Les glaciers tropicaux ne sont pas des glaciers tout à fait comme les autres. L'étude physique des processus d'ablation en surface (fonte + sublimation) révèlent l'importance des flux radiatifs et leur sensibilité aux conditions de surface du glacier.
Contrairement aux glaciers des Alpes où à un
hiver froid et neigeux (où l'ablation est nulle et l'accumulation maximale) succède un été chaud où la température permet la fonte jusqu'à haute altitude (4000 m et plus),
les glaciers sous les tropiques connaissent des conditions propices à la fonte tous les jours de l'année dans leur partie basse. De plus, l'accumulation se fait pendant la (les)
saison(s) humide(s), la(es)quelle(s) correspond(ent) aux périodes de l'année où l'apport radiatif est maximum (
soleil au
zénith). Aussi, une baisse des
précipitations ou leur changement de phase (pluie au lieu de neige sur le glacier, suite à un réchauffement) se traduit immanquablement par une augmentation importante de la fonte Comment est-ce possible ?
Simplement par le biais du pouvoir qu'à la surface du sol de réfléchir la radiation solaire incidente : quand celle-ci est particulièrement forte, comme sous les tropiques et à haute altitude, plus sa part réfléchie vers l'atmosphère est importante (cas de la neige fraîche), plus forte est la quantité d'énergie perdue pour l'ablation, et inversement, plus la surface du glacier absorbe cette énergie (cas de la neige sale, datant de plusieurs jours ou de la glace), plus la fonte risque d'être élevée. Ce pouvoir réfléchissant qu'a une surface s'appelle l'albedo (il atteint idéalement la valeur de 1 quand tout le rayonnement est réfléchi). Les précipitations ne représentent donc pas seulement un apport solide qui intègre le glacier sous forme de glace dans sa partie haute, mais elles agissent aussi sur l'ablation par feed back, dans un sens positif ou négatif selon qu'elles se font sous forme de neige ou de pluie.
Par ailleurs, la part de la fonte dans l'ablation est variable et fortement dépendante de l'état de l'atmosphère au-dessus du glacier : si celle-ci est sèche et ventée, une bonne quantité de l'énergie est consommée par la sublimation (passage direct du solide à la vapeur), par contre si l'air est humide (« saturé d'eau ») et peu agité, l'énergie alimente la fonte, et comme la fonte consomme beaucoup moins d'énergie que la sublimation (presque 8 fois moins), la fonte est un processus d'ablation nettement plus efficace.