Tandis que le gouvernement défend son bilan pour lutter contre le réchauffement climatique, l'État de Nouvelle-Galles du Sud et Sydney continuent d'être asphyxiés par les fumées toxiques causées par les incendies ravageant l'est de l'Australie depuis trois mois. Les autorités médicales en appellent au gouvernement et déplorent des problèmes respiratoires en hausse de 80 %.


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    Sydney est confrontée à « une urgence de santé publique » en raison des fumées toxiques liées aux incendies qui enveloppent la plus grande ville australienne depuis des semaines, ont alerté lundi des organisations professionnelles de médecins. Des centaines de feux de forêts, notamment liés au changement climatiquechangement climatique, ravagent l'Australie depuis septembre.

    Les feux de forêts étouffent Sydney. © Patricio Arana, AFP
    Les feux de forêts étouffent Sydney. © Patricio Arana, AFP

    Les médecins en appellent au gouvernement

    Plus d'une vingtaine d'organisations professionnelles de médecins, notamment le Royal Australasian College of Physicians -- qui réunit 25.000 médecins et stagiaires -- ont publié lundi un communiqué commun appelant le gouvernement à s'attaquer à cette pollution atmosphérique toxique.

    Une pollution onze fois supérieure au niveau jugé dangereux

    « La pollution de l'airair en Nouvelle-GallesGalles du Sud est une urgence de santé publique, a souligné cette Alliance pour le climat et la santé. La fumée provenant des incendies a entraîné une pollution de l'air jusqu'à onze fois supérieure à un niveau estimé "dangereux", dans certaines parties de Sydney et de Nouvelle-Galles du Sud ». Cette fumée est particulièrement dangereuse en raison de niveaux élevés de particules fines PM 2,5PM 2,5, précise le communiqué.

    Le grand pont de Sydney se distingue à peine ; le Harbour Bridge, enveloppé dans un brouillard de fumée provoqué par les incendies géants qui touchent l'Australie, le 10 décembre 2019. © David Gray, AFP, Archives
    Le grand pont de Sydney se distingue à peine ; le Harbour Bridge, enveloppé dans un brouillard de fumée provoqué par les incendies géants qui touchent l'Australie, le 10 décembre 2019. © David Gray, AFP, Archives

    Les problèmes respiratoires en hausse de 80 % 

    Les services de santé de cet État ont enregistré une hausse de 48 % du nombre de personnes se rendant aux urgences pour des problèmes respiratoires, au cours de la semaine se terminant le 11 décembre, par rapport à une moyenne calculée sur cinq ans. Ce chiffre a atteint les 80 % le 10 décembre, jour où la qualité de l'air s'est considérablement détériorée à Sydney.

    Le lendemain, près de 20.000 personnes ont manifesté dans la ville pour demander au gouvernement de lutter contre contre le changement climatique.

    L'Alliance a également appelé le gouvernement à prendre des mesures urgentes afin de réduire les émissionsémissions de gaz à effet de serre, affirmant que le changement climatique aggrave ces incendies aux « effets dévastateurs sur la santé humaine ».

    Le gouvernement, sur la sellette et sous le feu des critiques

    Fait rare, le Premier ministre australien a reconnu la semaine dernière que le changement climatique était l'un des facteurs à l'origine de ces centaines d'incendies dévastateurs. Scott Morrison a cependant défendu le bilan de l'Australie en matièrematière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et n'a annoncé aucune mesure visant à lutter contre le changement climatique.

    Plus d'une centaine d'incendies brûlaient toujours lundi toujours en Nouvelle-Galles du Sud, où d'importants moyens ont été déployés afin de contenir un incendie de 400.000 hectares près de Sydney. Une vingtaine de maisons ont été détruites dans la nuit de dimanche à lundi par un contre-feufeu allumé par les pompiers afin de lutter contre l'incendie le plus important. Près de Perth, dans l'État de l'Australie-Occidentale, des feux menacent plusieurs villes.

    Le saviez-vous ?

    Ces incendies particulièrement ravageurs sont liés, selon les scientifiques, au changement climatique et à une sécheresse particulièrement prolongée qui a également épuisé les ressources en eau potable dans certaines villes et contraint des agriculteurs à abandonner leurs terres.

    Ainsi, la vague de sécheresse est responsable de la baisse d'un quart de point de pourcentage de la croissance du PIB et a réduit la production agricole « dans des quantités importantes » au cours des deux dernières années, a affirmé à la presse, Josh Frydenberg, le ministre des Finances. Des données officielles indiquent que 2019 sera l'une des années les plus chaudes et les plus sèches jamais enregistrées en Australie.

    Cette semaine, le pays pourrait connaître une vague de chaleur qui, selon les prévisionnistes, devrait battre des records de température, rendant le travail des pompiers encore plus difficile.

     


    Toujours en proie aux incendies, l’est de l’Australie suffoque

    Article de Relaxnews, publié le 10 décembre 2019

    Manifestations annulées, bateaux à quai, écoliers cloîtrés dans les établissements, Sydney, comme tout l'est de l'Australie, vit au ralenti et suffoque sous les fumées toxiques consécutives aux feux de forêts. En raison de vents forts et des températures élevées, le phénomène devrait s'aggraver aujourd'hui. Depuis septembre, près de deux millions d'hectares ont déjà été détruits et la gestion des incendies par le gouvernement est sur la sellette, faisant l'objet de critiques.  

    Ce mardi 10 décembre, l'Est de l'Australie, et notamment Sydney, sont actuellement recouverts d'un brouillard de fumées toxiques dégagé par les feux de forêts qui pourraient s'intensifier en raison de conditions météorologiques « extrêmes ».

    À Sydney, ville la plus peuplée du pays, cette fumée toxique a déclenché des détecteurs de fumée, contraignant les pompiers à aller de bureaux en bureaux, toutes sirènes hurlantes. Une course de yachts a été interrompue par les organisateurs en raison des conditions qualifiées de « trop dangereuses ».

    Un cycliste observe la fumée toxique à Gosford (Australie) le 10 décembre 2019. © Saeed Khan, AFP
    Un cycliste observe la fumée toxique à Gosford (Australie) le 10 décembre 2019. © Saeed Khan, AFP

    La pollution dépasse les niveaux dangereux

    « La fumée dégagée par tous les incendies est si importante dans le port qu'on ne voit rien, c'est donc trop dangereux », a déclaré Di Pearson, porteporte-parole de la Sydney Solas. Beaucoup d'habitants s'étouffaient sous leur masque en raison de l'épaisse fumée âcre. Certaines liaisons en ferries ont été annulées et pendant les récréations, les écoliers ont été confinés à l'intérieur, la pollution dépassant largement des niveaux « dangereux ».

    L'est de l'île-continent est depuis des semaines enveloppé par un nuage de fumée lié aux feux de forêts qui font ragerage depuis plus de trois mois en raison de le sécheressesécheresse. L'ampleur de ce phénomène de fumée toxique s'est cependant aggravé.

    « C'est le pire qu'on ait eu, c'est sûr, a affirmé à l'AFP Bruce Baker, 82 ans. Ça assèche la gorge. Sans être asthmatique, on le ressent. » Cet habitant de Gosford, au nord de Sydney, a exceptionnellement renoncé à sa promenade matinale en raison de cette pollution. Des vents forts et des températures élevées sont attendus mardi, des conditions météorologiques « extrêmes » susceptibles d'attiser les braises et de déclencher ainsi des incendies dans les banlieues, menaçant ainsi des habitations.

    Un bateau à Gosford (Australie) le 10 décembre 2019. © Saeed Khan, AFP
    Un bateau à Gosford (Australie) le 10 décembre 2019. © Saeed Khan, AFP

    Les incendies s'étendent et fusionnent en « mégafeu »

    Les pompiers des zones rurales de Nouvelle-Galles du Sud ont affirmé que l'épaisse couche de fumée qui recouvre l'est du pays a cependant permis de retarder la détérioration des conditions, favorables aux incendies. Cependant, et toujours d'après cette même source, « des vents de plus en plus forts risquent d'aggraver ces conditions cet après-midi. »

    Ce mardi matin, 10 décembre, l'État de Nouvelle-Galles du Sud comptait près d'une centaine de feux de brousse, et l'État du Queensland en recensait des dizaines. Les températures devraient dépasser les 40 °C dans certaines parties de l'Australie.

    Au nord-ouest de Sydney, des incendies de forêts, qui brûlent depuis plusieurs semaines, ont fusionné en un seul et unique « mégafeumégafeu » qui a déjà détruit 319.000 hectares de terresterres, principalement dans des parcs nationaux.

    Un incendie volontairement déclenché par les pompiers pour en contenir un autre dans la région de Spencer (Australie) le 9 décembre 2019. © Saeed Khan, AFP
    Un incendie volontairement déclenché par les pompiers pour en contenir un autre dans la région de Spencer (Australie) le 9 décembre 2019. © Saeed Khan, AFP

    Des mises en garde qui n'ont pas été entendues

    Le Premier ministre Scott Morrison, qui n'a fait aucune déclaration concernant cette fumée toxique qui recouvre certaines parties du pays depuis des semaines, a défendu la manière dont son gouvernement gère ces incendies. Il a par ailleurs déclaré ne pas envisager de professionnaliser davantage le corps des pompiers qui, en milieu rural, est essentiellement constitué de bénévoles.

    « Notre politique est pertinente lorsqu'il s'agit de s'attaquer au changement climatique et d'agir en conséquence. Nos actions en matière de changement climatique donnent les résultats escomptés », a-t-il déclaré.

    Notre politique est pertinente lorsqu'il s'agit de s'attaquer au changement climatique

    Le gouvernement conservateur de M. Morrison, ardent défenseur de la très puissante et lucrative industrie minière australienne, est notamment accusé par d'ex-chefs des pompiers de ne pas avoir tenu compte de leurs mises en garde concernant le réchauffement climatique.

    Plus de six personnes sont mortes depuis le début des incendies en septembre et environ deux millions d'hectares sont partis en fumée, soit l'équivalent de la moitié de la superficie de la Suisse.

    Voir aussi

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