Les sociétés changent. Peu à peu. C’est dans l’ordre des choses. Mais aujourd’hui, peut-être plus que jamais, notre société a besoin d’une transformation en profondeur. Pour affronter la crise climatique. Est-ce seulement possible ? Oui, selon des chercheurs. À condition que les changements de comportements individuels s'accompagnent d'incitations politiques. Et vice versa.


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    Pour nous sauver du réchauffement climatique, nous allons devoir mobiliser des solutions technologiques. Mais il apparaît de plus en plus évident que nous allons aussi devoir changer nos habitudes. Pour probablement (re)devenir plus sobres. Et il semble ici être question non pas de quelques gestes écocitoyens à appliquer deci delà, mais bien d'un changement de société majeur. C'est pourquoi des chercheurs de l’université du Maine (États-Unis) se sont demandé quelles conditions devraient être réunies pour préparer le terrain à de telles transformations en profondeur.

    Pour comprendre, les chercheurs ont élaboré un modèle mathématique basé sur une combinaison innovante de techniques épidémiologiques et évolutives. De quoi simuler une société dans laquelle les individus vivent en groupes. Et prendre en compte aussi bien la prévalenceprévalence de ceux qui adoptent ou non des comportements bénéfiques, la diffusiondiffusion de ces comportements tant au sein du groupe qu'à l'échelle mondiale, la force des institutions soutenant ces comportements et facilitant leur propagation et le coût de ces institutions.

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    Ce que les chercheurs montrent, c'est qu'un changement de comportement et un changement de politique sont nécessaires pour réaliser un changement social à grande échelle. Et qu'ils doivent se produire ensemble. Bien que ni l'un ni l'autre ne puisse faire le travail tout seul, le changement de politique est particulièrement critique.

    Pour vaincre le réchauffement climatique, c’est notre société tout entière qui doit changer. Des chercheurs montrent que c’est possible. En s’appuyant sur des évolutions politiques. © DisobeyArt, Adobe Stock
    Pour vaincre le réchauffement climatique, c’est notre société tout entière qui doit changer. Des chercheurs montrent que c’est possible. En s’appuyant sur des évolutions politiques. © DisobeyArt, Adobe Stock

    Donner l’impulsion à une transformation positive de notre société

    Parmi les observations étonnantes, le fait que, parfois, un comportement bénéfique peut, en quelque sorte, se propager « trop loin ». Comprenez, au-delà des groupes qui bénéficient d'une politique de soutien. Alors, le succès perçu de ce changement diminue. Et cela ralentit la propagation de la politique qui l'accompagne. Limitant finalement la propagation même du nouveau comportement dans l'ensemble de la société. Les simulations semblent ainsi montrer que les projets qui impliquent à la fois une propagation virale ascendante du comportement et un changement politique descendant peuvent être le meilleur type de solution pour les grands problèmes de durabilitédurabilité comme le changement climatiquechangement climatique. Ils servent d'exemple et peuvent se propager entre les groupes pour influencer un changement majeur.

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    Pour nous permettre de mieux comprendre, les chercheurs proposent un exemple. Celui du compostage organique qui pourrait être organisé dans les villes. « Pour que le système fonctionne, les déchets collectés doivent être de la matièrematière purement organique. Mais apporter des déchets organiques purs demande des efforts aux ménages, de sorte que le comportement ne décolle pas tout seul. Il s'agit d'un problème courant pour la mise en œuvre des politiques. Mais si les villes expérimentent des systèmes pour aider à soutenir et à diffuser le comportement, les programmes municipaux réussis peuvent se propager entre les villes avec les contributions des ménages, entraînant un changement efficace et à grande échelle », explique Timothy Warings, professeur de modélisationmodélisation des systèmes socio-écologiques, dans un communiqué de l'université du Maine.

    « Notre modèle peut aider à déterminer comment équilibrer les effets ascendants et descendants afin que les nouvelles solutions puissent évoluer. Par exemple, cela peut aider à déterminer quand nous devrions promouvoir un comportement comme le compostage dans tout le pays pour le normaliser et quand nous devrions plutôt nous concentrer sur un projet pilote local bien financé pour montrer les avantages potentiels du compostage », précise Laurent Hébert-Dufresne, auteur principal de l'étude. Ainsi, l'équipe vise désormais à appliquer ces modèles à toutes sortes de changements sociaux bénéfiques, en particulier au défi de la lutte contre le changement climatique.