Il y a 35.000 ans, les proboscidiens Notiomastodon platensis peuplaient l'Amérique du Sud. Le prélèvement d'ADN ancien sur une molaire de l'un des représentants de cette espèce permet de déterminer si celle-ci était phylogénétiquement plus proche des éléphants que des mastodontes.


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    Les proboscidiens sont des mammifères ayant émergé il y a 60 millions d'années en Afrique et qui comprennent des espèces actuelles et éteintes et dont la plupart présentent une lèvre supérieure modifiée en trompe préhensilepréhensile. Ils comprennent notamment les Deinotheriidae, les Mammutidae et les Elephantidae. Les Gomphotheriidae constituent une famille de proboscidiens dont tous les représentants sont aujourd'hui éteints mais qui peuplaient autrefois l'Amérique du Sud.

    Les mammouths sont un groupe de proboscidiens aujourd'hui disparus. © Daniel, Adobe Stock
    Les mammouths sont un groupe de proboscidiens aujourd'hui disparus. © Daniel, Adobe Stock

    La position phylogénétiquephylogénétique de ce taxon au sein des proboscidiens a été modifiée à plusieurs reprises au fil des études en fonction du matériel biologique disponible. Si les conclusions de ces études s'appuient majoritairement sur des comparaisons morphologiques entre spécimens, certaines ont également été établies grâce à de l'ADNADN ancien de Gomphotheriidae. Ces résultats sont néanmoins difficiles à obtenir en raison de la mauvaise préservation de cette moléculemolécule dans des régions au climat chaud et humide.

    Notiomastodon : plus proche des éléphants ou des mastodontes ?

    Parmi ces Gomphotheriidae ayant peuplé l'Amérique du Sud, figure l'espèce endémiqueendémique Notiomastodon platensis et la raison pour laquelle cette espèce n'a pas colonisé l'Amérique centrale et du Nord demeure un mystère. Les analyses morphologiques montraient généralement que N. platensis serait plus proche phylogénétiquement des Elephantidae que des Mammutidae, tandis que l'analyse des protéinesprotéines contenues dans le collagènecollagène osseux de cette espèce suggérait le contraire.

    L'ADN ancien de N. platensis a été prélevé sur la première molaire supérieure d'un fossile datant d'il y a 35.000 ans

    Afin de déterminer laquelle de ces deux hypothèses est la plus probable, une équipe internationale de chercheurs a effectué une analyse phylogénétique en utilisant de l'ADN de N. platensis et de sept autres proboscidiens. L'ADN ancien de N. platensis a été prélevé sur la première molairemolaire supérieure d'un fossile datant d'il y a 35.000 ans qui a été trouvée sur le site uruguayen d'Arroyo deldel Vizcaíno. Les analyses incluent également d'autres données moléculaires et morphologiques au sein des proboscidiens. Les résultats de cette étude ont été publiés dans le journal iScience.

    L'ADN ancien d'un <em>Notiomastodon</em> a été prélevé sur une molaire datant d'il y a 35.000 ans et trouvée en Uruguay. © Baleka et al, 2022
    L'ADN ancien d'un Notiomastodon a été prélevé sur une molaire datant d'il y a 35.000 ans et trouvée en Uruguay. © Baleka et al, 2022

    L'analyse ADN montre que Notiomastodon est un taxon frère des Elephantidae, comme cela avait été suggéré par des analyses morphologiques précédentes. Les auteurs expliquent par ailleurs que l'ancêtre commun de Notiomastodon et des Elephantidae date d'il y a un peu plus de 10 millions d'années en arrière. La cause de la disparition de Notiomastodon il y a moins de 10.000 ans est encore aujourd'hui incertaine mais plusieurs hypothèses, non exclusives, ont été proposées à ce sujet. Elles impliquent une modification du climat à la fin du dernier âge glaciaire ainsi qu'une pressionpression de prédation par l'Homme.