Comme les jeunes enfants, les vaches ont pu apprendre à se retenir pour aller déféquer dans un petit coin dédié. Une expérience pas si anecdotique que ça, puisque cela pourrait avoir un effet sur le climat et la pollution des sols.


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    C'est une expérience assez inhabituelle à laquelle se sont livrés des chercheurs de l'université d'Auckland en Nouvelle-Zélande et du Farm Animal Biology au Leibniz Institute en Allemagne : ils ont appris à 11 veaux à se « retenir » quand ils ont envie d'uriner, pour se rendre dans un local spécifique dédié à cet effet. Les veaux ont été placés plusieurs fois par jour dans des latrines (un espace clos revêtu de gazon synthétique) jusqu'à ce qu'ils urinent, après quoi ils recevaient une récompense (boisson sucrée ou bâton d'orge). Lorsque les veaux urinaient dans l'allée, ils étaient à l'inverse aspergés d'eau. Après une dizaine de sessions de formation, 11 des 16 veaux ont ainsi appris à utiliser les latrines pour uriner 77 % du temps, rapporte l'étude publiée dans la revue Current Biology. « Les veaux apprennent la propreté plus vite que les jeunes enfants de 3 ans », atteste Jan Langbein, coauteur de l'étude.

    Il a suffi d’une dizaine de sessions de formation pour que les veaux apprennent à devenir « propres » en allant uriner dans des « toilettes ». © <em>Farm Animal Biology</em>
    Il a suffi d’une dizaine de sessions de formation pour que les veaux apprennent à devenir « propres » en allant uriner dans des « toilettes ». © Farm Animal Biology

    L’urine de vache, une source de pollution majeure

    Mais ce n'est pas par amusement ou par curiosité que Lindsay Matthews et ses collègues se sont donné autant de peine. Car derrière cette expérience à première vue anodine se cache un enjeu bien plus important : celui du réchauffement climatique. D'abord, l'urine stagnante peut endommager les sabots des vaches. Deuxièmement : l'urine et la bouse de vache, riches en azoteazote, se décomposent au fil du temps en nitrate, qui s'infiltre dans le sol et pollue les rivières et ruisseaux, produisant une eutrophisation de l'eau. Troisièmement, lorsque les déjections se mélangent, elles produisent de l’ammoniac, un gazgaz toxique tant pour les humains que pour les animaux. « En récupérant 80 % de l'urine de vache, on pourrait réduire les émissionsémissions liées à l'ammoniacammoniac de 56 % », atteste Jan Langbein.

    Plus d’urine capturée, plus de viande à manger !

    Mais surtout, lorsque les déjections se retrouvent dans le sol, elles sont dégradées par les bactériesbactéries qui produisent du protoxyde d’azote (N2O), un gaz 310 fois plus réchauffant que le CO2. Les épandages génèrent ainsi 130 millions de tonnes d'équivalent CO2 sous forme de N2O chaque année dans le monde, selon une estimation de Nature Foods. « Plus nous capturerons d'urine, moins nous aurons besoin de réduire le nombre de bovins pour atteindre nos objectifs en matièrematière de réduction d'émission de gaz à effet de serregaz à effet de serre et moins nous devrons faire de compromis sur la disponibilité du lait, du beurre, du fromage et de la viande, ajoutent les chercheurs. Notre étude révèle une occasion jusqu'ici inexplorée d'exploiter les capacités cognitives des animaux dans le but d'aider à résoudre des problèmes environnementaux urgents sans compromettre le bien-être des animaux. »

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    D'autres moyens ont déjà été inventés pour récupérer les déjections des vaches. La société néerlandaise commercialise par exemple un système nommé CowToilet, qui stimule un nerfnerf de la vache quand elle mange pour lui donner envie d'uriner. Le dispositif récupère alors l'urine dans une petite cuvette, ce qui permet de garder le sol sec.

     

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