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Des gisements pourraient-ils être repérés à l'aide de microphones et d'ordinateurs ? Des chercheurs en sont persuadés et Shell a voulu tester l'idée. Ici, sa plate-forme Trident Monotower. Crédit : Shell
Pour étudier la structure du sous-sol, les géologuesgéologues analysent les ondes sismiquesondes sismiques émises naturellement par les tremblements de terreterre ou générées artificiellement par des camions vibreurs, des explosifs ou des micro-ondes. Mais il existe aussi un bruit de fond permanent: la croûte terrestrecroûte terrestre est parcourue des grondements incessants produits par les roches en mouvementmouvement.
Ordinairement, il faut supprimer ce bruit de fond pour extraire le signal émis par la source artificielle ou naturelle. Mais depuis plusieurs années, des géologues essaient de tirer parti de ces ondes continuelles. On pourrait ainsi se passer des sources réelles, aléatoires dans le cas des séismesséismes ou coûteuses à créer dans le cas des moyens artificiels. Mais le problème est complexe. Les sources du bruit de fond sont en effet multiples et leurs positions inconnues. Une fois générées, ces ondes sont réfléchies et interférèrent. C'est un peu comme si on essayait d'étudier les propriétés physiquesphysiques de l'eau en analysant la forme des vaguelettes générées par une multitude de gouttesgouttes de pluie.
Pour y parvenir, les géologues commencent à mettre au point une technique toute neuve appelée interférométrie sismique. L'interférométrieinterférométrie n'est pas une nouveauté. Elle consiste à utiliser les interférencesinterférences d'ondes différentes pour obtenir des informations sur leurs sources. Elle a trouvé d'innombrables applicationsapplications dans des domaines qui vont de l'astronomie à l'optique en passant par l'acoustique.
Surveiller la Terre
La méthode commence par l'installation d'un certain nombre de microphones, sortes de stéthoscopesstéthoscopes terrestres. Elle se poursuit ensuite sur le terrain informatique et mathématique. Il faut se lancer dans des analyses complexes pour reconstituer des éléments des structures souterraines. Kees Wapenaar et Evert Slob, deux chercheurs de la Delft Unversity of Technology (Hollande), et Roel Snieder, de l'Ecole des Mines du Colorado ont montré, sur le plan théorique, que la méthode pouvait faire bien mieux que ce que l'on pensait jusque-là et permettre notamment de détecter des gisementsgisements de gazgaz ou de pétrole.
L'équipe a été plus loin encore. Après avoir convaincu la compagnie Shell de l'intérêt de la méthode, Kees Wapenaar et un jeune chercheur, Deyan Draganov, ont testé la méthode « dans un désertdésert du Moyen-Orient ». En analysant dix heures d'ondes sismiques, les scientifiques disent avoir démontré que la méthode fonctionnait dans la pratique et pouvait être appliquée à la sismologiesismologie régionale et même la surveillance en continue des phénomènes souterrains.