Google Street View permet de visualiser les rues des villes, mais aussi les routes de campagne. De plus en plus de scientifiques utilisent cette base de données gratuite pour leurs recherches. L’Inra s’en sert pour étudier les chenilles processionnaires du pin, si dangereuses pour les arbres et les Hommes.

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    Google devient les yeuxyeux du monde. Avec le logiciellogiciel Street View, on peut se promener virtuellement au cœur du Grand Canyon ou dans les îles Galápagos. La grande barrière de corail sera peut-être bientôt capturée par les appareils du géant. Beaucoup comptent sur le service pour se repérer dans les villes, mais aussi en montagne, dans les déserts ou même en mer. Peu à peu, Google crée une base de donnéesbase de données monumentale, déjà utile à bon nombre de scientifiques : par exemple, il est intéressant pour les écologues d'observer la faune des Galápagos sans avoir à s'y rendre. Certains utilisent même GoogleGoogle Street View (GSV) pour étudier les chenilles.

    En France, une équipe de l'Inra a testé la fiabilité de GSV pour cartographier la distribution de la chenille processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampaThaumetopoea pityocampa, un papillon après la muemue). Elle se nourrit d'aiguilles de pin, défolie les arbresarbres et les affaiblit. La processionnaire s'étend en France, et menace tous les types de pins et les cèdres. Elle est par ailleurs dangereuse pour l'Homme. Ses minuscules poils projetés dans l'airair sont urticantsurticants et peuvent provoquer démangeaisonsdémangeaisons et œdèmesœdèmes. L'Inra étudie depuis plus de dix ans la répartition de l'insecteinsecte, mais les données sont difficiles à obtenir. Elles sont seulement accessibles par la littérature ou le terrain, qui est particulièrement coûteux.

    A : nid de soie de chenilles processionnaires. B : arbre hôte infesté par plusieurs colonies. C à E : les arbres infestés situés le long des voies de circulation. F : photo prise à l'intérieur d'une voiture, montrant un arbre touché. Tous les arbres hôtes sont des pins noirs (<em>Pinus nigra</em>), sauf dans le cas C où l’on voit des pins noirs et sylvestres (<em>P. sylvestris</em>). © Jérôme Rousselet <em>et al.,</em> <em>Plos One</em>

    A : nid de soie de chenilles processionnaires. B : arbre hôte infesté par plusieurs colonies. C à E : les arbres infestés situés le long des voies de circulation. F : photo prise à l'intérieur d'une voiture, montrant un arbre touché. Tous les arbres hôtes sont des pins noirs (Pinus nigra), sauf dans le cas C où l’on voit des pins noirs et sylvestres (P. sylvestris). © Jérôme Rousselet et al., Plos One

    Le centre de la France passé à la loupe

    En hiverhiver, les larveslarves tissent leurs nids de soie blancs dans les arbres, et notamment ceux plantés le long de la route : GSV peut donc être particulièrement intéressant, puisqu'il fournit des images depuis la route sur 360°. Les résultats des chercheurs, publiés dans la revue Plos One, montrent que l'utilisation de l'applicationapplication est à 90 % fiable par rapport aux données de terrain, ce qui fait de GSV un outil de travail complémentaire.

    L'équipe, menée par Jérôme Rousselet et Charles-Édouard Imbert, a réalisé ses travaux dans la région Centre de la France. Sur 47.000 km2, ils ont divisé 183 cellules d'échantillonnageéchantillonnage de 16 x 16 km. Dans chacune de ces cellules, des nids ont été trouvés. Les données in situ ont été comparées à ce que l'on observe sur Google Street View.

    La base de données gratuite GSV est accessible à tous, et constitue un réel appui pour ce type de recherche. En outre, les chenilles processionnaires se prêtent bien à l'exercice, car elles forment un nid blanc épais, donc bien observable. Cet outil a néanmoins ses limites. Les photos de Google Street View ne sont pas mise à jour régulièrement dans le monde entier, ce qui ne permet pas aux pisteurs de chenilles un suivi parfait...