Les bouchons génitaux déposés sur la femelle après l'accouplement par les araignées mâles d'Oedothorax retusus sont-ils efficaces ? C'est la question à laquelle ont répondu des zoologistes allemands après un long travail d'observation au microscope électronique. Conclusion pratique (puisque la réponse est oui) : il y a peut-être moyen de s'en inspirer pour inventer une colle forte...

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    D'une longueur d'environ trois millimètres, Oedothorax retusus est une araignée très commune en Europe vivant dans des habitats humides, comme les marais salants et les berges. Ici, on observe au centre les deux conduits de copulation sur la face ventrale d'un individu femelle. © Melanie Witthuhn

    D'une longueur d'environ trois millimètres, Oedothorax retusus est une araignée très commune en Europe vivant dans des habitats humides, comme les marais salants et les berges. Ici, on observe au centre les deux conduits de copulation sur la face ventrale d'un individu femelle. © Melanie Witthuhn

    Sceller sa relation amoureuse avec sa compagne, le mâle de l'araignée Oedothorax retusus sait faire. Après avoir séduit sa dame, il dépose sa semence dans les deux conduits du réceptacle féminin, à l'aide de bulbes copulateurs placés au bout de sa première paire de pattes appelées pédipalpes. Puis, il referme l'orifice avec un produit durcissant.

    Cependant, cette stratégie n'empêche pas toujours d'autres prétendants de s'octroyer les faveurs de sa belle. Katrin Kunz, biologiste à l'université de Greifswald, en Allemagne, et ses collègues ont donc mené une étude méticuleuse sur l'efficacité réelle de la méthode du bouchon, publiée dans la revue Behavioral Ecology and Sociobiology. Les zoologisteszoologistes ont observé les faits suivants : après avoir noté la duréedurée de l'accouplement de mâles avec des femelles, ils ont présenté d'autres partenaires aux futures pondeuses. La seconde vague de mâles a tenté de s'accoupler avec elles dans 82 % des cas. Mais avec un succès bien moindre.

    Photographies au microscope électronique à balayage sur des femelles d'<em>Oedothorax retusus</em> d'un petit bouchon génital mâle (A), de bouchons plus larges et plus ou moins homogènes (B), (C), (E), abîmé après 67 tentatives de copulation par un mâle secondaire (D), en présence de spermatozoïdes de 3 micromètres environ (cercles rouges) (F) et (G). © Katrin Kunz <em>et al.</em>

    Photographies au microscope électronique à balayage sur des femelles d'Oedothorax retusus d'un petit bouchon génital mâle (A), de bouchons plus larges et plus ou moins homogènes (B), (C), (E), abîmé après 67 tentatives de copulation par un mâle secondaire (D), en présence de spermatozoïdes de 3 micromètres environ (cercles rouges) (F) et (G). © Katrin Kunz et al.

    Les bouchons génitaux font office de barrière mécanique aux rivaux

    En effet, seulement 32,5 % ont finalisé une véritable copulation, ce qui démontre l'efficacité mécanique des bouchons des précédents reproducteurs. La relation sexuelle avait plus de chances de se produire si elles succédaient à de courtes plutôt qu'à de longues premières copulations génératrices de bouchons plus épais, plus anciens et donc plus résistants. Les bouchons vieux de plus d'un jour se sont aussi révélés être un barrière plus forte.

    Toutefois, « l'accouplement n°2 » ne se traduit pas nécessairement par un dépôt de spermesperme, celui-ci ayant été observé au microscope électronique parfois réparti à l'extérieur des conduits, sur la région génitale femelle. Aussi, si le premier mâle à courtiser la femelle réussit à obstruer ses deux conduits sexuels, il augmente significativement le succès de la transmission de ses gènes à sa progéniture.

    Si Katrin Kunz et ses collègues ont découvert la glandeglande qui sécrète la substance occlusive, ils souhaitent poursuivre l'étude des bouchons d'accouplement, notamment sur leur nature chimique en vue de s'en inspirer peut-être un jour pour synthétiser une colle performante.