C’est une question qui a suscité beaucoup de débats dans la communauté des météorologues et des climatologues ces dernières semaines : la violence exceptionnelle des feux qui ont débuté le 7 janvier en Californie est-elle majoritairement liée au réchauffement climatique ? La réponse n’est pas si évidente à en croire les différents organismes scientifiques, et seules les études d’attribution peuvent donner une réponse.


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    L'organisme pionnier en ce qui concerne la discipline, World Weather Attribution, vient de sortir son rapport sur les causes de la catastrophe survenue en Californie. L'origine des feux ne fait plus aucun doute : tous ont été déclenchés, soit par la main de l'Homme de manière intentionnelle, soit par les infrastructures et activités humaines de manière accidentelle. L'hypothèse des feux d’artifice a été émise, mais aussi celles des lignes électriques endommagées par les vents puissants. Les feux de forêt sont récurrents et classiques dans le sud de la Californie, mais c'est la propagation ultra rapide qui interroge.  

    Les alertes maximales aux feux sont de plus en plus nombreuses avec le réchauffement

    En général, les pluies qui tombent entre octobre et décembre sur la région empêchent les vents de Santa Ana de provoquer ou d'aggraver des incendies. Cependant, aucune pluie significative n'est tombée sur la région depuis mai 2024. La végétation était donc très inflammable, d'autant plus en raison de la croissance exceptionnelle des plantes liée aux fortes pluies des deux années précédentes. Face à ces conditions météométéo et à l'état de la végétation, le sud de la Californie était donc placé en alerte maximale, le niveau « extreme fire index » avait été déclenché.

    En comparant les conditions météo du passé (avant les effets du réchauffement climatique) à celles de nos jours, les chercheurs ont constaté que le niveau d'alerte maximale aux feux est 35 % plus probable de nos jours, et 6 % plus fort en intensité qu'avant 1900. Selon les calculs des modèles de prévision climatique, si le réchauffement atteint + 2,6 °C d'ici 2100 (actuellement à 1,4 °C), la probabilité d'une alerte maximale aux feux va encore augmenter de 35 % et son intensité de 3 %. Alors que pendant la période préindustrielle avant 1900, une sécheresse marquée à l'automne se produisait en moyenne une fois tous les 40 ans en Californie, elle se produit désormais une fois tous les 20 ans. La saisonsaison sèche prend en général fin entre septembre et octobre dans cette partie de la Californie, mais elle a tendance à être de plus en plus tardive : celle-ci se termine en moyenne 23 jours plus tard qu'avant 1900, selon World Weather Attribution, ce qui permet aux feux de continuer à se développer facilement jusqu'en hiverhiver.

    D’autres scientifiques affirment que la variabilité naturelle a joué un grand rôle

    Sans nier l'impact du réchauffement climatique, le département d'étude du climatclimat et des feux de l'université californienne Ucla livre des conclusions qui diffèrent un peu de celles de World Weather Attribution : l'aggravation explosive des incendies autour de Los Angeles serait à 75 % attribuable à la variabilité naturelle de la météo, et à 25 % au réchauffement. Selon l'université californienne, le premier facteur d'aggravation des feux est la force du vent exceptionnelle, qui n'aurait pas de lien prouvé avec le réchauffement climatique. D'après ces chercheurs, « sans le réchauffement climatique, les feux auraient tout de même été extrêmes, mais un peu plus petits ».

    Toutes les différentes études s'accordent au final sur l'impact aggravant du réchauffement climatique, mais les résultats diffèrent sur la part exacte de celui-ci comparée à la variabilité naturelle.