Une nouvelle espèce de dinosaure de type sauropode a été découverte au Brésil. Mais celui-ci vivait près de 100 millions d’années avant les principaux dinosaures de cette catégorie et se déplaçait sur deux pattes.


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    Lorsqu'en 2012, Estefânia Temp Müller appelle son fils paléontologuepaléontologue pour lui signaler que son oncle a trouvé une étrange pierre dans sa propriété au sud du Brésil, elle est loin de se douter qu'elle a affaire à un fossile d'une valeur scientifique exceptionnelle. Car il s'avère que la pierre est en réalité une vertèbre fossilisée appartenant au plus ancien dinosaure à long cou jamais découvert. Une fois arrivé sur place, son fils constate en effet qu'il est en présence non pas d'un, mais de trois fossiles d'individus d'une toute nouvelle espèce.

    100 millions d’années avant les autres grands sauropodes

    C'est cette découverte qui est aujourd'hui relatée dans le journal Biology Letters. La nouvelle espèce, nommée Macrocollum itaquii, appartient à la catégorie des sauropodomorphes, les dinosaures au long cou, comme le brachiosaure ou le diplodocus. Mais si les grands sauropodessauropodes, dont les plus gros pouvaient atteindre 37 mètres de long et peser plus de 70 tonnes (soit la taille d'un Airbus A320) sont relativement courants dans la période du JurassiqueJurassique et du CrétacéCrétacé, c'est la première fois que l'on en trouve un aussi ancien : les fossiles dateraient du Norien (au milieu du TriasTrias supérieur), entre 233 et 225 millions d'années, soit 100 millions d'années avant le célèbre diplodocus.

    <em>Macrocollum itaquii, </em>un dinosaure à long cou, mesurait environ 3,5 mètres de long. © <i>Müller, R.et al. Biology Letters. 2018 </i>
    Macrocollum itaquii, un dinosaure à long cou, mesurait environ 3,5 mètres de long. © Müller, R.et al. Biology Letters. 2018 

    Macrocollum itaquii était lui de taille relativement modeste (3,5 mètres de long et 100 kgkg environ), n'ayant pas eu le temps d'évoluer vers le gigantismegigantisme des dinosaures du Crétacé. Mais c'est la taille de son cou qui impressionne : « Il est proportionnellement deux fois plus long que celui des précédents sauropodomorphes, tels que Buriolestes schultzi et Eoraptor lunensis  », atteste le paléontologue Rodrigo Temp Müller. Et encore, les fossiles trouvés appartiennent à de jeunes individus, ce qui signifie que les adultes pourraient être encore plus grands.

    Le long cou, un avantage compétitif dans l’accès à la nourriture

    Les scientifiques expliquent que le long cou des sauropodes leur servait à atteindre les feuilles des hauts arbresarbres, à la manière des girafesgirafes, leur donnant ainsi un avantage compétitif. L'analyse des dents de Macrocollum itaquii suggère d'ailleurs qu'il était essentiellement herbivoreherbivore. N'ayant pas atteint le gigantisme de ses successeurs, il se déplaçait encore sur deux pattes, comme l'atteste la longueur de son fémurfémur, plus long que le tibiatibia. Avec la quadrupédie, le cou des sauropodes a pu encore s'allonger jusqu'à 230 % de la taille de leur corps, mais ils ont dans le même temps perdu leur capacité à courir.

    2018, l’année des sauropodes

    L'année 2018 aura été particulièrement riche pour les sauropodes. En juillet, le plus ancien dinosaure géant, Ingentia prima, a été découvert en Argentine. Ledumahadi mafube, long de 12 mètres et pesant plus de 12 tonnes, a lui été identifié en octobre en Afrique du Sud. Avec Macrocollum itaquii, on s'aperçoit aujourd'hui que ce type de morphologiemorphologie remonte à bien plus longtemps qu'escompté.


    Un nouveau dinosaure à long cou découvert en Australie

    Article de Laurent SaccoLaurent Sacco publié le 24/10/2016

    Une nouvelle espèce de dinosaure herbivore, apparentée aux titanosaures, a été découverte en Australie et baptisée Savannasaurus elliottorum. Elle nous aide à mieux comprendre les migrations des dinosaures au cours des millions d'années à l'échelles des continents.

    C'est depuis longtemps un truisme que de dire que les dinosaures ont constitué un cladeclade de vertébrésvertébrés au succès évolutif particulièrement remarquable. Ils ont en effet formé un groupe d'animaux dominant durant environ 160 millions d'années. Pour preuve, on trouve actuellement leurs restes fossilisés sur tous les continents, du Canada à l'AntarctiqueAntarctique et du Maroc à l'Argentine en passant par l'Australie.

    Un article publié dans Scientific Reports par une équipe internationale de paléontologues illustre parfaitement cette affirmation. Il rapporte la découverte de deux dinosaures sauropodes en Australie, des herbivores à long cou ressemblant au fameux brontosaure de l'Amérique du Nord. L'un s'appelle Diamantinasaurus matildae mais celui qui défraie la chronique aujourd'hui se nomme Savannasaurus elliottorum. Comme il est souvent d'usage, son nom scientifique fait honneur à son découvreur, David Elliott. C'est donc, en français, le « reptilereptile des savanes d'Elliott ».

    Une représentation d'artiste de <em>Savannasaurus elliottorum</em>, qui vivait il y a 98 millions d'années. Ces animaux pouvaient probablement peser de 15 à 20 tonnes. © <em>Australian Age of Dinosaurs</em>, 2016, tous droits réservés
    Une représentation d'artiste de Savannasaurus elliottorum, qui vivait il y a 98 millions d'années. Ces animaux pouvaient probablement peser de 15 à 20 tonnes. © Australian Age of Dinosaurs, 2016, tous droits réservés

    Ce sauropode était bien un titanosaure jusque-là inconnu

    David Elliott n'est pas un paléontologue mais un éleveur de moutons de la région centrale du Queensland, tombé par hasard sur les premiers os de ce dinosaure en 2005. Il n'en était cependant pas à son coup d'essai car, en 1999, il avait découvert dans sa propriété les restes de ce qui était à l'époque le plus grand dinosaure australien. Sa trouvaille l'a conduit à fonder un musée local, l'Australian Age of Dinosaurs (AAOD), destiné à présenter au public les nombreux restes de fossiles de dinosaures qui commençaient à apparaître.

    Il a fallu dix ans aux paléontologues pour extraire patiemment de leur gangue de siltite, une roche sédimentaireroche sédimentaire apparentée au grèsgrès, les restes d'os fossilisés de S. elliottorum. Il apparaît maintenant qu'il s'agit bien d'une nouvelle espèce de sauropode faisant partie des titanosaures. Il vivait pendant le Crétacé, il y a environ entre 98 et 95 millions d'années. Les restes de l'animal retrouvé, haut de six mètres et long d'au moins 14 mètres, en font l'un des squelettes de dinosaures australiens du Crétacé les plus complets trouvés à ce jour.

    Une reconstitution de la paléogéographie des continents il y a environ 100 millions d'années. La future région de Winton où a été découvert le sauropode australien est indiquée. © <em>Colorado Plateau Geosystems</em>
    Une reconstitution de la paléogéographie des continents il y a environ 100 millions d'années. La future région de Winton où a été découvert le sauropode australien est indiquée. © Colorado Plateau Geosystems

    Savannasaurus elliottorum révèle l'histoire des dinosaures australiens

    La découverte d'une nouvelle espèce de dinosaure est bien sûr intéressante en soi, mais dans le cas présent, les paléontologues ont des raisons supplémentaires de se réjouir. Cette nouvelle espèce offre des informations supplémentaires sur l'histoire des dinosaures, en particulier celle de leur dissémination à travers le Globe, alors que les continents dérivaient et que le climatclimat changeait du Trias au Crétacé en passant par le Jurassique.

    Les origines des ancêtres de S. elliottorum semblent se trouver en Amérique du Sud et sa découverte en Australie laisse penser que pour la rejoindre'ils ont traversé ce qui allait devenir l'Antarctique, il y a 105 millions d'années. Ces continents s'étaient déjà en grande partie séparés du supercontinent Gondwana, lequel regroupait initialement l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Antarctique et l'Australie il y encore 160 millions d'années.

    Les ancêtres de S. elliottorum auraient donc traversé des ponts continentaux, d'abord entre l'Amérique du Sud et l'Antarctique puis l'Antarctique et l'Australie. L'Antarctique n'a jamais été complètement recouverte par des glaces pendant l'ère secondaireère secondaire mais pour leur migration, les dinosaures auraient profité d'une période plus clémente il y a 105 millions d'années.