La seconde éruption de l’année 2021 fut tout à fait classique pour ce volcan sur l'île de la Réunion, localisée à l’intérieur de l’Enclos Fouqué inhabité qui accueille 98 % des éruptions. En conséquence, l’éruption n’a engendré aucun risque direct et fut un spectacle naturel grandiose que nombreux purent observer du bord de l’Enclos. Et même si le débit éruptif fut parfois impressionnant, aucune manifestation durant cette éruption ne fut particulièrement inhabituelle… jusqu’à l’observation de flammes bleu électrique à la fin de l’éruption, un phénomène exceptionnel pour le Piton de la Fournaise !  


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    L'éruption commencée le 22 décembre s'est arrêtée lundi matin, le 17 janvier, à 2 h 10 précisément. Comme l'on coupe un robinet, la Fournaise a fermé les vannes. Mais le spectacle n'était visiblement pas totalement terminé, car des observateurs ont remarqué de jolies flammes bleues s'exhalant d'un orifice formé dans la partie amont du cônecône éruptif édifié lors de cette éruption.

    Si ce phénomène volcanique rare a déjà été observé sur d'autres volcans, au Kawah Ijen en Indonésie notamment, il semble que ce soit sa première observation sur le Piton de la Fournaise...

    Des flammes bleues observées sur le Piton de la Fournaise, le 17 janvier 2022. © Lé bon la Réunion, YouTube

    Cette émissionémission de lumière bleuelumière bleue témoigne de la combustioncombustion du soufresoufre à très haute température. Plus précisément, le soufre à l'état de vapeur peut se combiner en une moléculemolécule de disoufre (S2) si la température est suffisamment élevée, mais elle est instable, excitée. Pour revenir à un état stable, elle émet de l'énergieénergie, à l'origine de cette émission de lumière bleue. Ce phénomène s'appelle la chimiluminescence.

    Ceci étant, le caractère exceptionnel de cette observation sur le Piton de la Fournaise pose question, car manifestement, le dégazage à très haute température et riche en soufre que ce phénomène requiert ne correspond pas à des conditions habituelles. Et si les hautes températures sont de coutume en période éruptiveéruptive, il est possible que le mélange des gazgaz volcaniques empêche une grande concentration du soufre dans le dégazage. Mais dans ce cas précis, il semble que cet orifice sur le cône éruptif ait permis au soufre de se concentrer à cet endroit, la fin de l'éruption permettant, elle, de maintenir des températures très élevées...

    Étonnantes flammes bleues sur le volcan Kawah Ijen, en Indonésie (à partir de 1’10). © Olivier Grunewald

    Une éruption classique, mais d’importance  

    C'est après un peu plus de deux heures d'une crise sismique qui accompagna la remontée du magma vers la surface, que l'éruption commença dans le secteur le plus actif de ces dernières années, au sud du cône sommital du volcan. Une fissure éruptive de 800 mètres de long s'ouvrit, libérant le magma sous pressionpression sous la forme d'une multitude de fontaines de lave de 20 à 30 mètres de haut tout du long de celle-ci.

    Mais, tour à tour, ces évents s'éteignirent et l'éruption se stabilisa dans la partie basse de la fissure et ce, jusqu'à la fin de l'éruption. L'éclatement des bulles de gaz arrivant du conduit volcanique à ce niveau permit la fragmentation d'une partie de la lave et la formation de projections volcaniques qui, en retombant aux alentours, ont construit un cône volcanique d'environ 30 mètres de haut.

    Si cette activité explosive est marquante pour les observateurs, bien que d'ampleur modeste au regard d'autres volcans, ces projections volcaniques ne représentent qu'environ 2 % du volumevolume total, le reste correspond aux coulées de lave !

    L’activité du 13 janvier 2022 en images. © Olivier Lucas-Leclin

    Le débitdébit important au départ de l'éruption engendra une première coulée de lave d'environ deux kilomètres de long vers le sud-est. Mais la diminution du débit et la formation de tunnels de lavetunnels de lave formèrent ensuite un champ de lave lisse à proximité du cône. Puis, le 6 janvier, sans doute sous l'effet d'une franche hausse du débit éruptif, le lac contenu dans le cône éruptif déborda et alimenta une longue coulée qui atteignit le rempart de l'Enclos après plus de trois kilomètres de parcours. Ce débit important perdura jusqu'à la fin de l'éruption, permettant au champ de lave de s'étendre sur plus de 200 hectares et à une coulée d'atteindre la base du NezNez Coupé du Tremblet, après un trajet de plus de cinq kilomètres. Le volume de cette éruption n'est pas encore connu, mais nul doute qu'il sera assez conséquent !


    Le Piton de la Fournaise s’agite dans son sommeil

    Les Réunionnais doivent-ils craindre une nouvelle éruption du Piton de la Fournaise avant la fin de l'année ? Certains signes laissent en effet penser que le volcan se prépare doucement, même si pour l'instant le réservoir magmatique reste stable.

    Article de Morgane GillardMorgane Gillard, publié le 18 novembre 2021

    Hier soir, 17 novembre 2021, un épisode d'activité sismique a été enregistré au niveau du Piton de la Fournaise, volcan emblématique de l'île de la Réunion. D'origine volcano-tectonique, ces 42 secousses ont été localisées sous la bordure nord du cratère Dolomieu, à faible profondeur.

    Le réservoir magmatique se recharge progressivement en magma

    D'après l'Observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise, ces petits séismesséismes de faible intensité indiquent que la pression continue à monter au sein du réservoir magmatique superficiel du volcan. Cette activité s'accorde avec la reprise de l'inflation des flancs depuis le 18 octobre dernier, date à laquelle les scientifiques avaient craint le début d'une nouvelle éruption à cause d'une brève injection de magma vers la surface. Tout s'était alors stoppé, mais ce regain d'activité sismique signifie que le réservoir continu à être réalimenté progressivement en magma. Cependant, aucune déformation rapide du sol n'a été mesurée au cours des dernières heures, un indice rassurant qui permet de dire que le magma n'a pour l'instant pas quitté le réservoir magmatique superficiel.

    Le niveau d’alerte vigilance toujours de mise

    Le Piton de la Fournaise est donc toujours en phase de sommeilsommeil, bien que léger, même si ces signes d'activité ont fait passer le volcan en niveau d'alerte vigilance. En effet, la pressurisation de la chambre magmatique peut entraîner la rupture du toittoit du réservoir, permettant alors la remontée du magma vers la surface et engendrant de fait une nouvelle éruption. Cependant, atteindre ce point de pression maximal peut prendre plusieurs jours à plusieurs semaines, et il n'est également pas exclu que le processus s'arrête de lui-même.

    Le cratère Dolomieu où a été enregistrée la dernière activité sismique © Bbb, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Le cratère Dolomieu où a été enregistrée la dernière activité sismique © Bbb, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Rien n'est donc sûr concernant une potentielle éruption à brève échéance mais la prudence reste de mise. Pour rappel, le Piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus actifs au monde et entre en éruption de façon très régulière. La dernière date de mai dernier et les données scientifiques font penser qu'une nouvelle éruption devrait probablement avoir lieu avant la fin de l'année.

    Coulée de lave lors de l’éruption de 2005. © Samuel A. Hoarau, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0
    Coulée de lave lors de l’éruption de 2005. © Samuel A. Hoarau, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

     

    Top 15 des volcans les plus dangereux

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    Le Mont Tavurvur, en Papouasie-Nouvelle-Guinée

    Le Mont Tavurvur est un volcanvolcan situé dans la baie de Rabaul, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Récemment, il est entré en éruption en 2014. Cette éruption a projeté de nombreuses cendres dans les environs.

    Les éruptions précédentes dataient de 1937, 1941, 1943 et 1994-1995. L'éruption de 1994-1995 a conduit à l'évacuation et la destruction de la ville de Rabaul, qui a perdu son statut de capitale depuis cette date.

    © Taro Taylor, CC by 2.0