Le Krafla (Islande) était déjà un système volcanique exceptionnel de beauté. Et une région riche en ressources géothermiques. Qui s’apprête désormais à devenir également un site de recherche scientifique unique au monde. Une équipe internationale se prépare en effet à y créer un observatoire de magma souterrain.


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    L'endroit est merveilleux. Une caldeiracaldeira d'une dizaine de kilomètres. Un lac de cratère rempli d'une eau turquoise incroyablement limpide. Des champs de lave encore chauds. Des panaches de fumée et des bouillonnements sulfureux. Un cadeau de la nature.

    C'est au cœur de ce système volcanique toujours actif, le Krafla, qu'une équipe internationale de chercheurs s'apprête à prendre le départ de son « Voyage au centre de la Terre ». À quelques centaines de kilomètres seulement du Snæfellsjökull -- un volcan endormi du côté ouest de l'Islande -- par lesquels les héros de Jules VerneJules Verne s'étaient eux-mêmes lancés dans l'aventure.

    Au cœur du projet lancé en 2014, des scientifiques issus de 11 pays et de 38 instituts et entreprises. L'équipe « Krafla Magma Testbed (KMT) ». Un budget de près de 90 millions d'euros. Un seul objectif : forer à quelque deux kilomètres de profondeur pour atteindre la chambre magmatique du volcan. Et donner vie ainsi au tout premier observatoire de magma souterrain du monde.

    La centrale géothermique de Krafla (Islande) a été construite à la fin des années 1970. © Dmitry Naumov, Adobe Stockk
    La centrale géothermique de Krafla (Islande) a été construite à la fin des années 1970. © Dmitry Naumov, Adobe Stockk

    Pour la géothermie et les connaissances scientifiques

    Rappelons que les seules données dont les chercheurs disposent concernant le magma souterrain ont été recueillies suite à des « rencontres fortuites ». Lors de forages sur des volcans à Hawaï ou au Kenya. Et même déjà, du côté de Krafla. En 2009, alors que des géologuesgéologues creusaient la région pour étudier la possibilité d'exploiter de nouveaux champs géothermiques, leur trépan avait pénétré une poche de magma à plus de 900 °C !

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    Du magma à 900 °C -- dans une poche estimée à quelque 500 millions de mètres cubes --, ça permet de surchauffer des poches d'eau qui se situeraient à proximité. Et aux ingénieurs de mettre en œuvre des systèmes de production d'électricité renouvelable exploitant, en surface, une vapeur à pas moins de 450 °C. La température de vapeur volcanique la plus élevée jamais enregistrée. Avec un potentiel de production énergétique qui fait rêver. Puisque seulement deux puits permettant sa remontée suffiraient à produire autant que 19 puits exploitant une géothermie plus classique. Le projet KMT pourrait ainsi mener à des nouvelles exploitations géothermiques prometteuses.

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    Mais pour les volcanologuesvolcanologues, la surprise est plutôt venue de la faible profondeur à laquelle le forage s'est arrêté. À peine à 2,1 kilomètres sous la surface. Alors qu'ils pensaient devoir descendre à plus du double avant de tomber sur le magma du Krafla. Une aubaine pour les chercheurs qui eux, espèrent ainsi avoir accès à des informations qui pourraient s'avérer très utiles pour améliorer leurs systèmes de prévision des éruptions.

    Déjà, des travaux ont montré que le magma de cette poche présente des propriétés similaires à celles d'une éruption survenue en 1724. Il n'aurait donc pas moins de 300 ans. Et pourrait en plus permettre aux chercheurs de mieux comprendre notamment la dynamique des volcans et celle des systèmes géothermiques. Voire même apporter un éclairage sur l'origine des continents.

    Le premier forage est prévu pour 2024. Reste à savoir si les instruments sauront résister à un environnement aussi extrême. Et à espérer que l'opération ne déclenchera pas une éruption volcaniqueéruption volcanique. Même si en la matièrematière, les volcanologues semblent sereins. Rien de tel ne s'est produit lors des forages qui ont touché le magma par accidentaccident ces dernières années. « C'est comme piquer un éléphant avec une aiguille », assurent les chercheurs.