Les vaches domestiques ont un cerveau 25 % plus petit que leur ancêtre sauvage. Et plus elles sont dociles, plus leur cerveau rétrécit. Les taureaux sélectionnés pour leur agressivité ont à l’inverse un cerveau beaucoup plus gros.


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    Il y a quelques mois, Futura vous révélait que la domestication des poules avait fait rétrécir leur cerveau. Une nouvelle étude montre aujourd'hui que les vaches ont subi le même sort. Dans un article publié dans la revue Proceedings of the Royal Society B., des chercheurs suisses ont découvert que les vaches domestiques avaient un cerveaucerveau en moyenne 25,6 % plus petit que leur ancêtre, l'auroch. Pour parvenir à cette conclusion, la paléontologuepaléontologue Ana Balcarcel et ses collègues de l'université de Zürich ont scanné les crânescrânes de treize aurochs issus de musées à travers l'Europe et les ont comparés avec ceux de 317 vaches et taureaux domestiques, représentant 71 races différentes. Ils ont ensuite estimé la taille de chaque animal pour ne pas biaiser les résultats (un plus gros animal ayant un cerveau proportionnellement plus gros), puis calculé le rapport entre la taille du cerveau et la taille de la vache.

    Taureaux de combat et vaches laitières

    Le résultat montre des différences significatives non seulement entre les vaches modernes et l'auroch sauvage, mais aussi entre les races de vaches elles-mêmes, et notamment en fonction de l'utilisation qui est faite de la vache. Les chercheurs ont ainsi partagé les races entre cinq catégories : les bovins sauvages, les bovins employés pour la tauromachie ou le rodéo, les bovins de parcs (ceux élevés dans des ranchs comme animal de loisir), les bovins à viande et les vaches à lait.

    En moyenne, les taureaux employés pour la tauromachie et sélectionnés principalement pour leur agressivité, montrent la plus faible réduction de la taille du cerveau par rapport à l'auroch (15,3 %). Les vaches élevées en parc, qui ont relativement peu de contacts avec les humains, ont elles aussi une réduction relativement faible (18,2 %). À l'inverse, les vaches laitières et vaches à viande, qui sont tous les jours au contact des humains, ont un cerveau respectivement 30,6 % et 24,9 % plus petit.

    Les vaches laitières sont celles dont le cerveau a le plus rétréci par rapport à leur ancêtre sauvage. © Rockin'Rita, Flickr
    Les vaches laitières sont celles dont le cerveau a le plus rétréci par rapport à leur ancêtre sauvage. © Rockin'Rita, Flickr

    Vaches, cochons, chiens et chats

    Le phénomène est en réalité largement partagé dans le règne animal : selon différentes études, le cochon domestique a un cerveau 34 % plus petit que celui du sanglier sauvage ; la réduction est de 24 % pour le mouton, 29 % pour le chien et 24 % pour le chat. Plus l'animal a des interactions avec l'être humain, et plus la réduction est importante.

    Tout cela s'explique facilement par la sélection génétiquegénétique, expliquent les auteurs. « Au fil du temps, les humains ont sélectionné les traits de caractère de docilité, indique Ana Balcarcel. On voit d'ailleurs que la partie du cerveau la plus affectée par la réduction de taille est le système limbiquesystème limbique, qui joue un rôle très important dans la peur et l'agressivité. La docilité rend les animaux non seulement plus faciles à élever, mais améliore aussi la qualité du lait et de la viande car ils sont moins stressés par les humains ».

    Tout cela ne dit rien de l'intelligenceintelligence de la vache. Car la taille du cerveau n'est pas forcément un signe fiable des capacités intellectuelles. Une étude parue en 2017 montre que les vaches sont capables de reconnaître les individus entre eux, de retenir des informations à long terme, d'apprendre des tâches complexes ou encore de construire des relations sociales. Docile, la vache, peut-être, mais pas crétine.

     

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