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Le grillon champêtre du Pacifique (Teleogryllus oceanicus) se méfie de ses congénères et renforce ses défenses immunitaires quand il y a foule. © Pestnet
A l'instar des vertébrés, les insectes se protègent contre leurs pathogènes en combinant l'action de composés anti-microbiens et de cellules immunitaires. Longtemps considéré comme simple et figé, ce système immunitairesystème immunitaire se révèle ajustable aux risques d'infection et aux conditions environnementales. Nouvelle preuve de sa sophistication: le grillon champêtre du Pacifique (Teleogryllus oceanicus)) adapte son immunitéimmunité à son environnement acoustique et social...
C'est ce que démontrent des chercheurs des universités de St Andrews (Royaume-Uni) et de Californie (Etats-Unis) dans un article publié par la revue Biology Letters. En comparant des insectes élevés dans le silence à d'autres auxquels étaient diffusés le chant de congénères, les biologistes ont étudié l'effet de cette stimulationstimulation sonore. Ils ont évalué la capacité des grillons à résister à des organismes pathogènespathogènes en observant l'adhésion des cellules immunitaires à un corps étranger (un implantimplant en nylonnylon) et en dosant la présence d'un composé anti-microbien dans leur sang. Pour ces deux mesures, les individus élevés en isolement sonore ont présenté une réponse plus faible que ceux ayant entendu le chant d'autres grillons.
Les scientifiques interprètent la réponse de la défense immunitaire des grillons comme une mesure de prévention. En effet, plus les populations de grillons sont importantes, plus le risque de transmission de parasites et de microbesmicrobes entre individus est grand, car les contacts sont plus nombreux. Utilisant les stridulations de leurs voisins comme un indice de densité, les grillons ajusteraitent le niveau de leur immunité au risque d'infection.
Muets mais pas sourds !
Une autre expérience est venue confirmer cet effet chez des mâles... muets. Sur l'île hawaïenne de Kauai se développe une population originale de de Teleogryllus : dans celle-ci, près de 90% des mâles sont incapables de chanter. Les biologistes ont suivi avec beaucoup d'intérêt l'apparition et la sélection rapide de ces mutants suite à l'introduction d'une mouche parasite (Ormia ochracea). Ce diptèrediptère repère les grillons grâce à leur chant et pond ses larveslarves sur eux. Pénétrant rapidement dans leur corps, celles-ci les dévorent de l'intérieur.
Protégés par leur mutisme, les mâles ne stridulant pas ont plus de mal à séduire les femelles (toutefois, ils profitent généralement de la présence d'un grillon chanteur qui les attire). Mais ils échappent généralement à la mouche tueuse. S'ils sont muets, ces mâles n'en sont pas pour autant devenus sourds : soumis à la même expérience que les mâles chanteurs, les individus ayant entendu d'autres grillons chanter ont une meilleure immunité que les autres.
Les chercheurs ignorent encore comment les stridulations agissent sur l'immunité des insectes et espèrent mettre en évidence les mécanismes physiologiques de cette stimulation sonore.