Chun Li, paléontologue chinois, est l'heureux découvreur des restes d'un arrière-grand-père des dinosaures, un protorosaure. Les recherches menées en 2002 dans le sud-est de la Chine l'ont mis sur les traces de ce reptile au cou interminable. Une caractéristique anatomique pas forcément pratique à l'heure des repas…

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    © AAAS/Science; Carin L. CainLe Dinocephalosaurus en plein effort !

    © AAAS/Science; Carin L. CainLe Dinocephalosaurus en plein effort !

    - 230 millions d'années, le long des côtes de Pangée, le supercontinent de la planète Terre. L'eau est un peu trouble, mais l'on y trouve abondance de nourriture. Au choix, poissons ou calmars ? Incognito, une toute petite tête aux crocs acérés a tranché : ce midi, ce sera poisson ! Et celui qui passe, là devant, devrait faire l'affaire...

    D'ailleurs, malgré la corpulence du prédateur, le malheureux n'a rien vu venir. Hop ! Happé par un courant, le poisson se retrouve dans le noir. En fait, la gueule de Dinocephalosaurus orientalis, un reptilereptile marin, direction la traversée du désertdésert dans un œsophageœsophage de plus d'1,70 m. 1,70 ? C'est la taille du cou de la bête : plutôt rigide, il mesure quasiment le double du corps, et présente 25 vertèbres cervicalesvertèbres cervicales (munies de côtes !). L'homme et la pauvre girafegirafe, qui n'en ont que 7, n'ont plus qu'à aller se rhabiller !

    A l'heure où Pangée et Dinocephalosaurus ne sont plus de ce monde, les scientifiques restent intrigués par l'étude publiée dans la revue Science par Chun Li. Un cou si peu mobilemobile et long comme un jour sans pain ? Pas pratique pour chasser... Les hypothèses vont bon train dont celle de Michael LaBarbera, co-auteur de la publication et biologiste à l'Université de Chicago.

    Son idée ? Les muscles cervicaux, tiré en arrière par les côtes, élargiraient le diamètre et donc le volumevolume du cou, créant brusquement une dépression. Une sorte de petit courant qui, lors du tête à tête de Dinocephalosaurus avec son repas, entraînerait directement la proie à l'intérieur de sa gueule. On parle de succion. Sans le moindre effort du reste de son corps, notre protorosaure n'aurait eu en réalité qu'à gober ce qui lui passait sous le neznez. Effet de surprise garanti ! Une stratégie qui continue à faire ses preuves chez certains poissons et tortuestortues...