Groupés en un banc de 1,5 km de longueur, des millions d’anchois, peut-être des centaines de millions, sont venus narguer les océanographes du célèbre institut Scripps, près de San Diego, aux États-Unis. Pourquoi ? Mystère. Peut-être parce que l’eau leur semblait trop chaude au large. Le phénomène est rarissime mais naturel et sans conséquences.

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    Le 8 juillet dernier, les étudiants de l'institut océanographique Scripps, sur la côte Pacifique des États-Unis, près de San Diego (entre Los Angeles et le Mexique), ont eu un beau spectacle. Une curieuse marée noire s'approchait de la plage, s'étalant en ondulations mouvantes devant la jetée de l'institut. Outre les océanographes, les spectateurs étaient nombreux, sur la côte, en surf ou en plongée, humains et animaux puisqu'au moins une otarie et un requin sont venus s'intéresser au phénomène.


    Plongeurs et surfeurs ont eu beaucoup de curiosité pour cette masse géante et mouvante, qui n'était constituée que de poissons d'une dizaine de centimètres de longueur. © Scripps Institution of oceanography at UCSD

    Les anchois étaient peut-être en quête d'une eau plus fraîche

    Cette chose s'étalait peut-être sur un kilomètre et demi (« one mile » écrivent les commentateurs) pour une largeur d'une centaine de mètres et une épaisseur d'environ trois mètres. Il s'agissait bien d'anchois, nageant en formation serrée, comme ils savent le faire, mieux encore que les sardines, semblant ne former qu'un seul organisme. Combien de poissons contenait ce banc ? Au moins un million, selon l'océanographe de l'institut Scripps David Checkley, interrogé par le quotidien The Huffington Post, mais peut-être un milliard...

    Pourquoi un tel amoncellement si près de la côte, ce qui ne s'était pas vu depuis au moins trente ans ? Peut-être à cause de la température, avance David Checkley. L'eau était alors à 24 °C, ce qui est chaud pour des anchois qui préfèrent une ambiance plus fraîche. Mais, à ce moment, l'eau du large venait de se réchauffer plus rapidement que le long de la côte et les anchois auraient pu, ainsi, se rapprocher des eaux à plus faible température, jusqu'à buter sur les plages.

    Le banc d’anchois, une formation très serrée, se trouvait juste sous la surface, jusqu’à environ trois mètres. © <em>Scripps Institution of oceanography at UCSD</em>

    Le banc d’anchois, une formation très serrée, se trouvait juste sous la surface, jusqu’à environ trois mètres. © Scripps Institution of oceanography at UCSD

    Un phénomène naturel

    L'océanographe estime que l'événement El Niño, qui semble imminent, peut contribuer à cette différence de température, mais avec un gros doute car la NOAANOAA ne l'a pas encore signalé. C'est aussi, à plus grande échelle, le genre de mécanisme qui conditionne la présence de bancs d'anchois le long des côtes d'Amérique du Sud, mais avec l'effet inverse : lors des événements El Niño, la pêchepêche est moins bonne.

    En tout état de cause, il s'agit d'un phénomène naturel, simplement rare, plus spectaculaire que d'habitude et qui n'indique aucun déséquilibre des écosystèmesécosystèmes. D'ailleurs, ces engraulidés égarés sont depuis repartis vers le large, en quête de leurs proies planctoniques.