Depuis le début de l’ère industrielle, la Terre s’est réchauffée de 1,1 °C. En cause : nos émissions de gaz à effet de serre. Parviendrons-nous à limiter la montée des températures à 1,5 °C ? Voire à 2 °C ? Des chercheurs nous appellent aujourd’hui à l’optimisme. Explications.


au sommaire


    Est-il encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des moyennes préindustrielles ? Un certain nombre de pessimistes seront tentés de répondre non. La plupart des scientifiques aussi. Sauf, comme le rappelait le dernier volet du 6e rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) publié en début de mois, à consentir avant les trois prochaines années, et pour plusieurs décennies ensuite, des réductions drastiques de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre (GES). De l'ordre de 37 % d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 2010 !

    Voir aussi

    La probabilité d’atteindre +1,5 °C de réchauffement augmente à vue d’œil

    Les ambitions actuelles des gouvernements en la matièrematière ne sont pas à la hauteur. Des chercheurs de l’université de Melbourne (Australie) soulignent toutefois aujourd'hui que pour limiter le réchauffement climatique à 2 °C -- avec une probabilité d'au moins 50 % --, il nous suffirait de tenir les objectifs de baisse de notre empreinte carbonecarbone pour 2030 fixés en 2015 par l'Accord de Paris sur le climat et actualisés lors de la 26e Conférence des parties signataires de la Convention climat (COP26) tenue fin 2021 à Glasgow (Écosse). Mais aussi, ceux fixés pour l'échéance un peu plus lointaine du milieu de ce siècle.

    Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont passé au crible les objectifs de 196 pays, mais aussi les données disponibles sur les émissions de GES notamment dans le secteur des transports. Leurs travaux donnent les émissions de l'ensemble de l'économie au niveau national à partir des données et des promesses climatiques puis les agrègent au niveau mondial. Ils utilisent ensuite des simulations climatiques probabilistes pour déduire le réchauffement futur.

    Tenir les promesses

    Ce monde promis à seulement un demi-degré de réchauffement de plus reste caractérisé par les scientifiques comme profondément perturbé, avec des tempêtes plus violentes, un niveau de la mer plus élevé, des extinctions dans les règnes animal et végétal, la probable disparition des coraux, la fontefonte des glaces et des populations mourant de chaud ou de maladies liées à la pollution atmosphérique. Mais les chercheurs australiens ont choisi d'adopter un point de vue résolument optimiste. Ainsi, ils n'ont examiné que les résultats à attendre si les gouvernements respectent leurs promesses. Sans vérifier s'ils font réellement les efforts attendus. Ni même que ces efforts sont crédibles.

    Les chercheurs australiens rappellent qu'il y a quelques années seulement, personne ne croyait possible que des objectifs suffisants à limiter le réchauffement à 2 °C puissent être fixés. « Il y a un an encore, les promesses des pays mises bout à bout ne nous permettaient pas de rester sous cette barre symbolique », commente Malte Meinshausen, professeur à l'université de Melbourne, dans un communiqué. Pourtant, dans ce monde idéal que les chercheurs imaginent aujourd'hui, les coûts des énergiesénergies solaire et éolienne, par exemple, continuent à baisser. Et certains pays pourraient même en venir à dépasser leurs objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.

    « Même si nous n'avons plus de marge d'erreur, il y a de l'espoir », affirment les chercheurs. Un espoir qui vient notamment des pays en développement. Ainsi, même s'il a pour échéance 2070, l'Inde a enfin fixé un objectif de zéro émission nette. « La réduction de l’utilisation des combustibles fossiles au cours de cette décennie devrait être la priorité numéro un pour le climat », conclut Malte Meinshausen.