Pendant l'été 2018, le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff a participé à un séjour organisé par « 80 Jours Voyages ». Voici la deuxième partie du film qui en a été tiré et qui concerne un aspect peu connu de l'Arménie. Plus de 500 édifices volcaniques et quelques stratovolcans parsèment cette région du monde, dont certains sont suffisamment jeunes pour que l'on puisse penser qu'ils sont seulement endormis et encore actifs.


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    Nous continuons notre périple dans les régions volcaniques de l'Arménie, pays qui possède une géologie variée avec, comme l'explique le volcanologuevolcanologue Jacques-Marie BardintzeffJacques-Marie Bardintzeff -- dont nous reprenons bon nombre de ses commentaires dans la vidéo ci-dessous --, une grande variété de formations, de types de roches et d'âges puisqu'on y trouve aussi bien des trachybasaltes datant du Quaternaire que des roches sédimentaires formées de calcaire, de grèsgrès, de schiste datant du Carbonifère, du Dévonien, donc jusqu'à il y a 400 millions d'années.

    Le volcanologue explique aussi que le volcanismevolcanisme et les tremblements de terretremblements de terre en Arménie sont le produit de l'affrontement entre deux plaques tectoniques, la plaque arabique et la plaque eurasienne. Il en résulte une compression Nord-Sud qui donne en résultat une extension Est-Ouest, et donc des ouvertures qui permettent des montées de magmamagma mais qui s'accompagnent aussi des faillesfailles associées pouvant être sismiques pour reprendre les commentaires de Jacques-Marie Bardintzeff dans la vidéo ci-dessous.  

    Toujours en compagnie de Jacques-Marie Bardintzeff sur les volcans arméniens. © 80 jours voyages

    Des pétroglyphes montrant des éruptions ?

    Elle montre de nouveaux édifices volcaniques comme le Vayots Sar. Ce cônecône a été formé il y a 30.000 ans dans le massif de Dar-Alages et compte également des volcansvolcans plus jeunes puisque certains sont datés de seulement 4.000 ans.

    On visite ensuite la région volcanique de Syunik où certains pétroglyphes laissent penser que des humains y ont vu des éruptions. On trouve également des pétroglyphes dans le massif volcanique de Tsghuk où dix mille d'entre eux, qui dateraient de 7.000 ans, couvrent environ 3.000 pierres gravées en trachybasaltes. Ce massif porteporte également une source chaudesource chaude carbo-gazeuse, pétrifiante avec de la boue, bonne pour la santé.

    Enfin, à Karahunj, on trouve des basaltesbasaltes andésitiquesandésitiques utilisés pour dresser un site mégalithique il y a 7.000 ans, et qui n'est pas sans rappeler un peu Stonehenge ou bien Carnac. Les roches volcaniquesroches volcaniques ont aussi servi pour la réalisation d'un village troglodytique à Khndzoresk.


    Voyage géologique en Arménie avec Jacques-Marie Bardintzeff (1/2)

    Article de Laurent SaccoLaurent Sacco, publié le 8 septembre 2020

    Située dans le Petit Caucase, l'Arménie est riche en édifices volcaniques du fait de sa situation à la frontière de deux plaques tectoniquesplaques tectoniques en collision. Pendant l'été 2018, le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff a participé à un séjour organisé par « 80 Jours Voyages ». Voici, en deux parties, le film qui en a été tiré.

    L'Arménie actuelle a de profondes racines culturelles et géographiques qui s'étendent au-delà de ses frontières présentes, ayant joué un rôle important du temps de l'empire d'Alexandre et ensuite, en devenant le premier État de religion chrétienne.

    L'Arménie se situe en Eurasie, aux limites de l'Europe et de l'Asie, mais c'est sa géologie et, plus spécialement, la volcanologie qui va nous intéresser dans ce film. Il a été réalisé du 14 au 27 juillet 2018 à l'occasion d'un voyage géologique et volcanologique organisé par « 80 Jours Voyages » avec Jacques-Marie Bardintzeff comme conseiller scientifique, et Sylvain Chermette, comme guide.

    Futura, notamment grâce au blogblogVolcanmaniamis à disposition de Jacques-Marie Bardintzeff, s'est associé à cette aventure qui s'est déroulée sur des plateaux et des chaînes montagneuses. En effet, près de 90 % du territoire arménien se situe à plus de 1.000 mètres d'altitude. Son point culminant historique, jusqu'en 1915, était le mythique mont Ararat, à 5.160 mètres. Depuis que le mont Ararat se trouve en Turquie, le point culminant est le mont Aragats. Haut de 4.095 mètres, il se trouve à environ 40 km de la capitale, Erevan.


    Partez à la découverte géologique de l'Arménie présentée par le géologue et volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff. © 80 Jours Voyages

    Plus de 500 volcans en Arménie

    Comme l'explique Jacques-Marie Bardintzeff, l'Aragats est un stratovolcanstratovolcan composé de laveslaves andésitiques et dacitiques. Plus de 500 volcans du Quaternaire sont connus en Arménie qui est aussi une zone d'une grande activité sismique car la région est soumise à la pressionpression de la plaque tectonique portant la péninsulepéninsule arabique. Techniquement, c'est un volcanisme de subductionsubduction et de collision qui est à l'œuvre, produisant beaucoup de volcans monogéniques (comme ceux de la chaîne des Puys) et quelques stratovolcans  depuis des millions d'années.

    Sur le flanc de l'Aragats, c'est le volcan Arteni que présente Jacques-Marie Bardintzeff. On y trouve des coulées de laves riches en silicesilice et très visqueuses, comme dans les Andes, à savoir, comme l'explique le volcanologue, des rhyolitesrhyolites ou des trachyandésites, des trachyrhyolites, des trachydacites. Jacques-Marie Bardintzeff y présente notamment des perles de verre volcanique, des perlitesperlites ainsi qu'une exploitation de tuftuf. Le chercheur rappelle que ce sont des cendres volcaniques qui ont été soudées à chaud. Elles forment une pierre de taille utilisée pour les constructionsconstructions.

    À environ 20 km de Erevan, on trouve les gorges de Garni, creusées par une rivière dans une ancienne coulée de lave de trachybasalte clair, datée de 127.000 ans. Les gorges sont connues du fait de la présence de spectaculaires colonnes basaltiquesbasaltiques appelées  « Symphonie des pierres » .

    Plus loin, au lieu-dit Jraber, des tufs rhyolitiques contiennent des perlites blanches et des roches noires, de l'obsidienne, une roche vitreuse qui a servi à fabriquer des armes ou des outils pour nos ancêtres de la Préhistoire, comme dans le cas des gisementsgisements de cette roche un peu rare, et que l'on peut aussi trouver à Lipari, dans les îles éolienneséoliennes, ou encore à Milos, dans les Cyclades.

    Les lapillilapilli du volcan Gutanasar sont eux exploités comme isolants ou pour alléger des sols et ils retiennent l'eau pour des cultures hors solcultures hors sol comme l'explique Jacques-Marie Bardintzeff.