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    Déjà deux semaines d'éruption sur le Mauna Loa. L'éruption a fini par se stabiliser sur la fissure 3, après l'extinction de la fissure 4 le 3 décembre dernier. L'activité des fontaines de lave a continué jusqu'en fin de semaine dernière avec une hauteur variable, de 30 à 80 mètres de haut environ, et a construit un cônecône éruptif qui entoure ces évents actifs. De forme allongée, d'une hauteur d'environ 50 m, ce cône est ouvert vers le nord-est, là où la lavelave s'évacue pour former les coulées.

    Cône éruptif, au matin du 7 décembre 2022. © USGS
    Cône éruptif, au matin du 7 décembre 2022. © USGS

    La coulée de lave alimentée par ce cône, qui avait débuté sa progression dès l'ouverture de la fissure éruptiveéruptive le 28 novembre, a continué d'avancer vers le nord, mais à un rythme beaucoup plus faible à partir de début décembre. La vitessevitesse de progression du front est ainsi passé de 7 m/min dans les premières heures à 40 mètres par heure le 2 décembre, puis seulement quelques mètres par heure le lendemain. Ce ralentissement était vraisemblablement dû aux faibles pentes dans le secteur, car le débitdébit demeurait important en amont.

    En effet, la vitesse de la lave dans le canal principal a été estimée à environ 10 m/s, soit à peu près 36 km/h : un vrai torrenttorrent ! Associé à une largeur de coulée de 1 à 3 m et une profondeur au moins du double, cela donne un débit de 50 à 100 m3/s : de quoi remplir une piscine olympique en moins d'une minute ! C'est considérable, et bien plus important que l’éruption actuelle du voisin Kilauea ou des éruptions du Piton de la Fournaise !        

    Un vrai torrent ! © USGS
    Un vrai torrent ! © USGS
    Spectacle superbe au matin du 4 décembre. © USGS
    Spectacle superbe au matin du 4 décembre. © USGS

    Le front de coulée principal s'est toutefois arrêté le 7 décembre, après un peu plus de 17 km de parcours et à 2,8 km de la Saddle Road, la route qui traverse l'île d'Hawaï entre le Mauna Loa et le Mauna Kea qu'elle ne traversera donc pas.

    Le 8 décembre, une réduction du débit pouvait être constatée, cependant les fontaines étaient encore bien actives au niveau du cône éruptif. Mais le lendemain, l'activité a décliné et les fontaines laissèrent place à un étang de lave présentant quelques remous ici et là. La lave s'épanchait quand même jusqu'à 2,6 km du cône le 10 décembre, mais la baisse d'activité est nette !

    L’observatoire local précise que « aucune des huit éruptions enregistrées dans la zone du riftrift nord-est du Mauna Loa n'est revenue à des taux d'éruption élevés après que ces taux ont diminué de façon significative ». On s'oriente donc vers la fin de l'éruption, même si le géant a quand même toujours les cartes en main...

    Le 9 décembre, le niveau de lave était assez bas dans le canal de lave principal. © USGS
    Le 9 décembre, le niveau de lave était assez bas dans le canal de lave principal. © USGS
    Plus de fontaines de lave dans le cône éruptif, juste un bouillonnement à l'extrémité sud-ouest ! © USGS
    Plus de fontaines de lave dans le cône éruptif, juste un bouillonnement à l'extrémité sud-ouest ! © USGS

    En images : l’éruption spectaculaire du plus grand volcan de la Planète

    Article publié le 3 décembre 2022, par Ludovic LeducLudovic Leduc

    Quatrième jour d'éruption sur le géant hawaïen. L'activité semble stabilisée, avec les fissures 3 et 4 toujours actives et les coulées associées qui continuent leur progression. L'activité est prépondérante sur la fissure 3, la plus en amont. Les fontaines de lave atteignent une vingtaine de mètres et construisent un rempart de quelques mètres de haut de part et d'autre de ce rideaurideau de lave. Un cône pourrait s'y construire si l'activité perdure. La plus longue coulée de lave continue d'avancer vers le nord, mais à un rythme bien plus lent désormais. En effet, lors de la matinée du 30 novembre, le front n'avançait plus qu'à 25 m/h (contre plus de 400 m/h la veille). Il est à encore plus de cinq kilomètres de Saddle Road qui traverse l'île entre le Mauna Loa et le Mauna Kea.

    Le spectacle sur la fissure 3 au matin du 30 novembre.

    L'éruption se stabilise donc, mais les volcanologues ne chôment pas pour autant. Outre le travail de terrain, l'imagerie satellitaire permet d'en savoir un peu plus sur la situation. D'abord, le différentiel entre deux images radar avant et après le début d'éruption permit la création d'un interférogramme qui indique les zones du volcanvolcan qui se sont déformées pendant ce laps de temps. La zone sommitale a ainsi dégonflé, preuve de la vidange d'un réservoir magmatique situé sous le sommet, et le flanc nord-est a gonflé, signe de l'intrusion magmatique qui a ensuite alimenté les quatre fissures éruptives.

    L’interférogramme, annoté par l’observatoire local (deflation = dégonflement / inflation = gonflement).

    L'imagerie satellitaire fine permet aussi d'identifier assez précisément les contours des coulées de lave. Le suivi de l'avancée des coulées de lave dans le temps est ainsi facilité et permettra, à terme, d'estimer le volumevolume de l'éruption.

    Extension des coulées estimées au 29 novembre par imagerie satellitaire.


    Éruption du Mauna Loa : des images magnifiques et des coulées de lave très rapides

    Article publié le 30 novembre 2022, par Ludovic Leduc

    L'activité s'est stabilisée sur la fissure éruptive la plus basse des trois ouvertes tôt le 28 novembre, vers 3 550 mètres d'altitude. Des fontaines de lave de 25 à 50 mètres de haut y sont actives et commencent à former un édifice autour : un spatter rempart (ou rempart d'éclaboussures). Et si des coulées de lave assez modestes se sont formées vers l'est, la majeure partie du débit alimente des coulées vers le nord. Et elles sont rapides ! En effet, elles coupèrent la piste menant à l'observatoire météorologique du Mauna Loa vers 20 h, parcourant plus de 6,5 kilomètres en 15 heures environ, ce qui représente une vitesse moyenne de sept mètres par minute ! Elle semble avoir un peu diminué hier, sans doute car la pente est désormais un peu moins importante, mais l'avancée du front demeurait significative : vers 15 h, il était situé vers 2 300 mètres d'altitude, à plus de 12 kilomètres de la source et à environ 7,5 kilomètres de Saddle Road, la route qui traverse l'île d'Hawaï et où bon nombre de curieux viennent profiter du spectacle. À ce rythme-là, la lave pourrait la traverser dans quelques heures...

    Le spectacle vu depuis Saddle Road au matin du 29 novembre. © HVO-USGS
    Le spectacle vu depuis Saddle Road au matin du 29 novembre. © HVO-USGS

    Une quatrième fissure éruptive s'est ouverte à 19 h 30 le 28 novembre, en contrebas de la fissure 3, vers 3 400 mètres d'altitude. La dynamique y est pour l'instant moins importante qu'en amont, avec des fontaines de lave de 5 à 10 mètres et des coulées plutôt modestes vers l'est et le nord-est. Annonce-t-elle l'ouverture de nouvelles fissures en aval ?

    La fissure 3, ses fontaines de lave et coulées au matin du 29 novembre. © HVO-USGS
    La fissure 3, ses fontaines de lave et coulées au matin du 29 novembre. © HVO-USGS

    Bien que les risques soient toujours quasiment nuls pour la population, du fait que les coulées s'épanchent dans une zone désertique, l'observatoire volcanologique local a estimé que 250 000 tonnes de SO2 ont été émises lors de la journée du 28 novembre, ce qui est conséquent. Dans l'atmosphèreatmosphère, ce gazgaz forme une brumebrume volcanique appelée vog qui peut irriter les yeuxyeux, la peau, la gorge...

    Sublime spectacle ! © Andrew Hara, Hawai‘i PODD

    Carte de l’éruption du Mauna Loa du 29 novembre à 12 h. Remarquez notamment les deux fissures actives et la coulée nord. © HVO-USGS
    Carte de l’éruption du Mauna Loa du 29 novembre à 12 h. Remarquez notamment les deux fissures actives et la coulée nord. © HVO-USGS

    Le Mauna Loa est entré en éruption pour la première fois depuis 1984

    Article publié le 29 novembre 2022, par Ludovic Leduc

    Le Mauna Loa en éruption, c'est un événement. D'une part, car cela faisait 38 ans qu'il se faisait attendre, lui dont les éruptions ont lieu tous les six ans en moyenne depuis le milieu du XIXe siècle. Et, d'autre part, car le débit éruptif lors de ses éruptions est en général assez important, bien plus que pour son voisin le Kilauea, ce qui engendre un risque certain pour les villages côtiers au bas des pentes importantes, sur le flanc ouest du volcan notamment.

    Première phase de l’éruption du Mauna Loa : ouverture de la fissure dans la caldeira sommitale et coulées de lave associées. © USGS

    Peu avant minuit le 27 novembre, une première fissure éruptive s'est ouverte dans la caldeiracaldeira sommitale et resta active durant quatre heures environ, le temps d'ennoyer une grande partie du plancherplancher du cratère par des coulées très fluides. Puis vers 4 h du matin, trois nouvelles fissures s'ouvrirent sur le flanc nord-est, de manière assez classique. En effet, le Mauna Loa possède un réseau de fractures qui coupe le volcan du nord-est au sud-ouest en passant par le sommet et dans lequel les cheminées volcaniquescheminées volcaniques s'injectent en général, d'abord verticalement puis de manière latérale vers les « rift-zones » nord-est ou sud-ouest... Cette éruption a activé la rift-zone la moins problématique, car les coulées de lave s'épanchent vers le cœur de l'île d'Hawaï qui est plutôt inhabité, au contraire du littoral ouest qui est menacé par les éruptions dans la rift-zone sud-ouest.

    Coulées de lave sur le flanc nord-est du Mauna Loa. Sur la seconde image, on remarque aisément les coulées en refroidissement des fissures amont qui contrastent avec les laves actives de la fissure aval.  

    À 13 h 30 hier, seule la fissure éruptive la plus basse était encore active. Et si les coulées ont parcouru près de cinq kilomètres en deux heures trente, ce qui témoigne d'un débit important, elles étaient encore à plus de 15 kilomètres de Saddle Road, la route qui traverse l'île en passant entre les deux volcans géants, le Mauna Loa et le Mauna Kea.  

    Les trois fissures éruptives sur le haut du versant nord-est du Mauna Loa, le 28 novembre 2022, et les coulées de lave associées. Les fontaines de lave sur les fissures atteignent entre 20 et 60 mètres. © USGS
    Les trois fissures éruptives sur le haut du versant nord-est du Mauna Loa, le 28 novembre 2022, et les coulées de lave associées. Les fontaines de lave sur les fissures atteignent entre 20 et 60 mètres. © USGS
    Carte de l'éruption du Mauno Loa, le 28 novembre 2022. © USGS
    Carte de l'éruption du Mauno Loa, le 28 novembre 2022. © USGS

    Le Mauna Loa est entré en éruption pour la première fois depuis 1984

    Article publié le 28 novembre 2022, par Ludovic Leduc

    C'est vers 23 h 30 heure locale, le 27 novembre, que cette fissure, longue de quelques centaines de mètres, s'est ouverte dans la caldeira sommitale Moku'āweoweo, avec une activité de fontaines de lave et de coulées assez fluides. Pour l'instant, l'observatoire local ne remarque aucune indication d'une migration de l'éruption plus bas en altitude... Il n'y a donc pas de menaces directes à court terme pour les habitants, mais les volcanologues locaux restent sur leur garde car, avec ce volcan, ça peut aller vite !

    Éruption du Mauna Loa le 28 novembre, une heure après le début de l'éruption. © USGS
    Éruption du Mauna Loa le 28 novembre, une heure après le début de l'éruption. © USGS
    Éruption du Mauna Loa le 28 novembre, trois heures après le début de l'éruption. © USGS
    Éruption du Mauna Loa le 28 novembre, trois heures après le début de l'éruption. © USGS

    Avec le Kilauea, le Mauna Loa est désormais le second volcan en éruption depuis plus d'un an maintenant sur l'île d'Hawaï. Cette éruption fait suite à une augmentation de la sismicité et de la déformation du volcan depuis août 2022 qui étaient interprétés comme la conséquence d'un nouvel apport de magmamagma à 3 ou 8 km sous le sommet... L'éruption n'est donc pas surprenante et met fin à une pause de 38 ans, la dernière activité datant de 1984.

    Ce volcan est le second point culminant de l'île derrière le Mauna Kea et ses 4 207 m d'altitude. Ils culminent tous deux à plus de 9 km au-dessus du fond océanique et sont donc bien plus hauts que l'EverestEverest !

     

     

     

     

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