Selon la Société zoologique de Londres, près d’une espèce d'invertébrés sur cinq serait menacée d’extinction, un niveau similaire à celui observé chez les vertébrés. Des efforts de conservation doivent donc être entrepris pour sauver ces éléments clés des écosystèmes, qui nous sont indispensables.

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    Les invertébrés représenteraient 80 % des espèces d'animaux et de plantes recensées sur Terre. Parfois invisibles à l'œilœil nu (tel le zooplancton microscopique) ou atteignant des tailles impressionnantes (comme le calmar géant), ces animaux (qui n'ont en commun que l'absence de squelette internesquelette interne) sont présents dans la grande majorité des écosystèmes de notre planète, qu'ils soient terrestres, marins ou dulçaquicolesdulçaquicoles. Pourtant, nous les connaissons moins bien que les vertébrésvertébrés, notamment quant aux risques d’extinction qu'ils encourent.

    La Zoological Society of London (ZSL) vient de publier un rapport nommé Spineless à ce sujet. Les informations récoltées après avoir étudié le statut de 12.621 espèces animales inscrites sur la liste rouge de l'UICNUICN ne sont pas réjouissantes. Près d'une espèce d'invertébrés sur cinq serait en effet menacée d'extinction, un chiffre sensiblement similaire à celui obtenu pour les vertébrés. Les résultats obtenus pour un taxontaxon donné dépendraient fortement des pressionspressions subies et des modes de vie pratiqués par ses représentants.

    Au sein des milieux dulçaquicoles, 51 % des gastéropodes seraient menacés d'extinction, contre 34 % pour les bivalves et 32 % pour les écrevisses. © Jean-Michel Bernard, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Au sein des milieux dulçaquicoles, 51 % des gastéropodes seraient menacés d'extinction, contre 34 % pour les bivalves et 32 % pour les écrevisses. © Jean-Michel Bernard, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

    Les plus sensibles : les invertébrés d'eau douce

    Les invertébrés d'eau douceeau douce seraient ainsi plus menacés que leurs homologues terrestres ou marins. En cause, les pollutions agricoles (nitrates et phosphatesphosphates, par exemple), les modifications hydrologiques des cours d'eau (constructionsconstructions de barrages, de digues, etc.) ou encore l'introduction volontaire ou accidentelle d'espèces invasives (cas de l'écrevisseécrevisse américaine en Europe). Les organismes terrestres souffrent également de l'arrivée de nouveaux concurrents, mais ils sont en plus fortement touchés par l'extension et l'intensification de l'agricultureagriculture. Enfin, les invertébrés marins seraient malmenés par le réchauffement climatique.

    La sensibilité de ces êtres face aux pressions exercées par l'Homme dépend de nombreux facteurs, que ce soit au niveau local, national ou global. La taille de l'aire de distributionaire de distribution et les capacités locomotrices de chaque espèce n'en représentent que deux, mais elles sont importantes. Près d'une espèce de mollusquesmollusques d'eau douce sur 3, par exemple des moules, serait ainsi en danger d'extinction. Un risque similaire à celui calculé pour les amphibiensamphibiens, des vertébrés, peuplant les mêmes milieux. En revanche, les papillons et les libelluleslibellules, bien plus mobilesmobiles, présenteraient le même risque de disparition que les oiseaux, soit 1 sur 10.

    La survie de l’Homme liée à celle des invertébrés ?

    En dressant l'évaluation la plus complète jamais menée sur le sujet, ce rapport vient souligner la vulnérabilité des invertébrés dont un grand nombre restent d'ailleurs à découvrir ou simplement à étudier. Certes, ils sont moins médiatiques que les tigrestigres, les éléphants ou les baleines, mais ils participent activement au bon fonctionnement des écosystèmes dont nous tirons avantage. Ils nous sont donc indispensables.

    Les vers de terre interviennent par exemple dans la dégradation des déchets organiques en nutrimentsnutriments et dans le brassage du sol. La valeur économique de la biodiversitébiodiversité vivant sous nos pieds serait ainsi estimée à 1.500 milliards de dollars par an. Autre exemple, de nombreux fruits et légumes ne parviendraient pas dans nos assiettes sans le pouvoir de pollinisation (estimé à 143 milliards de dollars par an) des abeilles. Ces rôles ne sont-ils pas décisifs à l'heure où la population mondiale et donc la demande en nourriture ne cessent de croître ?

    La reconnaissance des pressions croissantes subies par les invertébrés constituent très probablement un premier pas vers le développement et l'amélioration de nouveaux efforts de conservation. Selon Ben Collen de la ZSL : « Le prix pour les sauver sera élevé, mais le coût de l'ignorance de cette situation difficile pourrait être bien plus grand ».