Après les sécheresses classiques, place aux sécheresses éclair. Ce phénomène météo ultrarapide peut assécher une zone en l’espace de quelques semaines, voire moins, et cause des dégâts majeurs sur la végétation. Contre toutes attentes, les régions tempérées et humides sont les plus concernées, et en particulier, l’Europe.


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    Le changement climatique modifie les caractéristiques de certains phénomènes météométéo : les sécheresses sont à la base un phénomène qui s'inscrit dans la duréedurée, et l'installation de celles-ci nécessite des mois, ou bien des années, de déficit de précipitations. Ce manque d'eau doit être persistant sur le long terme pour générer une véritable situation à risque. Une sécheresse classique ne se produit pas en quelques jours, ni en quelques semaines.

    Une sécheresse catastrophique peut s’installer en un mois seulement

    Sauf que l'évolution actuelle du climat est à l'origine d'un nouveau type de sécheresse : la sécheresse éclair, qui peut se mettre en place de manière violente en l'espace de quelques semaines seulement. Dans les cas les plus extrêmes, la sécheresse éclair peut même survenir en l'espace d'une semaine ! La durée de ces sécheresses ultrarapides est généralement de 30 à 45 jours : cela suffit à causer de gros dégâts sur la végétation, surtout si l'événement se produit en dehors de la saison habituellement sèche (l'été).

    Une nouvelle étude publiée dans Science explique que les sécheresses se sont en effet accélérées, et intensifiées, depuis les années 1950. Environ 74 % de la planète est maintenant concernée par le risque de sécheresse éclair. Les sécheresses éclair deviennent de plus en plus un phénomène banal, selon les chercheurs, et non plus un événement extraordinaire. Ce n'est qu'en 2012 que les États-Unis ont commencé à utiliser le terme pour qualifier la sécheresse exceptionnelle de cette année-là : beaucoup d'États américains sont passés d'une sécheresse inexistante, avec des sols en bonne santé, à une sécheresse sévère en l'espace d'un mois seulement.

    La sécheresse éclair est la conséquence de trois facteurs

    Le phénomène a des causes multiples, qui s'additionnent, pour finalement donner lieu à un événement aussi soudain qu'intense :

    • le réchauffement climatiqueréchauffement climatique lié aux activités humaines, qui provoque une hausse des températures et par conséquent davantage d’évapotranspiration. À cause de la chaleurchaleur, l'eau s'évapore en grande partie avant de pouvoir pénétrer dans les sols ;
    • la transformation des terres joue également un rôle important, en dénudant les terresterres naturelles de leurs végétaux, ou en surexploitant les terres pour l'agricultureagriculture intensive ;
    • la mauvaise gestion des ressources en eau, avec des prélèvements trop importants pour la consommation humaine, les industries, l'agriculture et les loisirs.
    Après la hausse des températures, la transformation des terres, comme l'agriculture intensive, est un facteur aggravant pour les sécheresses éclair. © 5892437, Pixabay
    Après la hausse des températures, la transformation des terres, comme l'agriculture intensive, est un facteur aggravant pour les sécheresses éclair. © 5892437, Pixabay

    L’Europe, région du monde la plus menacée par ces sécheresses ultrarapides

    Les régions du monde les plus touchées par ces sécheresses éclair sont à la base, les plus humides, et non les plus arides comme on pourrait le croire : l’Europe (dont la France) semble la plus touchée et la tendance se confirme dans toutes les prévisions climatiques, du scénario le plus optimiste au plus pessimiste.

    Les autres régions les plus concernées sont le nord de l'Asie, le sud de la Chine, l'est et le nord-ouest de l'Amérique du Nord, et l'Amazonie. Dans ces zones, le premier facteur des sécheresses éclair est l'évapotranspiration, largement accentuée par la hausse des températures.   


    Qu'est-ce que les sécheresses éclair que redoutent les scientifiques ?

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, écrit le 4 avril 2022

    Au cours de l'été 2012, une sécheresse éclair survenue au pire des moments dans le centre des États-Unis a provoqué le flétrissement de la récolte de maïsmaïs. Résultat : plus de 35 milliards de dollars de perdus. Et des chercheurs nous préviennent aujourd'hui : les sécheresses éclair sont de plus en plus... éclair ! 

    Les crues éclair, c'est malheureusement quelque chose que nous connaissons tous aujourd'hui. Mais savez-vous que le phénomène inverse existe aussi. Celui que les scientifiques qualifient de sécheresse éclair. Qui en quelques jours seulement peut assécher les sols, anéantir les récoltes et causer d'énormes pertes économiques. Même si elles ne durent pas plus de quelques semaines. Et des chercheurs de l’université du Texas à Austin (États-Unis) nous apprennent aujourd'hui que si ces sécheresses extrêmes ne se sont pas multipliées ces deux dernières décennies, un plus grand nombre d'entre elles font aujourd'hui effet plus rapidement.

    Il ressort de leur analyse que les sécheresses éclair dont l'effet est le plus rapide -- qui assèchent les sols en seulement cinq jours -- ont augmenté d'environ 3 à 19 %. Et dans les régions les plus sensibles -- l'Asie du sud et du sud-est et le centre de l'Amérique du nord --, l'augmentation a même atteint les 22 à 59 %.

    Limiter les effets des sécheresses éclair

    Selon les chercheurs, une fois de plus, le réchauffement climatique pourrait être en cause. « Chaque année, nous assistons à des épisodes de réchauffement record et ce sont de bons précurseurs de ces sécheresses éclair », précise Zong-Liang Yang, chercheur, dans un communiqué de l’université du Texas.

    L'étude des sécheresses éclair reste récente. Mais les chercheurs disposent aujourd'hui d'outils et de modèles qui leur permettent d'y voir plus clair. Ils sont par exemple parvenus à identifier des régions sensibles. Celles dans lesquelles on observe des variations saisonnières d'humidité comme en Asie du sud-est, dans le bassin amazonien et sur la côte est et la côte du golfe des États-Unis. Des régions dans lesquelles la probabilité de sécheresse des sols et d'aridité atmosphérique simultanées est élevée. Des régions sur lesquelles les chercheurs devront tout particulièrement se concentrer pour trouver des solutions pour minimiser les effets néfastes de tels épisodes.