Le fondateur de la Comex, Henri-Germain Delauze, vient de décéder à Marseille. Ce pionnier a défriché la plongée profonde et en est longtemps resté un des grands spécialistes mondiaux. L’occasion de revenir sur la longue aventure de la conquête des profondeurs.

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    En 1992, Théo Mavrostomos, enfermé dans un caisson, atteint 701 mètres en plongée simulée, démontrant que des hommes peuvent travailler jusqu’à cette profondeur sans l’aide d’un sous-marin ou d’un bathyscaphe. © Comex

    En 1992, Théo Mavrostomos, enfermé dans un caisson, atteint 701 mètres en plongée simulée, démontrant que des hommes peuvent travailler jusqu’à cette profondeur sans l’aide d’un sous-marin ou d’un bathyscaphe. © Comex

    Henri-Germain Delauze restera comme un des grands pionniers de la découverte des océans, aux côtés de Jacques Piccard ou de Jacques-Yves Cousteau. Cet ingénieur des Arts et Métiers, d'abord spécialisé dans les travaux publics, est aussi un bâtisseur et crée en 1961 la Comex, pour Compagnie d'expertise maritime, installée à Marseille. Car Henri Delauze est devenu un adepte de la plongée et un amoureux de la mer depuis ses séjours à Madagascar, pour son service militaire, et en Californie, pour ses études (où l'un de ses professeurs est Hans-Albert EinsteinEinstein, fils de l'illustre physicienphysicien).


    En mai 2008, au large de Cassis, en Méditerranée, Henri Delauze est aux commandes du Remora, mis au point par la Comex, et visite une épave romaine par cent mètres de fond avec le journaliste Didier Pillet. © Lemeilleur2marseille/YouTube

    La Comex est spécialisée dans les travaux sous-marins et prospèrera grâce aux chantiers pétroliers off-shoreoff-shore. Tout est à inventer et l'entreprise multiplie les premières, avec le perfectionnement de la plongée profonde, dans un véritable laboratoire, le Centre expérimental hyperbare.

    De nombreux mélanges gazeux sont testés car, au-delà d'une centaine de mètres, différents composants de l'airair deviennent toxiques. La Comex mettra au point l'Héliox (héliumhélium et oxygène), l'Hydrox (hydrogènehydrogène et oxygène) et même l'Hydréliox (un cocktail des trois).

    Henri G. Delauze dirigeait la Comex mais aimait surtout être à bord... © <a href="http://www.comex.fr/fileadmin/telechargement/COMEX_N11_LD_WEB.pdf" title="Comex Magazine 11" target="_blank">Comex Magazine</a> n°11 (numéro spécial pour les 50 ans de l'entreprise)

    Henri G. Delauze dirigeait la Comex mais aimait surtout être à bord... © Comex Magazine n°11 (numéro spécial pour les 50 ans de l'entreprise)

    Aux commandes d’un bathyscaphe

    L'idée de Delauze est d'installer les plongeurs dans des caissons pressurisés et étanches, descendus sous l'eau sur le chantier et remontés en fin de travail sur le navire. Les plongeurs ne font plus de paliers sous l'eau : ils restent le soir dans le caisson sous pressionpression. Celle-ci est ensuite abaissée progressivement, ou par paliers, sans que les plongeurs aient autre chose à faire que de se reposer bien au chaud.

    En 1988, deux plongeurs travaillent à 530 mètres et, en 1992, lors de la campagne HydraHydra 10, une plongée simulée (en caisson, donc) atteint 701 mètres.

    Le bathyscaphe <em>Archimède</em> prêt pour une mise à l'eau. © Commandant Houot, CC by-nc-sa 2.0

    Le bathyscaphe Archimède prêt pour une mise à l'eau. © Commandant Houot, CC by-nc-sa 2.0

    Au début des années 1960, Henri Delauze a une autre activité : pour la Marine nationale et pour le CNRS, il gère les campagnes d'un bathyscaphebathyscaphe, l'ArchimèdeArchimède. Car l'homme est, selon le mot d'Auguste PiccardAuguste Piccard, un savanturier. Il plonge 32 fois avec l'Archimède, dont une fois à 8.300 m, en compagnie du commandant Houot et du professeur Pierre Drach.

    Dans les années 1990, les affaires de la Comex périclitent et l'entreprise doit être en partie vendue. Mais les activités continuent et Henri Delauze n'a pas perdu le goût de l'aventure : on le retrouve en 2003 à bord du petit sous-marin Minibex pour retrouver - avec succès - les restes du P38 Lightning de Saint-Exupéry, là où un pêcheur affirme avoir récupéré une gourmette ayant appartenu à l'aviateur-écrivain.

    « Si je devais recommencer, je referais exactement la même chose » concluait-il dans un entretien publié dans Comex Magazine.