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    La diversité climatique constatée entre les civilisations masque un dénominateur commun bien réel : le stressstress climatique. Pour le déceler, on va avancer une hypothèse : une société n'est pas motivée à faire preuve d'innovation si l'environnement ne lui propose pas d'aiguillon. En particulier, c'est le spectre des famines qui invite à domestiquer la nature pour augmenter l'abondance de nourriture. 

    L’Inde est un bel exemple de région présentant une alternance de saisons sèches et humides très marquée (Asie des moussons). Elle doit faire face à un stress climatique fréquent. En photo : le Taj Mahal, Agra, Inde. © Mailanmahik, Pixabay, DP
    L’Inde est un bel exemple de région présentant une alternance de saisons sèches et humides très marquée (Asie des moussons). Elle doit faire face à un stress climatique fréquent. En photo : le Taj Mahal, Agra, Inde. © Mailanmahik, Pixabay, DP

    Les facteurs du stress climatique

    On peut recenser au moins deux facteurs climatiques influençant ce « stress environnemental ».

    • Les régions présentant une forte variabilité dans les précipitations annuellesannuelles connaissent un stress hydriquestress hydrique très fort : un retard ou une avance de la saisonsaison des pluies peut avoir des conséquences catastrophiques. Cette caractéristique climatique pourrait être un puissant moteur pour les innovations.
    • Les régions chaudes et humides tendent à favoriser la propagation des maladies, notamment par le biais du moustique (c'est l'une des causes majeures de décès dans le monde encore aujourd'hui). Si ce sont les maladies qui pilotent la démographie au lieu des famines, la notion de stress environnemental poussant à l'innovation disparaît.

    Facteurs climatiques des créations de civilisations 

    À partir de ces réflexions, l'étude menée dans Les civilisations à l’épreuve du climat isole trois facteurs climatiques dont la présence conjointe pourrait constituer un moteur majeur dans la transition vers l'histoire :

    • une quantité annuelle de précipitationsprécipitations suffisante (> 500 mm) ;
    • des températures hivernales assez faibles (< 13 °C) ;
    • un rapport de précipitations entre saison humide et saison sèche suffisant (> 12).

    On aboutit ainsi à la carte climatique ci-dessous, superposée à la carte des premiers foyers de civilisation.

    Chaque foyer climatique a entraîné la naissance de civilisations. © Vincent Boqueho
    Chaque foyer climatique a entraîné la naissance de civilisations. © Vincent Boqueho

    L'analogieanalogie est presque parfaite : aucune civilisation autonome n'a jamais émergé à l'écart de l'un des foyers climatiques mis en avant. Et à l'inverse, tous les foyers climatiques ont bel et bien entraîné l'émergenceémergence d'une civilisation. Il existe une seule exception, située autour de la frontière sino-birmane : c'est la seule zone qui ne jouxte ni plaine ni plateau. Cela a sans doute empêché l'unité géographique indispensable à l'essor d'une civilisation : de fait, partout ailleurs dans le monde, les civilisations se sont développées dans les zones planes bordant les foyers climatiques.

    Ces constats tendent à confirmer que la naissance de l'Histoire a répondu à un fort déterminisme climatique : la diversité rencontrée dans le développement des différentes régions du monde n'apparaît en aucun cas comme aléatoire.