Un gynandromorphe est une chimère entre un individu mâle et un individu femelle. Comme le cas de cette abeille dont le côté gauche est masculin et le côté droit féminin. Ce qui lui donne une drôle de tête et la déroute un peu pour butiner. La gynandromorphie n'est cependant pas réservée à l'abeille : on a vu par exemple de curieux cas d'oiseaux bicolores, de crevettes dissymétriques ou de papillons moitié noir-moitié jaune.
[EN VIDÉO] Comment les abeilles fabriquent-elles du miel ? Le miel est l'un des plus anciens moyens de sucrer les aliments. Il est virtuellement impérissable et sa fabrication demande beaucoup de travail aux abeilles. Unisciel et l’Université de Lille 1 nous expliquent, avec le programme Kézako, les étapes de sa confection.
Certains animaux sont hermaphrodites, c'est-à-dire à la fois mâle et femelle, ou alternativement des deux sexes. C'est par exemple le cas de l'escargot, de la coquille Saint-Jacques, de la tortue d'eau douce ou du poisson-clown. Ces espèces sont capables de produire aussi bien des gamètes mâles que des gamètes femelles. Mais c'est un cas bien plus étrange que des chercheurs ont retrouvé au Panama : une abeille dissymétrique avec une tête moitié mâle-moitié femelle. Un très rare exemple de gynandromorphie, qui se produit lorsque les chromosomes sexuels ne se séparent pas correctement à la division de l'embryon, donnant ainsi naissance à une chimère mâle-femelle.
Poils féminins et antenne mâle raccourcie
Dans le cas de l'abeille Megalopta amoena, décrite dans le Journal of Hymenoptera Research, l'insecte est séparé de façon longitudinale : la moitié gauche est masculine tandis que la moitié droite présente des caractères féminins. L'antenne gauche est ainsi plus courte que la droite, et la mandibule côté mâle moins développée que celle du côté femelle. Le sternum femelle est aussi recouvert de poils sur les trois quarts, tandis que le côté mâle en est presque dépourvu, les poils servant chez la femelle pour la collecte du pollen. Les chercheurs ont aussi étudié le comportement de l’abeille en analysant son rythme circadien, et constaté une attitude ambivalente, avec une activité intense plutôt féminine consistant à rechercher du pollen, mais décalée dans le temps (beaucoup plus tôt dans la journée).
Gynandromorphie : oiseaux, crevettes, papillons et serpents
La gynandromorphie reste exceptionnelle dans le monde animal. On l'a observée chez des papillons, des abeilles, des mouches, des serpents, ou des crustacés. Le cas sans doute le plus spectaculaire est celui d'un oiseau, découvert dans un jardin en Pennsylvanie (États-Unis), en 2019. Le cardinal rouge, un petit passereau de l'Amérique du Nord et de l'Amérique centrale, était littéralement coupé en deux, avec d'un côté un plumage rouge vif caractéristique du mâle, de l'autre une couleur brun rougeâtre, typique de la femelle.
Le saviez-vous ?
La plupart des individus gynandromorphes sont infertiles. La gynandromorphie s’exprime sous trois formes principales : bilatérale (le spécimen est séparé selon un axe vertical), axial (le devant étant d’un sexe et l’arrière de l’autre sexe) ou « mosaïque », les caractéristiques mâles et femelles étant réparties à différents endroits du corps. Les individus gynandromorphes sont cependant la plupart du temps difficiles à déceler, car il faut pour cela que les différences morphologiques soient notables entre les deux sexes, c’est-à-dire qu’il existe un important dimorphisme sexuel. Cette anomalie génétique est donc peut-être plus répandue qu’on ne le pense.
Une mauvaise séparation des chromosomes sexuels chez l’embryon
L'hypothèse la plus communément admise de la gynandromorphie est celle d'une mauvaise séparation des chromosomes sexuels aux premiers stades du développement de l'embryon. Dans le cas des oiseaux, par exemple, les femelles ont une seule copie de chaque chromosome sexuel (ZW), tandis que les mâles en ont deux mêmes (ZZ) - ce qui est l'inverse des mammifères. Les noyaux des cellules sexuelles, y compris les spermatozoïdes et les ovules, n'ont généralement qu'une seule copie de chaque chromosome - les mâles ne produisent que des spermatozoïdes porteurs de Z, et les femelles produisent des ovules porteurs de Z ou de W. Chez les oiseaux gynandromorphes, l'ovule porte deux noyaux, un Z et un W, qui est « doublement fécondé » par deux spermatozoïdes Z, ce qui donne un côté ZZ et un côté ZW. Mais selon la biologiste Janist Krumm, qui a étudié le cas d’une crevette, la gynandromorphie pourrait aussi provenir de mutations épigénétiques transformant certaines cellules mâles en cellules femelles au cours de la vie de l'animal. Le comportement est, lui, déterminé principalement par la forme du cerveau, selon les parties plutôt mâles et plutôt femelles, et aussi par les hormones produites par chaque moitié.
La reproduction des lapins Les pratiques sexuelles et la reproduction des lapins sont entrées dans le langage courant. On dit, par exemple, « faire l'amour comme des lapins ». Cela n'a rien d'étonnant puisque les mâles sont littéralement obsédés et, selon l'expression consacrée, « sautent sur tout ce qui bouge ». N'en déplaise à notre moralité, la mère et les sœurs figurent parfois sur le tableau de chasse du lapin. En découlent, au bout d’un mois environ, des portées nombreuses, qui atteindront la maturité sexuelle en six mois environ. Une estimation théorique considère qu’un couple de lapins peut engendrer durant sa vie entière près de 2.000 descendants (même si tous ne survivent pas). Il faut bien jouer sur la quantité étant donné le nombre de prédateurs qui intègrent ces rongeurs aux grandes oreilles à leur menu. © Sexual Nature, London’s Natural History Museum
La bonellie verte femelle et ses mâles microscopiques Chez certaines espèces, le dimorphisme sexuel est particulièrement marqué, c’est-à-dire que mâles et femelles se distinguent au premier coup d’œil. C’est le cas des cerfs, de nombreux oiseaux ou des araignées, par exemple. Le cas le plus frappant est probablement celui de la bonellie verte. Chez ce ver marin, muni d’une longue trompe, la femelle peut mesurer jusqu’à 1 m de long (ici rétractée sur la photo). Cette trompe sert à se nourrir, mais aussi à aspirer les mâles, des larves de quelques micromètres de diamètre. Leur vie se résume à une seule activité : produire des spermatozoïdes pour féconder la femelle. Si cela n’est pas original… © Sylvain Ledoyen, Wikipédia, CC by-sa 3.0
Reproduction : le gorille, pas forcément une bête de sexe La croyance populaire représente le gorille comme un animal agressif et très porté sur la chose. Le film King Kong ou la chanson de Georges Brassens Gare au gorille en attestent. Ce grand singe est pourtant bien pacifique et n'a pas un goût très prononcé pour le sexe, ce qui ne facilite pas sa reproduction. Le mâle dispose cependant d'un harem de femelles, qu'il ne satisfait pas souvent. À leur grand dam, puisque celles-ci se livrent parfois à des plaisirs homosexuels. Tout de même, le mâle peut faire preuve d'un peu de tendresse, mais seulement lorsqu'il s'agit de prendre du bon temps. En revanche, quand il est question de reproduction, celui-ci ne fait pas dans la dentelle et ne se montre pas bien délicat… © Stefan Gara, Fotopédia, CC by-nc-nd 2.0
L'homosexualité chez les animaux : l'insecte tribolium L'homosexualité ne concerne pas que les vertébrés supérieurs. Ainsi, le tribolium mâle, un insecte, n'hésite pas à libérer sa semence sur un autre mâle. Les scientifiques ont réfléchi à la question et proposent deux hypothèses pour expliquer ce comportement : L'une considère qu'en répandant ses spermatozoïdes, il a plus de chance d'atteindre les femelles en utilisant un autre vecteur.La seconde se demande plutôt si les premiers spermatozoïdes ne sont pas inefficaces. Le mâle s'en débarrasserait alors sur un de ses congénères masculins et réserverait ceux de bonne qualité pour les femelles. © Eric Day, Virginia Tech, Wikipédia, DP
L'homosexualité de la mouette rieuse mâle Les pratiques homosexuelles ne sont pas rares dans le monde animal, contrairement aux idées reçues. Chez la mouette rieuse mâle, l'appariement entre individus du même sexe concerne 20 % d'entre eux. Lors de la saison de reproduction, il arrive que des œufs roulent ou n'aient plus de parents pour s'en occuper. Une aubaine pour ces couples homosexuels qui vont alors porter toute leur attention pour le bien du petit à naître. En revanche, la saison suivante, il est possible que chacun de ces mâles décide de former un couple… avec une femelle cette fois. © gidzy, Wikipédia, CC by 2.0
Bonobos : le sexe pour tisser les liens sociaux Si, dans la majorité des espèces, la sexualité a vocation de reproduction, il est des espèces où elle représente bien plus. Les grands singes sont particulièrement remarquables à cet égard. Il y a l'Homme, évidemment, mais les orangs-outangs s'adonnent parfois à des plaisirs à deux sans aucune intention de reproduction, pratiquant par exemple le sexe oral. Les bonobos restent cependant l'exemple le plus marquant. Ces chimpanzés nains ont fondé leur société autour du sexe. Tandis que leurs cousins les plus proches s'énervent et se disputent, eux préfèrent se lancer dans des joutes sexuelles afin de tisser des liens sociaux et de résoudre les conflits. Pas de tabou : petits ou grands, mâles ou femelles, jeunes ou moins jeunes, tout le monde y passe. Ces singes érotiques nous mettent face à notre propre morale. © collisionality, Fotopédia, CC by-nc-nd 2.0
Comment l'araignée se reproduit-elle ? Contrairement à la plupart des mammifères, pour lesquels les mâles sont plus grands que les femelles, les règles sont inversées chez les araignées. Ces derniers tentent alors de se montrer discrets et de se faire tout petits, car ils risqueraient d'être dévorés. Pour se reproduire, ils prélèvent directement le sperme à la source à l'aide de leurs pédipalpes, ces membres buccaux que l'on pourrait confondre avec des antennes. Ils marchent à pas de loup sur la toile de leur belle, de façon à ne pas la faire vibrer car ils seraient alors pris pour des proies et dévorés en quelques instants. Malgré ses paires d'yeux, la femelle ne voit pas le mâle approcher. Celui-ci en profite et dépose sa semence dans l'orifice de sa partenaire avant de détaler plus loin, de peur de se faire croquer. Il ne s'occupera pas du soin des petits. Chez certaines espèces, comme Stegodyphus lineatus, la mère joue son rôle entièrement et commet le sacrifice ultime : lors de la naissance, elle se laisse dévorer par ses petits afin qu'ils aient de quoi se nourrir. Une mère dévouée, des enfants indignes… Preuve que ce qui compte, ce n'est pas la survie individuelle, mais la transmission des gènes. © JoaquinPortela, Wikipédia, CC by-sa 3.0
Parthénogenèse : des lézards qui se reproduisent tout seuls Le sexe n'est pas le seul moyen de se reproduire. D'ailleurs, il n'est apparu qu'il y a entre 1,5 et 1 milliard d'années, sachant que les premiers êtres vivants remontent à près de 4 milliards d'années. Ceux-ci se multipliaient dans un premier temps par division cellulaire. Cela existe toujours chez de nombreuses espèces bactériennes, de champignons ou de plantes. Des animaux primitifs n'hésitent pas à y recourir. En revanche, chez les vertébrés, c’est bien plus rare, voire exceptionnel. Il existe des requins capables de parthénogenèse, c'est-à-dire qui sont en mesure de se reproduire seuls. Cela n'affecte alors que les femelles. Cependant, ces dernières savent aussi se reproduire avec des mâles. En revanche, les lézards à queue en fouet sont un cas très particulier. Les mâles ont été évincés et ont disparu. Il ne reste que des femelles… qui font des bébés toutes seules, par parthénogenèse. Pratique mais risqué, car en cas de changement environnemental, aussi bien climatique que viral, le manque de diversité génétique peut exterminer tous ces clones. Seulement, ces femelles ont malgré tout besoin d'être stimulées pour ovuler (un vestige de l'évolution). Alors, elles s'apparient et mènent un simulacre de rapport sexuel entre filles. Cela nous renvoie une question à nous, êtres humains, peut-être douloureuse pour certains : les hommes sont-ils indispensables ? © Paul Asman et Jill Lenoble, Wikipédia, CC by 2.0
Chez les jacanas, la femelle est infidèle, le mâle dévoué Le mâle veut souvent s'assurer qu'il est bien le père de ses enfants. Chacun a sa technique. La libellule, par exemple, reste sur le dos de la femelle durant un long moment, empêchant un rival de prendre position. En revanche, chez le jacana, cet oiseau à l'image, les mâles tolèrent l'infidélité de leur femelle. L'un d'eux la féconde, puis elle pond ses œufs. C'est ensuite au père d'assurer s'il veut une descendance. Il couve alors le nid et madame va un peu plus loin retrouver un autre mâle à qui elle propose les mêmes faveurs, et ainsi de suite. Dans la vie de couple, il faut toujours trouver des compromis ! © Hans Hillewaert, Wikipédia, CC by-sa 3.0
Le cerf use de ses bois et combat pour la femelle Les cerfs ne résistent pas aux yeux de biche de leurs femelles. Toutefois, celles-ci se montrent difficiles et exigent le meilleur. Les mâles jouent le jeu et s'engagent dans des joutes physiques impressionnantes. Bois contre bois, ils jaugent la force de leurs adversaires qu'ils tentent d'intimider. À la fin du duel, il n'en reste qu'un seul, celui qui a su se montrer le meilleur combattant. Pour ce beau spectacle qui leur a été offert, les femelles acceptent de devenir le trophée de guerre : les voici fécondées par le plus fort. © Sexual Nature, London’s Natural History Museum
L'émeu d'Australie, un oiseau qui pèse le bien… et le mâle ! L'émeu, oiseau coureur australien, a une conception de la séduction qui pourrait nous dépasser. Pour déterminer quel mâle aura le droit de la courtiser, la femelle laisse ses prétendants s'asseoir sur elle. Pas très galant, n'est-ce pas ? Pourtant, ce qu'elle cherche, c'est le plus lourd… Pourquoi ? Parce que lorsqu'elle se reproduit, elle pond un œuf imposant, presque aussi gros que celui de l'autruche, ce qui lui demande énormément d'énergie. Une fois l'œuf au fond du nid, elle part en quête de nourriture pour reconstituer ses réserves. C'est alors au mâle de couver non-stop. Celui-ci doit être bien pourvu en graisses pour tenir la durée. Une femelle a donc tout intérêt de choisir un mâle bien en chair… © aussiegall, Flickr, CC by 2.0
La reproduction des renards : ils restent liés Le renard est un canidé ayant une façon de faire la chose plutôt originale. Tout se passe d'abord de manière plutôt classique : le mâle monte sur le dos de la femelle, mais c'est là que le coït prend une étrange tournure… Les canidés étant globalement des animaux sociaux sous l'autorité d'un couple dominant, le mâle veut s'assurer qu'aucun rival ne puisse féconder la femelle dans son dos. Lors du rapport sexuel, le pénis gonfle et les deux amoureux ne peuvent se séparer. Ils se retournent et se retrouvent arrière-train contre arrière-train. Les spermatozoïdes ont le temps de progresser dans l'utérus de la femelle. Après quelques dizaines de minutes, le pénis retrouve sa taille originelle et le couple peut enfin se séparer. Ce mode de reproduction original a encore cours chez le renard, une espèce pourtant souvent solitaire, à la différence de bon nombre de ses cousins canidés. © Sexual Nature, London’s Natural History Museum
L'hirondelle femelle s'intéresse à la queue des mâles Certaines espèces d'oiseaux arborent des plumages plus beaux les uns que les autres, de façon à séduire les femelles avec toutes ces couleurs. Toutefois, les volatiles peuvent focaliser leur attention sur d'autres détails. C'est le cas notamment des hirondelles. Elles n'ont pas les plumes éclatantes du paradisier, mais les femelles disposent d'un autre critère esthétique pour sélectionner le mâle : la symétrie de sa queue. Cet oiseau est connu pour ses rectrices formant un V. Les études ont montré que plus elles étaient symétriques chez un mâle, plus il avait de chances de trouver à s'accoupler. Ce n'est pas si surprenant, car il n'est pas rare, dans la nature, d'associer beauté et symétrie. L'Homme y est également sensible : un visage asymétrique sera jugé moins attrayant qu'un visage à la symétrie parfaite… © Ferran Pestana, Wikipédia, CC by-sa 2.0
L'argus géant, un grand oiseau, père de la sélection sexuelle (Argusianus argus) L'argus géant (Argusianus argus) est un peu le point de départ de la compréhension de la sexualité animale. La longue queue de cet oiseau qui le handicape face à ses prédateurs était un contre-exemple qui gênait Darwin dans ses lois de l'évolution. Aurait-il eu tort ? Non, comme il se justifie en 1871 dans son ouvrage La Filiation de l'Homme, paraissant 12 ans après ses écrits les plus célèbres. Les plumes allongées et colorées confèrent à ce cousin du paon l'assurance de trouver une partenaire au moment de la saison des amours : les femelles raffolent de la belle parade qu'il leur réserve. Elles doivent se dire que si, avec de telles contraintes, il arrive à survivre, alors il leur donnera une descendance résistante à toute épreuve… © Sexual Nature, London’s Natural History Museum