Un secteur de l’industrie n’a jamais utilisé autant de plastique qu’aujourd’hui. Ce secteur, c’est celui de l’industrie textile. Les marques, en effet, produisent plus de matières synthétiques que jamais. Et une large part de ce plastique finit par être déversé dans notre environnement.
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On a parfois tendance à l'oublier. Mais une grande partie des vêtements que nous achetons, que nous portons puis, que nous jetonsjetons, contient plus ou moins de plastique. Le polyester, le nylonnylon ou encore l'acrylique n'en sont que les exemples les plus courants. Des chercheurs se sont récemment posé la question de la pollution occasionnée par ces vêtements, lorsqu'ils finissent au rebut - parce qu'il faudrait y ajouter celle de l'énergieénergie consommée pour les produire, notamment.
D'après les calculs qu'ils détaillent dans une étude publiée en juin 2024 dans la revue Nature Communications, en 2019, la consommation mondiale de vêtements a entraîné plus de 20 millions de tonnes de déchets plastique. Et près de 40 % de ces déchets, mal gérés, pourraient avoir fini dans la nature.
« Je savais, grâce à mes recherches précédentes, que l'industrie de l'habillement est un grand consommateur de plastiquesplastiques. Mais j'ai été surpris de voir combien de déchets de vêtements synthétiques finissent dans l'environnement », remarque Roland Geyer, professeur à l'université de Californie à Santa Barbara (États-Unis), dans un communiqué. Il faut préciser que dans le terme « déchets de vêtements synthétiques », les chercheurs incluent tous les déchets générés sur l'ensemble du cycle de vie d'un vêtement. Y compris, par exemple, les plastiques utilisés pour l'emballer. Ou ceux qui sont arrachés lors des lavages. Et même la gomme laissée sur les routes par les camions qui les transportent partout dans le monde.
Les vêtements synthétiques, rois de la pollution plastique
Les chercheurs précisent que les vêtements synthétiques constituent, de loin, la plus grande source de déchets plastiques. La chaîne de valeur synthétique a représenté 18 millions de tonnes de déchets en 2019. Près de 90 % de tous les déchets plastiques de l'industrie mondiale de l'habillement cette année-là. Les chercheurs avancent qu'environ 8,3 millions de tonnes de ce total ont pu se répandre dans l'environnement. Les vêtements en coton représentent presque les 2 millions de déchets restants. Essentiellement des déchets d'emballage.
Autre constat : la majeure partie de la pollution plastique générée par les vêtements vendus dans des pays à revenu élevé se produit... dans des pays à faible revenu. Alors même que dans ces pays, lesdits vêtements pourraient alimenter un marché de seconde main florissant.
La « fast fashion » chez nous, la pollution chez eux
« Ce que nous constatons, c'est que dans des pays comme les États-Unis, nous avons une culture de la "fast fashion" dans laquelle nous achetons beaucoup de vêtements et ne les gardons pas très longtemps », souligne Richard Venditti, professeur de science et d'ingénierie du papier à l'Université d'État de Caroline du Nord (États-Unis) et coauteur de l'étude. Les vêtements jetés finissent soit dans des décharges, soit dans des friperies.
« Certains des vêtements qui arrivent dans ces magasins sont vendus aux États-Unis, mais ils finissent souvent par être envoyés dans d'autres pays qui ne disposent pas de systèmes de gestion des déchets suffisamment robustes pour gérer ce type de volumevolume. C'est là que nous nous retrouvons avec une grande quantité de plastique qui s'échappe dans l'environnement. »
Ces travaux montrent à quel point il est urgent que l'industrie du textile évolue vers plus de circularité. Qu'elle mette en place des filières de recyclage pour éviter que des millions de tonnes de plastique se retrouvent dans notre environnement. Et qu'elle se tourne vers l'utilisation de textiles renouvelables et non synthétiques. Pour motiver un peu plus l'industrie à cette transformation, les auteurs étudient désormais le lien qui pourrait exister entre la durabilitédurabilité sociale et la durabilité environnementale du secteur.