Ni des dinosaures ni les ancêtres des chauve-souris, les ptérosaures étaient de remarquables reptiles volants. La découverte à Crayssac de ce qui semble être une piste d’atterrissage de ptérosaure nous renseigne sur leur aptitude au vol. Apparemment, certain de ces animaux devaient atterrir avec délicatesse...

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    La piste découverte à Crayssac débute avec des traces côte à côte. En haut, une représentation de la marche d'un ptérosaure. Crédit : Kevin Padian (piste), Jean-Michel Mazin (illustration)

    La piste découverte à Crayssac débute avec des traces côte à côte. En haut, une représentation de la marche d'un ptérosaure. Crédit : Kevin Padian (piste), Jean-Michel Mazin (illustration)

    Ils sont apparus au Trias supérieur il y a 230 millions d'années et ont disparu au Crétacé il y a 65 millions d'années, probablement sous l'action combinée des éruptions des Trapps du Deccan et de l'impact d'un astéroïdeastéroïde issu de la famille des Baptistina dans la célèbre ceinture entre Mars et JupiterJupiter. On pourrait donc croire que les ptérosaures sont des dinosaures puisque qu'ils sont nés et ont disparu en même temps qu'eux et que certains, comme le Quetzalcoaltus, étaient de très grande taille (d'autres, cependant, étaient de dimensions bien plus modestes).

    Ce serait une erreur...

    Les ptérosaures étaient en effet des reptiles volants et de plus, même s'ils partagent quelques caractéristiques avec les oiseaux, comme des os creux, ce ne sont pas leurs ancêtres. On les considère tout de même souvent comme emblématique de l'ère des dinosaures et avec juste raison.

    On ne sait pas bien cependant si les ptérosaures étaient juste de bons planeursplaneurs ou s'ils étaient capables d'un vol battuvol battu gracieux.

    La découverte par une équipe de paléontologuespaléontologues sur la fameuse la plage aux ptérosaures de Crayssac de ce qui semble être une piste d'atterrissage de ptérosaure plaide en faveur de la seconde hypothèse. C'est ce que pensent des chercheurs comme Jean-Michel Mazin, Jean-Paul BillonBillon-Bruyat et Kevin Padian, qui viennent de publier leur analyse dans Proceedings of the Royal Society B.

    Atterrissage avec inversion de poussée, comme les canards...

    Il y a environ 140 millions d'années, la région de Crayssac, dans le Lot, se situait au bord d'un lagon. Des sédimentssédiments fins s'y déposaient et les maréesmarées y alternaient avec une très faible houlehoule. Toutes ces conditions étaient idéales pour que des traces de pas laissées sur les plages soient parfaitement bien conservées à la surface des stratesstrates qui se déposaient.

    On sait que les ptérosaures se déplaçaient au sol sur leurs quatre pattes avec un mouvementmouvement alterné. Mais l'une des nombreuses traces de locomotion découvertes dans la carrière de Crayssac montre deux empreintes de pattes arrière côte à côte et avec une longueur supérieure aux suivantes. L'interprétation la plus probable est celle d'un atterrissage sur les pattes arrière.

    Mais il y a mieux.

    Selon les chercheurs, les traces sont très similaires à celle d'un atterrissage d'un Harle bièvre, encore appelé Grand Harle. Il s'agit d'un canard capable d'ajuster ses battements d'ailes pour atterrir tout en douceur. Cela suggère donc que les ptérosaures maîtrisaient le vol battu, en tout cas au moins certaines espècesespèces, ce qui laisse songeur car on trouve à Creyssac des restes de ptérosaures dont l'envergure était de 3 mètres !

    Quelques paléontologues restent sceptiques. Pour eux, ces traces sont difficilement distinguables de celles laissées par un animal nageant dans une eau peu profonde et prenant appui sur ses pattes arrière pour se propulser hors de l'eau. Un doute subsiste donc mais l'interprétation la plus probable semble tout de même être celle faisant des empreintes la première trace d'atterrissage de ptérosaures. Il serait beaucoup plus fascinant de trouver une trace de décollage...