La neige en montagne, ce n’est pas seulement important pour les professionnels du tourisme. Ça l’est aussi pour d’autres activités socio-économiques, pour le climat et la biodiversité. Malheureusement, des chercheurs nous confirment aujourd’hui que peu à peu, la neige disparaît des Alpes.


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    Les Alpes, c'est tout simplement la plus grande chaîne de montagnes d'Europe. Mais, dans les Alpes, on ne fait pas que skier. La région est bien plus qu'une destination touristique. Les zones montagneuses couvertes de neige apparaissent en effet essentielles aux animaux pour la recherche et la mise en cache de nourriture ainsi que pour la nidification. La perte d'habitats enneigés sous l'effet du réchauffement climatique anthropique a déjà entraîné une diminution de la croissance démographique de certains animaux de montagne. Des grenouilles, des rongeurs ou encore des petits carnivores.

    De manière plus globale encore, les zones enneigées fournissent une précieuse électricité renouvelable et jusqu'à 90 % de l'eau douce aux plaines européennes. Elles sont aussi réputées pour aider à soulager les régions de montagne et leurs sols du stressstress climatique. Mais aujourd'hui, des chercheurs de l’université de Padoue (Italie) publient de bien mauvaises nouvelles à ce sujet.

    Trouver des stratégies d’adaptation

    Une étude des anneaux de plus de 550 genévriers de haute altitude leur a permis de calculer que la duréedurée de la couverture de neige dans la région des Alpes du Val Ventina (Italie) est en baisse. Une baisse qualifiée de « sans précédent » puisqu'elle est désormais de 36 jours inférieure à la moyenne des 600 dernières années ! Une baisse du nombre de jours d'enneigement de 5,6 % par décennie depuis 1971. Alors que d'autres études avaient déjà conclu à une baisse de la couverture neigeuse. De 8,4 % par décennie sur la même période.

    Les chercheurs notent tout de même que si la validité de leurs résultats semble acquise pour la région étudiée, elle reste pour l'heure difficile à généraliser à l'ensemble de la chaîne des Alpes. Ils soulignent quoi qu'il en soit, le besoin urgent de développer des stratégies d'adaptation au réchauffement climatique anthropique pour certains des secteurs environnementaux et socio-économiques les plus sensibles de cette région.


    Réchauffement climatique : les Alpes ont perdu un mois de neige en l'espace de 50 ans

    Une trentaine de scientifiques de six pays alpins, Autriche, France, Allemagne, Italie, Slovénie et Suisse, ont rassemblé les données de cinq décennies d'enneigement dans les Alpes afin d'analyser l'épaisseur de neige. Transfrontalière et harmonisée, cette étude est, à ce jour, la plus complète, et démontre, malgré les variations climatiques respectives de chacun des pays, une même constante : les hivers raccourcissent.

    Article de l'INSU publié le 31/02/2021

    Le massif alpin a perdu un mois de neige depuis 1971. © Hakan Ozturk, Adobe Stock
    Le massif alpin a perdu un mois de neige depuis 1971. © Hakan Ozturk, Adobe Stock

    Jusqu'à présent, les études menées au sujet de l'évolution de l'enneigement se limitaient à des zones assez restreintes de la région alpine et se basaient sur les données de quelques centaines de stations de mesure au maximum. Aujourd'hui, pour la première fois, une étude coordonnée par Eurac Research et associant des chercheurs du CNRM et de la Direction de la ClimatologieClimatologie et des Services Climatiques de MétéoMétéo-France a permis de recueillir et d'analyser systématiquement des données d'enneigement provenant de plus de 2.000 stations de mesure en Italie, en Autriche, en Slovénie, en Allemagne, en Suisse et en France.

    Les résultats ont permis de décrire de manière fiable les tendances de l'enneigement jusqu'à 2.000 mètres d'altitude. Au-delà, il n'y a pas assez de stations de mesure pour pouvoir extraire des informations fiables pour l'ensemble de l'espace alpin. Cet ensemble de données cohérent s'étend sur cinq décennies et a été créé grâce à la collaboration de plus de 30 scientifiques de chacun des États alpins.

    Classification des stations de mesure de hauteur de neige utilisées pour cette étude, rassemblées en fonction de leurs points commun en matière de caractéristiques d’enneigement. Les plages de couleur correspondent aux régions climatologiques identifiées dans une étude précédente <a href="https://www.researchgate.net/publication/227724717_HISTALP_-_historical_instrumental_climatological_surface_time_series_of_the_Greater_Alpine_Region_HISTALP" target="_blank">(HISTALP, Auer et <em>al.</em>, 2007)</a> sur la base de données de température, précipitation, pression atmosphérique, ensoleillement et couverture nuageuse. © Michael Matiu, Institut d'observation de la Terre, <em>Eurac Research</em>
    Classification des stations de mesure de hauteur de neige utilisées pour cette étude, rassemblées en fonction de leurs points commun en matière de caractéristiques d’enneigement. Les plages de couleur correspondent aux régions climatologiques identifiées dans une étude précédente (HISTALP, Auer et al., 2007) sur la base de données de température, précipitation, pression atmosphérique, ensoleillement et couverture nuageuse. © Michael Matiu, Institut d'observation de la Terre, Eurac Research

    La durée de l'enneigement diminue

    Les données, qui couvrent la période 1971-2019, montrent que la neige est inégalement répartie et ne diminue pas partout dans la même mesure mais la variabilité décennale est similaire dans toute la région alpine. Les années 1970 et 1980 ont été généralement enneigées, suivies d'une période de rareté de la neige en hiver à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

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    Depuis lors, bien que l'épaisseur de la neige ait à nouveau augmenté dans une certaine mesure à haute altitude, elle n'a pas atteint le niveau des années 1970. La durée d'enneigement a diminué de 22 à 34 jours au cours des 50 dernières années, en particulier à basse et moyenne altitude. Le manteaumanteau neigeux y a tendance à se constituer plus tard en hiver et, à toutes altitudes, à disparaître plus tôt au printemps, une conséquence directe du changement climatique.

    Au-delà des résultats intrinsèques de cette étude, cette collecte de données complète et unifiée est un outil particulièrement précieux. Les auteurs le mettent à la disposition de l'ensemble de la communauté scientifique et espèrent qu'il pourra être enrichi par de futures études.