Avec le réchauffement climatique, les risques d’événements de pluies extrêmes augmentent en Europe. C’est ce que confirme encore une étude qui s’est plus particulièrement intéressée aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur l’Allemagne et la Belgique au mois de juillet dernier.


au sommaire


    Des voituresvoitures retournées. Des autoroutes coupées. Des maisons balayées. Des vies emportées. Entre le 12 et le 15 juillet 2021, des pluies torrentielles se sont abattues sur plusieurs régions du Luxembourg et des Pays-Bas, et surtout de l'Allemagne et de la Belgique. Avec un triste bilan de plus de 200 morts et des milliards d'euros de dégâts. Si les aménagements du territoire sont probablement à mettre en cause, aujourd'hui une fois de plus, des chercheurs allemands, belges, hollandais, suisses, français, américains et britanniques, rassemblés sous la bannière de la World Weather Attribution (WWA) pointent un autre coupable du doigt : le réchauffement climatique anthropique.

    Les chercheurs rappellent d'abord que l'événement météorologique extrême s'est produit dans une région qui connaissait déjà des conditions humides. Mais que les quantités de précipitations qui sont tombées en un ou deux jours ont largement battu les records historiques.

    Selon l'étude, dans le climat actuel et dans une région d'Europe occidentale comprise entre le nord des Alpes et les Pays-Bas, ce type d'événement peut survenir tous les 400 ans. Mais le réchauffement climatique a déjà augmenté la probabilité pour qu'un tel événement se produise en saison estivale. Le risque est de 1,2 à 9 fois plus élevé qu'au cours de l'ère préindustrielle. Et dans notre monde plus chaud de 1,2 °C, l'intensité de tels événements augmente également. De 3 à 19 %, estiment les chercheurs de la WWA.

    À gauche, les précipitations tombées sur la région Belgique-Allemagne, cumulées sur deux jours, les 13 et 14 juillet 2021. À droite, les précipitations pour chacun de ces deux jours. © <em>Deutscher Wetterdienst, World Weather Attribution</em>
    À gauche, les précipitations tombées sur la région Belgique-Allemagne, cumulées sur deux jours, les 13 et 14 juillet 2021. À droite, les précipitations pour chacun de ces deux jours. © Deutscher Wetterdienst, World Weather Attribution

    Comment limiter notre vulnérabilité ?

    Les modèles suggèrent par ailleurs qu'avec un réchauffement climatique allant jusqu'à +2 °C qu'avant l'ère industrielle, l'intensité de tels événements augmentera encore de 0,8 à 6 %. Et la probabilité pour qu'il s'en produise un, grimpera d'un facteur 1,2 à 1,4.

    Des chiffres qui ne font que confirmer les travaux publiés il y a quelques semaines par des chercheurs de l’université de Newcastle. Ils estimaient alors qu'à l'échelle de l'Europe, de tels événements météorologiques extrêmes pourraient devenir 14 fois plus fréquents d'ici la fin du siècle.

    « Toutes les preuves disponibles, y compris la compréhension physiquephysique, les observations sur une région plus vaste et différents modèles climatiques régionaux donnent le même résultat : le changement climatique induit par les Hommes a augmenté la probabilité et l'intensité d'un tel événement et ces changements se poursuivront dans un contexte de réchauffement rapide de notre climat », concluent les chercheurs de la WWA. Une raison de plus pour, comme ils le recommandent, étudier comment la vulnérabilité et l'exposition à de tels phénomènes peuvent maintenant être réduites.


    Pourquoi devons-nous nous attendre à des tempêtes de plus en plus intenses en Europe ?

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer publié le 19 juillet 2021

    L'Allemagne et la Belgique viennent tout juste d'être balayées par une violente tempête. Dans le contexte de réchauffement climatique, les chercheurs nous avaient prévenus que nous devions nous attendre à ce genre de phénomènes météorologiques extrêmes. Ils le confirment une fois encore aujourd'hui.

    Près de 200 morts en Allemagne et en Belgique. C'est le dernier bilan -- toujours provisoire -- des inondations qui ont durement frappé ces deux pays en fin de semaine dernière. Le résultat de ce que les scientifiques qualifient de « tempête lente », un événement météorologique encore assez rare dans nos régions, mais à fort potentiel d'accumulation de précipitations. Et ce qui inquiète aujourd'hui, c'est que les climatologuesclimatologues estiment que ce type de tempête pourrait devenir 14 fois plus fréquent sur l'Europe d'ici la fin du siècle.

    Des chercheurs de l’université de Newcastle (Royaume-Uni) montrent que les « tempêtes lentes » responsables d’inondations majeures seront de plus en plus violentes et fréquentes sur l’Europe avec le réchauffement climatique. © Bernd Schmidt, Adobe Stock
    Des chercheurs de l’université de Newcastle (Royaume-Uni) montrent que les « tempêtes lentes » responsables d’inondations majeures seront de plus en plus violentes et fréquentes sur l’Europe avec le réchauffement climatique. © Bernd Schmidt, Adobe Stock

    Une « tempête lente », c'est tout simplement une tempête qui se déplace lentement. Augmentant ainsi la quantité de précipitations sur une zone. Et avec elle, le risque d'inondationsinondations soudaines. Les travaux des chercheurs de l’université de Newcastle (Royaume-Uni) montrent que de tels événements météorologiques extrêmes se produisent plus souvent avec le réchauffement climatique.

    Des simulations extrêmement précises

    « Les superordinateurssuperordinateurs nous offrent désormais des simulations climatiquessimulations climatiques paneuropéennes modélisant l'atmosphèreatmosphère de manière très détaillée, comme le font les modèles de prévision météorologique à court terme. La précision de ces modèles leur permet de bien mieux simuler les systèmes orageux et se traduit par une meilleure représentation des extrêmes », explique Abdullah Kahraman, chercheur, dans un communiqué de l’université de Newcastle.

    « Notre étude montre les graves impacts auxquels nous pouvons nous attendre à travers l'Europe si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre », commente de son côté Lizzie Kendon, chercheur au Met Office. « Les inondations qu'ont connues la Belgique et l'Allemagne le confirment. Nos travaux sonnent comme un signal d'alarme. Nous allons devoir améliorer nos systèmes d’alerte et de gestion d'urgence, et mettre en œuvre des facteurs de sécurité liés au changement climatique dans nos conceptions d'infrastructures », conclut Hayley Fowler, ingénieur.