Une nouvelle étude vidéo révèle la vie professionnelle du corbeau calédonien en pleine nature. On y voit comment il utilise ses outils avec efficacité mais aussi, peut-être, comment sa progéniture apprend à son tour à les utiliser.

au sommaire


    Ce corbeau calédonien pêche des larves dans le tronc d'un arbre mort à l'aide de son outil. © Université d’Oxford

    Ce corbeau calédonien pêche des larves dans le tronc d'un arbre mort à l'aide de son outil. © Université d’Oxford

    Pour la première fois, l'enregistrement vidéo s'est fait en pleine nature, dans un véritable contexte écologique et non en laboratoire ou sur des zones où les individus étaient appâtés. 1.800 heures de prises de vues consacrent une star : Corvus moneduloides, le Corbeau calédonien appelé aussi Corbeau de Nouvelle-Calédonie. Comme ses cousins corvidés, cet oiseau est d'une grande intelligence, intelligenceintelligence qui se traduit par l'utilisation d'outils triés sur le volet.

    L'équipe de l'Université d'Oxford, à savoir Lucas Bluff, Christian Rutz, Alex Weir et Alex Kacelnik ainsi que Jolyon Troscianko de l'Université de Birmingham, n'en est pas à son coup d'essai.

    Elle avait déjà étudié cette espèce en 2007 avec des caméras, embarquées celles-là. Il était donc connu que le corbeau calédonien utilisait des outils pour toutes sortes d'activités, dont la succulente pêche aux larves dodues de capricornes (Agrianome fairmairei) dans les troncs morts de bancouliers (Aleurites moluccana).

    Cette fois, des caméras sensibles aux mouvementsmouvements ont été placées en des lieux repérés pour être attractifs pour les corbeaux calédoniens (comprendre : grouillants de larves).

    Les heures d'enregistrements ont alors montré ces corbeaux pêcher les larves à l'aide d'outils dans leur environnement naturel. Ils ont aussi permis de déterminer l'efficacité du recours à un outil par rapport au simple usage du becbec pour obtenir des proies. La réponse est nette. Les corbeaux capturent significativement plus de larves à la pêche qu'en utilisant juste leur bec.


    Le corbeau calédonien pêche les larves de coléoptères dans les trous d’un tronc de bancoulier à l’aide d’un rameau. Certains individus sont marqués par un rectangle blanc, visible ici. © Université d’Oxford

    Le bon outil au bon endroit

    Il semblait déjà que ces oiseaux pouvaient essayer de nouveaux outils et peut-être conserver ceux qui fonctionnaient le mieux (un individu a ainsi transporté une brindille sur plus de 100 mètres). La collecte des outils lors de cette étude a aussi révélé que les outils (rameaux, brindilles, etc.) les plus longs étaient trouvés dans les terriers les plus profonds et que les rameaux, plus rigides, étaient plus courants que les brindilles.

    Donc comme leurs collègues de laboratoire (les corbeaux, pas ceux en blouse blanche), les corbeaux calédoniens seraient capables de choisir le bon outil en fonction de la situation. Par ailleurs, ils ne choisiraient par leurs outils au hasard, mais les sélectionneraient en fonction de leur rigiditérigidité et de leur longueur.

    Autre nouveauté, les adultes plus âgés sont plus efficaces que les jeunes immatures. L'usage d'outils serait donc une pratique acquise par apprentissage individuel ou social, comme en témoignent peut-être les deux vidéos suivantes :


    Une opportunité d’apprendre à pêcher des larves et à perfectionner ses compétences pour un jeune corbeau calédonien. © Université d’Oxford

    Interactions entre un corbeau calédonien et sa progéniture immature. © Université d’Oxford