Certaines espèces de poisson menacées d'extinction peuvent se retrouver sur les étals de nos poissonneries ou dans nos assiettes au restaurant. C'est le constat tiré d'une nouvelle étude qui indique que nous consommons plus de 90 espèces de poissons différentes menacées de disparaître. 


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    Il ne viendrait à l'esprit de personne de chasser massivement des gorilles des montagnes, une espèce en danger d'extinction, pour en consommer la viande et la servir dans les restaurants. C'est pourtant ce qu'il se passe avec de nombreuses espèces de poissons et d'autres animaux que nous mangeons, selon une recherche conduite à l'Université du Queensland en Australie.

    Des chercheurs se sont intéressés à une liste des espèces de poissons et de fruits de mer pêchés dans le monde entier. Cette dernière en répertorie 92 en danger (comme le gorille des montagnes ou l'éléphant d'Asie) et 11 en danger critique, selon les critères établis par l'UICNUICN. Le thon rouge du Pacifique (Thunnus maccoyii) et de l'Atlantique (Thunnus thynnus), l'anguille d'Europe (Anguilla anguillaAnguilla anguilla) ou encore le mérou rayé (Epinephelus striatus) sont quelques unes des espèces en danger critique les plus pêchées dans le monde.

    Une figure représentant les 92 espèces menacées (vulnérable, en danger ou en danger critique ) qui sont encore pêchées. La hauteur de la barre indique le prix de revente au kilos. Les espèces sont classées de la plus pêchée à la moins pêchée dans le sens horaire. © Leslie A. Robinson et al. <em>Nature Communications</em>
    Une figure représentant les 92 espèces menacées (vulnérable, en danger ou en danger critique ) qui sont encore pêchées. La hauteur de la barre indique le prix de revente au kilos. Les espèces sont classées de la plus pêchée à la moins pêchée dans le sens horaire. © Leslie A. Robinson et al. Nature Communications

    Menacés mais, malgré tout, consommés

    Leslie Roberson, une doctorante en biodiversitébiodiversité et première autrice de l'étude, indique que la pêchepêche des espèces de poisson menacées est légale. De plus, les poissons ne sont pas forcément présentés avec leur nom d'espèce dans les restaurants, ce qui peut tromper le consommateur.

    « Cela signifie que le "poisson" ou le "flake" [une spécialité australienne à base de viande de requin, ndlr] ou la morue que les Australiens consomment au restaurant de fish and chips peuvent être en danger critique d'extinction », explique-t-elle dans un communiqué de presse. C'est comme consommer de la viande sans savoir si c'est du porc, du poulet ou du bœuf.

    Voir aussi

    Dossier : des poissons menacés d'extinction servis dans les cantines

    Le problème ne concerne pas que l'Australie, puisque 13 des espèces en danger d'extinction identifiées font l'objet d'un commerce international et sont consommées aux quatre coins du monde. Car, si certains pays n'ont pas une industrie halieutique très développée, ce sont parfois de gros importateurs d'espèces de poisson. Au total, ce sont 204 pays qui pêchent ou importent des espèces marines menacées.

    Par ailleurs, les scientifiques notent qu'aucune des 13 espèces en danger de d'extinction n'est présente sur les listes de la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faunefaune et de flore sauvages menacées d'extinction (en anglais Convention on International Trade of Endangered Species). Cette convention, ratifiée par 183 pays, doit garantir que le commerce international des espèces inscrites dans ces annexes ne menace pas leur conservation et leur biodiversité, et qu'il soit durable. Par exemple, le thon rouge du Pacifique, comme son cousin le thon rouge de l'Atlantique ne font pas partie des listes de la CITES.

    L'idéal serait que les informations concernant l'espèce du poisson, son lieu de pêche et la façon dont il a été pêché soient clairement indiqués pour que les consommateurs puissent faire un choix éclairé lorsqu'ils consomment du poisson.