Une étude réalisée dans le sud-ouest de la France révèle le cocktail météo idéal pour obtenir un vin de Bordeaux de qualité. Et le résultat est surprenant : le temps complètement détraqué que nous connaissons de plus en plus, avec une accentuation de la chaleur l'été et des saisons chamboulées, est profitable à la qualité du vin.


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    Le changement climatique va-t-il nuire à la qualité des vins ? Non, bien au contraire selon une étude réalisée sur les vins de Bordeaux et publiée dans iScience le 11 octobre. Alors qu'il est un désastre pour la majeure partie de la biodiversité, le réchauffement climatique aurait un impact positif sur la vigne et les raisins. Les chercheurs de l'université d'Oxford ont étudié 50 ans de données, en croisant celles sur la qualité des vins et celles des stations météo. Et  le constat est clair : les étés très chauds profitent au vin. Mais à une condition, sous réserve que l'hiver ait été assez pluvieux. La qualité du vin dépend entièrement de la météo, précise Oxford, et pas seulement au cours de la période de croissance et de maturation, mais également au cours de la phase de dormance, en plein hiver.

    Le vin est plus intense et plus sucré

    Et loin de se dégrader avec des conditions météo de plus en plus chaudes ces dernières années, la qualité du vin s'est améliorée entre 1950 et 2020 : la chaleurchaleur des étés a joué un rôle certain, explique l'étude, mais aussi les avancées technologiques, ainsi qu'une meilleure compréhension des goûts des consommateurs. La saveur est désormais plus intense, plus sucrée et moins acideacide : exactement ce que produit un climat de plus en plus chaud. L'allongement de la saison estivale et la réduction de la saison hivernale, a également une influence positive sur les raisins.

    Les fortes chaleurs l'été sont très bénéfiques à la qualité du vin : la saveur est plus sucrée, plus forte, et moins acide. © PhotoMIX-Company, Pixabay
    Les fortes chaleurs l'été sont très bénéfiques à la qualité du vin : la saveur est plus sucrée, plus forte, et moins acide. © PhotoMIX-Company, Pixabay

    Un vin de meilleure qualité mais combien de temps encore ?

    Les prévisions climatiques pour la région de Bordeaux envisagent une accentuation des fortes chaleurs l'été, avec des précipitationsprécipitations toujours copieuses l'hiver. Le futur s'annonce donc très optimiste pour la qualité du bordeaux, estime l'université d'Oxford. Les vins devraient même être « encore meilleurs » dans le futur d'après les chercheurs. Mais cela a tout de même des limites : jusqu'à quel point la chaleur va-t-elle s'intensifier dans ces prochaines dizaines d'années ?

    Si les températures montent vraiment très hauts, alors les vignes finiront par souffrir. Pour les maintenir en bonne santé dans un contexte anormalement chaud, davantage d'eau sera nécessaire, ce qui pointe un autre problème : le manque d'eau grandissant dans la moitié sud l'été, avec des réserves qui s'épuisent et qu'il faudra de plus en plus partager entre la population, les agriculteurs, les éleveurs et les industriels. Le vin de Bordeaux va donc continuer à s'améliorer jusqu'au moment où la chaleur sera si extrême, et la sécheressesécheresse si sévère, que les vignes ne survivront plus.


    Avec le réchauffement climatique, le vin sera-t-il meilleur ?

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman, écrit le 3 septembre 2017

    Les vendanges 2017 sont en avance dans toutes les régions et les prévisions annoncent une cuvée maigre mais de bonne qualité. La situation correspond aux conclusions d'une étude de 2016 conduite par la NasaNasa et l'université d'Harvard, aux États-Unis, rapportée par Futura. Elle montrait que les vendanges précoces observées ces dernières décennies sont dues au changement climatique. Ce phénomène aurait un impact sur le vin qui serait de meilleure qualité. Mais pour combien de temps encore ?

    Chaque année, on l'entend dans divers médias qui s'en font l'écho : les vendanges ont lieu de plus en plus tôt. En France, et aussi chez tous nos voisins où l'on cultive la vigne. S'agit-il seulement d'une impression ou est-ce vraiment une tendance sur le long terme liée au changement climatique ? Pour la Nasa et l'université d'Harvard (États-Unis) avec laquelle elle s'est associée pour mener l'enquête, il est clair que la hausse des températures moyennes en est la cause. Le phénomène a même considérablement augmenté à partir de la seconde moitié du XXe siècle.

    En consultant les documents historiques de plusieurs terroirs français et suisses entre 1600 et 2007, l'équipe de Benjamin Cook, climatologueclimatologue à l'institut Goddard de la Nasa et au Lamont Doherty Earth Observatory de l'université ColumbiaColumbia, a relevé que durant près de quatre siècles, les vendanges qui survenaient plus tôt étaient consécutives à des printemps et des étés plus chauds et secs que d'ordinaire.

    Cependant, à partir des années 1980, il apparaît qu'elles sont de plus en plus précoces, même lorsqu'il n'y a pas eu de sécheresse. « Il y a des preuves croissantes que le changement climatique a causé des récoltes plus tôt dans ces régions au cours des dernières décennies », indique l'auteur principal de l'étude qui vient d'être publiée dans la revue Nature Climate Change. Selon lui, tout indique que « les paramètres climatiques ont changé ».

    L’enquête suggère que les meilleurs vins coïncident avec les années aux printemps plus pluvieux que d’ordinaire et aux étés chauds et plus secs en fin de saison. © Elizabeth Wolkovich, université d'Harvard
    L’enquête suggère que les meilleurs vins coïncident avec les années aux printemps plus pluvieux que d’ordinaire et aux étés chauds et plus secs en fin de saison. © Elizabeth Wolkovich, université d'Harvard

    Pourquoi les vins seraient-ils meilleurs ?

    Les chercheurs ont pu recouper les dates des vendanges connues depuis plus de 400 ans avec des données climatiques issues de récits historiques et de la dendrochronologiedendrochronologie (cernes des arbresarbres), auxquelles se sont ajoutées plus récemment, depuis environ un siècle, les mesures plus précises des températures et des précipitations. Enfin, les considérations qualitatives des millésimes de Bourgogne et Bordeaux depuis le début du XXe siècle leur ont permis de les mettre en relation.

    Il est ainsi apparu qu'en règle générale, les meilleures années pour le vin sont celles qui ont connu des précipitations plus importantes que la moyenne au moment de la reprise de la végétation, au printemps, suivies d'étés chauds et d'une fin de saison sèche. « Cela procure beaucoup de chaleur et d'humidité à la vigne pour croître au début de la saison, explique Elizabeth Wolkovich, écologueécologue à Harvard, tandis que des conditions plus sèches un peu plus tard dans la saison décalent la croissance végétative et une plus grande production de fruits. »

    L'équipe conclut que l'impact des sécheresses a diminué ces dernières décennies suite au changement climatique. Aussi, la hausse des températures provoque-t-elle des vendanges de plus en plus précoces qui, souvent, ont donné des vins de meilleure qualité. « Nos résultats montrent cependant que le changement climatique affecte aujourd'hui les récoltes, et que les modèles d'antan - avec des sécheresses provoquant des vendanges précoces et des vins de haute qualité - ont déjà évolué, note Benjamin Cook. Que peut faire la viticulture face à cette situation ? Les viticulteurs devront sans doute envisager de changer leurs pratiques pour s'adapter à un monde régi par de nouvelles lois climatiques. »