La hausse du niveau des océans ne fait que s'accélérer d'années en années, remettant en question les dernières estimations, qui étaient finalement, bien en dessous de la réalité. En 2023, le rythme de cette hausse a été démultiplié par un paramètre naturel qui s'est ajouté au réchauffement climatique.


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    Alors que la température moyenne de surface des océans n'a jamais été aussi élevée et défie toutes les prévisions des climatologuesclimatologues depuis plus d'un an, le niveau de l'eau aussi, affiche une progression record. En l'espace d'un an, entre 2022 et 2023, le niveau moyen des océans a gagné 0,76 centimètres, un véritable « bond » selon un nouveau rapport de la Nasa. En comparaison, la hausse n'était « que » de 0,21 centimètres entre 2021 et 2022, soit quatre fois moindre !

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    Cette hausse est essentiellement due au réchauffement climatique, mais pas seulement. Le phénomène réchauffant El Niño a également joué un rôle non-négligeable en 2023. Lors des phases La NiñaLa Niña, la pluie, issue de l'évaporation des océans, tombe davantage sur les terres. La hausse du niveau de l'eau progresse alors moins vite. Mais lors des phases El NiñoEl Niño, la pluie tombe davantage au-dessus des océans, et la terre se réchauffe également davantage. Le niveau de la mer monte donc encore plus vite.

    La hausse du niveau des océans de 1993 à 2023, avec une projection jusqu'en 2040. © Nasa
    La hausse du niveau des océans de 1993 à 2023, avec une projection jusqu'en 2040. © Nasa

    Le niveau des océans va gagner 20 centimètres supplémentaires d'ici 30 ans

    Les calculs ont été effectués à partir d'observations satellites, lesquelles ont débuté il y a 30 ans. Depuis 1993, le niveau global des océans a gagné 9,4 centimètres, et le rythme de la hausse s'accélère : de 0,18 centimètres par an en 1993, à 0,42 centimètres par an en 2023. À ce rythme, il est certain que le niveau des océans gagnera encore au moins 20 centimètres d'ici 2050, avec un risque d'inondations et de submersions extrêmement élevé sur les côtes. 


    On sait quand l'élévation du niveau de la mer a brusquement dépassé le stade de la variabilité naturelle

    Article de Karine DurandKarine Durand, écrit le 24 février 2022

    Une analyse du niveau de la mer au cours des 2.000 dernières années a démontré une accélération de son augmentation au moment de la Révolution industrielle.

    Selon une étude publiée dans Nature Communications, les chercheurs ont découvert que l'augmentation du niveau de la mer a clairement dépassé le stade de la variabilité naturelle dès 1863. Sans surprise, c'est aussi à ce moment-là que les premiers effets du réchauffement climatique ont commencé à se faire sentir dans les océans, ainsi que la fonte des glaciers, directement en lien avec l'activité humaine. Le réchauffement des océans et la fontefonte des glaces sont les deux principales causes de l'élévation du niveau de la mer.

    Pendant 1.700 ans, l'étude montre que le niveau global de la mer a subi des variations régulières, mais faibles : le niveau a perdu jusqu'à 0,3 millimètre et a gagné jusqu'à 0,2 millimètre. Entre 1700 et 1760, juste avant la Révolution industrielle et l'utilisation massive des énergies fossiles, le niveau de la mer a subi une baisse de 0,1 millimètre.

    Un changement radical s'est ensuite opéré entre 1940 et 2000 puisque le niveau global de la mer s'est soudainement élevé de 1,4 millimètre par an ! Cet intervalle de 60 ans (1940 à 2000) a démontré une accélération sans précédent de l'augmentation du niveau de la mer, laquelle dépasse tout ce qui s'était passé depuis près de 2.000 ans. Les études archéologiques, l'analyse des sédimentssédiments et la géochimie montrent que le nord de l'océan Atlantique est la zone où cette accélération s'est produite en premier. Au nord de l'océan Atlantique, cette soudaine accélération s'est mise en place à partir du milieu du XIXe siècle, plus exactement entre 1820 et 1860 selon le dernier rapport du Giec. Dans le reste de l'océan Atlantique par contre, l'accélération n'a débuté qu'au milieu du XXe siècle.

    L'océan Atlantique nord est la première zone qui a commencé à subir une élévation du niveau de l'eau, dès 1863. © Rixie, Adobe Stock
    L'océan Atlantique nord est la première zone qui a commencé à subir une élévation du niveau de l'eau, dès 1863. © Rixie, Adobe Stock

    Le lien entre réchauffement et élévation du niveau de la mer

    Rappelons que l'usage des énergies fossiles (gazgaz, pétrolepétrole, charboncharbon) libère de grandes quantités de gaz à effet de serregaz à effet de serre : l'ozoneozone, le dioxyde de carbonedioxyde de carbone, la vapeur d'eau, le méthane et le protoxyde d'azoteprotoxyde d'azote sont les principaux gaz participant à cet effet de serre qui forme un « couvercle » dans l'atmosphèreatmosphère, piégeant une partie de la chaleurchaleur sur Terre. En plus de la fonte des glaces terrestres, le réchauffement des océans conduit à une dilatationdilatation de l'eau. Selon Conservation-Nature, « la hausse du niveau des océans est liée pour 1/3 à la dilatation des océans, et pour 2/3 à la fonte des glaciersglaciers de montagne et des calottes polairescalottes polaires ». Cette fonte est principalement perceptible dans les régions polaires de l'ArctiqueArctique et de l'AntarctiqueAntarctique. « La fonte totale de l'Antarctique équivaudrait à une hausse du niveau de la mer de l'ordre de 60 mètres auxquels il faudrait ajouter la fonte du Groenland, de l'ordre de 7 mètres de plus », annonce Conservation-Nature. Selon le dernier rapport du Giec publié en août 2021, il faut s'attendre à une hausse moyenne de 50 centimètres d'ici la fin du siècle, et de 2 mètres d'ici 2300, voire avant.

    Cette hausse aura pour conséquence la disparition sous l'eau de certaines terres, conduisant à la migration de millions de réfugiés climatiques et à des risques accrus de submersion marine en cas de tempêtetempête ou d'ouraganouragan.