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    Ces premiers résultats montrent que les prévisions du scénario ARPEGE-B2 de MétéoMétéo-France pourraient conduire à de fortes évolutions des aires potentielles de distribution des essences. Malgré un scénario plutôt «optimiste» de l'évolution du climatclimat au cours du siècle à venir nous pourrions assister à de profondes modifications de nos paysages.

    Le modèle climatiquemodèle climatique utilisé ici prévoit une augmentation moyenne des températures de +2,5°C en 2100, alors que la gamme de variation de l'ensemble des modèles actuellement disponibles s'étend de +1,4°C à +5,8°C. A titre de comparaison, les températures minimales de l'été 2003 ont été supérieures de 3,5°C par rapport à la moyenne 1950-1980.

    Cependant, les exemples présentés ici ne sont pas des prévisions. Même si la qualité des modèles climatiques ne cesse d'augmenter, il existe de grosses incertitudes en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre pour les décennies à venir. Quelle sera la population mondiale ? Quel sera le développement économique ? Quels seront les choix énergétiques ? Les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphèreatmosphère étant un facteur de forçage important du système climatique, on soupçonne assez facilement que les évolutions possibles du climat restent très dépendantes de nos actions volontaristes ou non dans le domaine de la réduction des émissions.

    En admettant que le climat de 2100 respecte le scénario ARPEGE-B2, ces résultats ne seraient pas non plus une prévision pour nos forêts car il reste encore beaucoup d'incertitudes sur le comportement des essences : seront-elles capables de s'adapter à la compétition avec de nouvelles espècesespèces herbacées ou ligneuses ? Quels seront les équilibres avec les nouveaux cortèges de pathogènespathogènes et de symbiotes ? Quel rôle jouera la variabilité génétiquegénétique qui est très importante chez les arbresarbres forestiers ?

    De façon plus pragmatique, quelles seront les capacités des différentes espèces à coloniser de nouvelles niches climatiques ? On connaît assez bien la dynamique des recolonisations postglaciaires, mais elles se sont faites à un pas de temps de plusieurs milliers d'années dans des paysages n'offrant pas de contraintes particulières à la progression des espèces. Il a fallu par exemple 2 000 ans aux chênes pour traverser la France du Sud vers le Nord. Les espèces herbacées caractéristiques des forêts anciennes migrent à des vitesses extrêmement lentes (de l'ordre d'une trentaine de mètres par siècle). Or, le délai envisagé au cours du siècle à venir n'est pas de quelques milliers d'années mais de quelques dizaines d'années voire de quelques années ; un pas de temps qui reste inférieur à la durée de vie d'un arbre.

    Que se passera-t-il si une essence forestière ne peut plus survivre dans sa niche climatique actuelle ? Doit-on s'attendre à des vaguesvagues de dépérissements massifs dans nos forêts ou bien assisterons-nous à une mortalité plus diffuse et progressive des arbres les moins bien adaptés ?

    Des recherches sont en cours pour améliorer nos connaissances à la fois par des approches expérimentales et des analyses de terrain à petite et grande échelle. Ces recherches sont pluridisciplinaires ; associant les climatologuesclimatologues, les écologuesécologues, les écophysiologistes, les généticiensgénéticiens et les forestiers. Mais si beaucoup de choses restent à faire, nos résultats montrent d'hors et déjà qu'il est urgent d'engager une réflexion approfondie sur les enjeux des changements globaux pour la foresterie française.