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    200 ans d'histoire

    200 ans d'histoire

    • De l'acier à l'ocreocre

    Bien avant la colonisation romaine les premiers habitants avaient déjà compris l'intérêt des gisementsgisements d'ocre, pour l'art corporel ou pariétal mais aussi et surtout pour le fer contenu dans ses roches. En effet ces gisements recèlent d'énormes quantités de mineraiminerai ferrugineux qui sera fondu dans les premiers « bas fourneaux » de l'antiquité. Exploité de manière intermittente jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, le minerai de Rustrel conduira à l'essor économique et industriel de la vallée du Calavon.

    Dans les années 1850, aciéries et laminoirs permettront la production d'acier. L'exploitation des forêts pour la production de combustible s'intensifiera au point de désertifier le plateau du Vaucluse et le mont Ventoux qui, lui, sera complètement mis à nu. Mais l'acier vauclusien restera de piètre qualité et en l'absence d'un développement judicieux des moyens de communication, la région connaîtra sa première crise sidérurgique.

    Bien connu depuis la haute antiquité, le pouvoir colorant de l'ocre ne sera véritablement exploité en tant que tel qu'à partir des années 1780, notamment sous l'impulsion de Jean-Etienne Astier qui découvrira la stabilité et l'inaltérabilité de l'ocre dans les peintures. Il faudra presque un siècle encore, pour que l'extraction et le raffinage de l'ocre atteignent le stade industriel et développent ainsi l'économie du pays d'Apt, au moment même de l'effondrementeffondrement de la production d'acier. Avec le dix-neuvième siècle l'ocre connaîtra son âge d'or, l'exploitation se rationalisera et de nombreuses mines et carrières s'ouvriront. Un commerce florissant s'étendra vers les marchés américain puis russe : la richesse économique touchera enfin le pays. En 1890, 20000 tonnes d'ocres seront produites et le double en 1930. Mais la crise de 1929, puis la seconde guerre mondiale et l'arrivée des colorants artificiels, signeront la fin de cette époque glorieuse. Pourtant le commerce de l'ocre ne s'est jamais totalement éteint puisque, aujourd'hui encore, 1000 tonnes d'ocre sont fabriquées chaque année à Apt.

    • Une vie en ocre

    « De sang et d'or », telle est la maxime qui s'affiche encore à l'entrée du pays de Roussillon. L'ocre a apporté richesse et prospérité durant presque un siècle, mais il a été aussi la source de querelles, de luttes et de tragédies. Un ocrier aux dix-neuvième et vingtième siècles était, avant tout, un mineur de fond. Dans les galeries ces hommes travaillèrent longtemps à la pioche et à la pelle, transportant le minerai à la brouette sans autre moyen moderne d'extraction.

    L'ocre fera certes la fortune des paysans-mineurs, mais les accidentsaccidents du travail feront beaucoup de victimes. Effondrements de galeries non étayées, mauvais dynamitages, airair vicié et silicosessilicoses, constitueront les risques du métier des années 1900 .

    La carrière d'ocre souterraine<br />Crédits photos - tous droits réservés -  Patrice VISIELOFF, TERRE ET VOLCANS.

    La carrière d'ocre souterraine
    Crédits photos - tous droits réservés - Patrice VISIELOFF, TERRE ET VOLCANS.

    Les pollutions dues aux poussières d'ocre empoisonnaient la vie des habitants de Roussillon. Des plaintes contre les exploitants furent déposées dès les années 1800. Les cours d'eau étaient envahis par les sablessables de lavage, empêchant ainsi leur bon écoulement. Le travail et le transport des pigmentspigments empoussiéraient l'atmosphèreatmosphère des villages, ce qui apportait beaucoup de nuisancesnuisances aux ménagères de l'époque !