La musique adoucit les mœurs de l’Homme, mais pas celles des animaux ! L’appréciation d’une mélodie est purement anthropique, puisqu’elle vient de l’éducation et de la culture humaine. Cependant, les animaux sont tout de même capables de reconnaître un morceau et de le mémoriser. Un exemple ? Le poisson rouge distingue un air de Bach d’un autre de Stravinsky et ce plus aisément que la majorité des Hommes.

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    La musique est l'un des dons de l'humanité les plus mystérieux, se plaisait à dire Charles Darwin. Pourquoi aime-t-on la musique ? Difficile de répondre rapidement à la question, mais ce qui est certain, c'est que ce goût pour la mélodie est anthropique. Le goût est lié à notre éducation et à notre culture, et serait le résultat de l'évolution de la sélection sexuellesélection sexuelle d'après DarwinDarwin. Les premières vocalises humaines ont servi à faire la cour, et seraient à l'origine de la musique.

    D'un point de vue global, le monde animal, en dehors des Hommes, préfère le silence à la musique. Mais des animaux peuvent cependant reconnaître un airair simple. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Behavioural Processes, montre même que les poissons rouges sont capables d'écouter la musique humaine et de reconnaître un air d'un autre. Dans l'article, l'équipe de recherche suggère même que ces poissons détectent les propriétés complexes des sons, comme le timbre.

    Igor Feodorovitch Stravinsky est l'un des compositeurs les plus influents du XX<sup>e</sup> siècle. Son œuvre s'étend sur 70 ans, et sa production maîtresse est <em>Le Sacre du printemps</em>. À ses débuts d'une influence plutôt contemporaine, il est revenu dans les années 1920 à un style plus classique, une évolution peut-être repérable pour un poisson rouge. © F_Man, DP

    Igor Feodorovitch Stravinsky est l'un des compositeurs les plus influents du XXe siècle. Son œuvre s'étend sur 70 ans, et sa production maîtresse est Le Sacre du printemps. À ses débuts d'une influence plutôt contemporaine, il est revenu dans les années 1920 à un style plus classique, une évolution peut-être repérable pour un poisson rouge. © F_Man, DP

    Bach versus Stravinsky

    Cette équipe japonaise, de la Keio University de Tokyo, a fait écouter à des poissons rouges la Toccata et fugue en D mineur, composée par Jean-Sébastien Bach et le Sacre du printemps, d'Igor Stravinsky. L'exercice pour les poissons consistait à distinguer ces deux morceaux pour avoir le droit de dévorer une petite boule de nourriture, suspendue à un fil. L'un des deux groupes de l'expérience était récompensé lorsqu'il entendait Bach tandis que l'autre devait réagir au Sacre du printemps.

    La tâche a été plus que facile pour eux. Tous ont distingué les deux morceaux aisément, et se sont dirigés vers leur appât de nourriture aussitôt qu'ils entendaient l'air qu'ils avaient été entraînés à reconnaître. Ces poissons rouges semblaient toutefois plus intéressés par l'idée de se remplir la pansepanse plutôt que par l'appréciation de la musique en elle-même. Loin d'avoir la très faible mémoire que les croyances populaires lui attribuent, le poisson rouge entend la musique et sait la reconnaître.

    Le heavy metal adoucit les mœurs

    On peut se demander quelle est sur eux l'influence de la musique qu'écoutent les Hommes qui partagent le même foyer. La musique adoucit nos mœurs, mais pas celles du reste du règne animal. Des études antérieures ont néanmoins montré que les tamarins réagissaient peu à la musique, mais semblaient étonnamment se calmer en entendant le heavy metal du groupe Metallica.

    Le loup hurle lorsqu'il entend de la flûte, probablement parce qu'il y reconnaît des intonations familières. Les mainates sont capables de reproduire des mélodies, mais dans le but d'obtenir une récompense. Ainsi peut-être le singe s'apaise avec du Metallica parce qu'il y reconnaît un on ne sait quoi de familier. Il y a toutefois l'histoire d'Erich Hoyt qui peut laisser penseur quant à l'interprétation de la musique par les animaux. En 1988, il rapportait qu'il jouait du blues à la guitare avec son équipage à l'avant de son bateau en Colombie-Britannique. Un banc d'orques s'était attroupé autour d'eux et s'est amusé à imiter la mélodie que les instruments produisaient. Ces sons leur procuraient-ils du plaisir ?