L'influence de l'être humain sur le dérèglement climatique est clairement établie. Les experts du Giec ont bouclé leur sixième rapport d'évaluation avec ce troisième et dernier volet, martelant l'urgence de réduire immédiatement les émissions de GES pour éviter des dommages « irréversibles » et s'assurer « un avenir vivable ».


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    Un réchauffement qui s'accélère, des impacts qui s'intensifient causant des souffrances sans précédent à l'humanité responsable de cette dévastation, et un seul moyen d'éviter le pire, réduire drastiquement les émissionsémissions de gaz à effet de serre.

    Voici les principales conclusions du sixième cycle d'évaluation des experts climat de l'ONU (Giec) décliné en quelque 10.000 pages et trois rapports -- physiquephysique du climat, impacts et adaptation, solution de réduction des émissions -- publiés en août 2021, février 2022 et ce lundi 4 avril 2022. Comme les précédents cycles d'évaluation qui ont lieu environ tous les six ou sept ans depuis 1990, cette trilogie servira de référence pour les prochaines années.

    Plus aucun doute sur la cause anthropique

    N'en déplaise aux climato-sceptiques, les preuves scientifiques ont levé les moindres doutes qui pouvaient subsister : les humains sont « indiscutablement » responsables du réchauffement de la Planète qui a gagné environ +1,1 °C depuis l'ère pré-industrielle.

    Le rythme d'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère entre 1900 et 2019, largement liée aux énergies fossiles, est au moins dix fois plus élevé que lors de n'importe quelle autre période des 800.000 dernières années et la concentration de CO2 dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée depuis plus de 2 millions d'années.

    Les effets secondaires du réchauffement de l'atmosphère et des océans vont impacter les populations pauvres et les peuples autochtones. © K. Mitch Hodge, Unsplash
    Les effets secondaires du réchauffement de l'atmosphère et des océans vont impacter les populations pauvres et les peuples autochtones. © K. Mitch Hodge, Unsplash

    L'objectif du 1,5 °C est-il déjà « hors d'atteinte » ?

    L'Accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement « bien en deçà » de +2 °C, si possible +1,5 °C. Mais, dans tous les scénarios envisagés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat -- du plus optimiste ou plus pessimiste --, la température mondiale devrait atteindre +1,5 ou +1,6 °C par rapport à l'ère pré-industrielle autour de 2030. Soit dix ans plus tôt qu'estimé précédemment.

    Même s'il existe une possibilité de revenir ensuite sous le seuil de +1,5 °C d'ici à la fin du siècle, même un dépassement temporaire provoquerait des dommages « irréversibles » sur certains écosystèmes fragiles (pôles, montagnes, côtes), avec des effets en cascade sur les populations.

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    Même si les engagements actuels des États pour réduire les émissions d'ici 2030 étaient respectés, ne pas dépasser +1,5 °C au moins temporairement serait « hors d'atteinte » et atteindre +2 °C serait difficile. Sans renforcement des politiques actuelles, le réchauffement pourrait même atteindre 3,2 °C d'ici 2100, soit deux fois plus que l'objectif idéal de l'Accord de Paris.

    Le début des souffrances pour la moitié de l'humanité

    Les conséquences dévastatrices du changement climatique, longtemps vues comme un point à l'horizon, sont devenues une réalité aux quatre coins de la Planète, avec 3,3 à 3,6 milliards de personnes d'ores et déjà « très vulnérables », soit près de la moitié de l'humanité. Et ce n'est qu'un début.

    SécheresseSécheresse, canicules avec, par endroit, des extrêmes de températures littéralement invivables, tempêtestempêtes, inondations, pénuries d'eau, pertes de récoltes agricoles... Les effets secondaires du réchauffement de l'atmosphère et des océans sont appelés à s'intensifier, avec un impact disproportionné sur les plus fragiles, comme les populations pauvres et les peuples autochtones.

    Montée des eaux, inondations d'un côté, sécheresse, canicule d'un autre, le dérèglement climatique va intensifier catastrophes naturelles. © Ekaterina Pokrovsky, Adobe Stock
    Montée des eaux, inondations d'un côté, sécheresse, canicule d'un autre, le dérèglement climatique va intensifier catastrophes naturelles. © Ekaterina Pokrovsky, Adobe Stock

    Sans oublier l'exode possible de centaines de millions de personnes face à la montée inexorable du niveau de la mer principalement liée à la fontefonte des calottes glaciairescalottes glaciaires du Groenland et de l'AntarctiqueAntarctique.

    Même si le réchauffement est limité à +2 °C, les océans pourraient gagner environ 50 cm au XXIe siècle et cette hausse pourrait atteindre près de 2 mètres d'ici 2300 -- deux fois plus qu'estimé par le Giec en 2019.

    Réduction immédiate des GES

    Le Giec ne cesse de répéter que son rôle n'est pas de faire des recommandations, mais les scénarios qu'il a élaborés ne laissent pas de choix si l'humanité veut s'assurer un « avenir vivable » sur la Planète : même pour limiter à 2 °C, il faut « une réduction rapide, radicale et le plus souvent immédiate des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs », martèle le Giec en insistant sur l'énergie, les transports, l'industrie, l'agricultureagriculture et les villes.

    Une réduction rapide, radicale et le plus souvent immédiate des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs

    Pour limiter le réchauffement à +1,5 °C, il faudrait ainsi une transformation majeure du système énergétique, avec la réduction de l'utilisation (sans technique de captage du carbonecarbone) du charboncharbon, du pétrolepétrole et du gaz respectivement d'environ 100 %, 60 % et 70 % d'ici 2050 par rapport à 2019.

    La menace des points de rupture

    Ces trois rapports du Giec n'ont jamais autant fait de place à la possibilité des points de basculement, modifications abruptes du système climatique à « faible probabilité » mais « impacts importants » qui « ne peuvent être exclus ».

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    Quelles énergies pour la transition ?

    Parmi eux, le point de non retour menant à l'effondrementeffondrement total des calottes glaciaires, capable de faire monter la mer de dizaines de mètres ; le dégel du permafrostpermafrost qui renferme des volumesvolumes immenses de carbone ; ou encore la transformation en savane de l'Amazonie qui absorbe une partie vitale du CO2 émis par les activités humaines.

    Si les scientifiques n'ont pour l'instant pas de certitude sur le seuil de réchauffement qui déclencherait ces « événements singuliers d'échelle planétaire », ils savent que le risque est plus grand à +2 °C qu'à +1,5 °C. Et que l'on passe dans un « très haut risque » d'ici +2,5°C.