Découverts il y a plus de 30 ans en Australie, des os fossilisés de ptérosaures révèlent aujourd’hui à quel point cette espèce de reptile volant a su coloniser les cieux du globe entier, et notamment la région polaire australe.


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    Il y a plus de 30 ans, une équipe de paléontologuespaléontologues faisait la découverte de deux os fossilisés au niveau du Cap Otway, à l'extrémité sud-est du continent australien. Attribués à des ptérosaures, ces restes fossiles ont ensuite été remisés dans les collections paléontologiques sans être précisément décrits. Leur position et surtout leur âge en font pourtant des fossiles de première importance pour comprendre l'évolution de ces reptiles volants qui ont dominé le ciel du Crétacé.

    Les plus vieux ptérosaures retrouvés en Australie à ce jour

    Une équipe de chercheurs de l'Université de Curtin a donc dépoussiéré ces vieux ossements, plus précisément un os de pelvis et un os d'aile. Leurs observations ont permis de confirmer qu'il s'agit bien des plus anciens spécimens de ptérosaures découverts à ce jour sur le territoire australien. Âgés de 107 millions d'années, ils auraient en effet vécu à la fin du Crétacé inférieur. Les scientifiques révèlent également qu'il s'agit bien de deux individus distincts, l'os du pelvis ayant appartenu à un individu adulte possédant une envergure de plus de deux mètres et le petit os d'aile ayant plutôt appartenu à un jeune ptérosaure. Il s'agirait ainsi du premier spécimen juvénile découvert en Australie.

    Un ptérosaure prenant son envol au-dessus des terres de l'Australie, il y a 107 millions d'années.  © Peter Trusler
    Un ptérosaure prenant son envol au-dessus des terres de l'Australie, il y a 107 millions d'années.  © Peter Trusler

    Des ptérosaures capables de survivre à la longue nuit polaire ?

    Mais ce qui intéresse le plus les scientifiques, c'est que cette découverte révèle la capacité qu'avaient les ptérosaures à vivre au-delà du cercle polaire. Eh oui, car il y a 107 millions d'années, le continent était bien loin de sa position actuelle. L'Australie était en effet encore liée à l'AntarctiqueAntarctique, au sein d'un vaste paléocontinent nommé Gondwana. Si l'ouverture entre les deux continents débute il y a environ 145 millions d'années, elle ne sera effective que bien plus tard, vers 80 millions d'années, avec l'ouverture de l'océan sud-est indien qui poussera l'Australie vers le nord, jusqu'à sa position actuelle. Ainsi, du temps des deux ptérosaures, la région du Cap Otway se trouvait à de très hautes latitudeslatitudes, entre 70 et 85°S, proche, donc, du pôle Sud.

    Les restes de ptérosaures ont été retrouvés dans la formation d'Eumeralla, proche du Cap Otway (encadré figure 1, zone verte EF sur la figure 2). Au milieu du Crétacé, cette région faisait encore partie du Gondwana, l'Australie n'étant pas encore séparée de l'Antarctique et donc dans une position bien plus au sud que l'actuelle (figure 3). © Matthew C. Herne, Jay P. Nair, Alistair R. Evans and Alan M. Tait, Wikimedia Commons, CC by 4.0
    Les restes de ptérosaures ont été retrouvés dans la formation d'Eumeralla, proche du Cap Otway (encadré figure 1, zone verte EF sur la figure 2). Au milieu du Crétacé, cette région faisait encore partie du Gondwana, l'Australie n'étant pas encore séparée de l'Antarctique et donc dans une position bien plus au sud que l'actuelle (figure 3). © Matthew C. Herne, Jay P. Nair, Alistair R. Evans and Alan M. Tait, Wikimedia Commons, CC by 4.0

    Ces données, publiées dans la revue Historical Biology, montrent que les ptérosaures étaient donc capables de vivre dans un environnement polaire, gouverné par des variations extrêmes d'ensoleillement au cours de l'année, avec notamment une nuit quasi perpétuelle durant l'hiverhiver austral, et de rudes conditions climatiques. Migraient-ils vers le nord durant la période hivernale, notamment pour se reproduire, ou avaient-ils trouvé la façon de survivre sur place ? Les résultats n'apportent pour l'instant pas de réponse à ces questions, même si la présence d'un juvénile suggère qu'ils étaient capables de se reproduire dans les conditions peu favorables de ces hautes latitudes.