens, et pas seulement des parties dures. On a ainsi découvert des restes fossiles d'Invertébrés aussi inconsistants physiquement que peuvent l'être des MédusesMéduses. Les dépôts qui les ont ensevelis ont commencé, bien entendu, par se présenter sous la forme de boues très fines, et ce sont les empreintes que ces animaux ont laissées dans le matériel meuble qui reproduisent la forme de ces Invertébrés anciens.

    Les restes les plus reculés de Vertébrés ou d'Invertébrés ne consistent évidemment plus en os ni en parties organiques. Ces fossiles anciens sont entièrement pétrifiés, c'est-à-dire que ce sont vraiment des "pierres". La "pétrificationpétrification" - c'est ainsi qu'on appelle ce processus - a en effet remplacé les matières organiques du corps des animaux par des particules minérales, selon un cheminement chimique qui n'a pas encore été entièrement élucidé. L'être vivant dont on recueille les restes est ainsi doublement mort : non seulement il n'est plus vivant, mais il n'est même plus un cadavre d'animal. Cependant, grâce à la finesse du processus de "pétrification", les caractères morphologiques de l'animal vivant peuvent se trouver exprimés et reconnaissables dans les témoins qui nous sont livrés par les fouilles qui les font sortir de leur gangue. Non seulement la forme extérieure, mais même les éléments intérieurs de la bête ou de la plante, se retrouvent dans les dessins reproduits minéralogiquement dans les fossiles.