Le résultat d’une longue étude menée sur le terrain, en Afrique, est sans appel : le nombre d’éléphants de savane a chuté de 30 % entre 2007 et 2014. L’interdiction du commerce de l’ivoire avait enrayé la baisse des effectifs mais le trafic illégal a depuis repris de plus belle. Les observateurs n’ont trouvé que 352.000 de ces pachydermes. Il y en avait plus de vingt millions il y a un siècle. L'éléphant de forêt ne va pas mieux.

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    Au Congrès mondial de la nature, qui se tient actuellement à Hawaï, les éléphants sont en vedette, mais pas pour la bonne cause. Ils viennent de faire l'objet de deux publications, qui convergent sur le constat d'une chute drastique des populations. Le premier travail est une étude de deux ans, menée sur le terrain et financée par le richissime Paul Allen, cofondateur de MicrosoftMicrosoft, le « Grand recensement des éléphants » (Great Elephant Census). Avec des moyens aériens et le travail de plusieurs ONG, les observateurs ont dénombré 352.271 éléphants sur le continent africain, répartis sur 18 pays.

    Selon les auteurs du rapport, les effectifs de l'éléphant de savane (Loxodonta africana) ont chuté de 30 % entre 2007 et 2014. Les populations les plus atteintes se trouvent en Tanzanie, au Mozambique et en République démocratique du Congo, alors qu'elles se portent bien, notamment, au Kenya et au Bénin. La seconde espèce africaine, l'éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis, identifiée comme telle en 2010), ne va pas mieux. Ce pachyderme un peu plus petit, et plus discret donc moins bien répertorié, fait l'objet de la seconde étude, publiée dans le Journal of applied ecology. Elle indique que si le braconnage s'arrêtait totalement aujourd'hui, il faudrait plusieurs décennies pour reconstituer les populations de ce grand mammifèremammifère à faible taux de reproduction.

    Le constat n'est pas une surprise puisqu'une étude publiée en 2013 dans Plos One aboutissait à des conclusions similaires. En effet, avec la réduction de leurs territoires face à l'expansion des activités humaines, c'est bien le braconnage qui décime les éléphants d'Afrique. L'interdiction du commerce international de l'ivoire, en 1989, avait arrêté cette chute des effectifs, alors qu'il restait sans doute moins d'un million de pachydermes sur le continent. Cependant, le braconnage n'a jamais cessé et a même augmenté, en particulier, expliquent les ONG, à cause du marché chinois, alors que les protections ne sont plus efficaces. L'équipe du « Grand recensement des éléphants » remarque que les cadavres dépossédés de leurs défenses sont aussi nombreux dans les réserves protégées qu'ailleurs. Avec un rythme de déclin de 8 % par an et des populations actuellement faibles, les éléphants de savane sont clairement menacés d'extinction, tout comme, sans doute, leurs cousins des forêts.