L'année 2023 a franchi un seuil historique en ce qui concerne le réchauffement des mers et océans, et les côtes françaises sont parmi les plus touchées au monde par ces températures anormalement élevées. La météo de notre pays va-t-elle être détraquée par cet excès de chaleur dans l'eau ?


au sommaire


    L'océan a un effet tampon sur le climat global de la Planète : il absorbe les excès de chaleur et régule le climat. Voilà pourquoi les mers et océans sont les premiers à souffrir du réchauffement climatique planétaire. Depuis la mi-janvier, la température moyenne de surface dépasse tout ce qui était prévu. Mois après mois, l'écart entre la température moyenne et même celle de l'année dernière à la même époque, ne cesse de se creuser. Le 13 juin, la température moyenne de surface des océans atteignait 20,9 °C, contre une moyenne sur la période 1982-2011 de 20,2 °C, et devant le précédent record de 2022 avec 20,7 °C.

    Quelles conséquences à court terme sur la météo en France ?

    Les côtes françaises ne sont pas en reste, bien au contraire, l'anomalieanomalie chaude est l'une des plus fortes du monde actuellement le long du golfe de Gascogne et de la Méditerranée, jusqu'à 4 °C au-dessus des moyennes de saison.

    Cette surchauffe de l'eau côtière aura-t-elle des conséquences sur la météométéo en France ? Difficile de répondre à la question, tant le phénomène est nouveau et dépasse tout ce que les climatologuesclimatologues avaient prévu pour cette partie du monde. Météo France se veut très prudent sur le sujet, et précise qu'à très court terme, les impacts ne sont pas forcément mesurables. Mais en théorie, une eau aussi chaude devrait avoir des conséquences sur l'instabilité de l'atmosphère, comme l'explique Davide Faranda, climatologue à l'IPSL et spécialiste des phénomènes météo extrêmes : « je pense qu'il n'existe pas encore de simulations sur le lien entre des températures aussi élevées dans les mers et océans et les conditions météo en France. Mais si on regarde ce qui se passe en général en Méditerranée, lorsque la mer est chaude, cela provoque plus d'évaporation et cette humidité provoque plus de convectionconvection. Il est donc possible que les orages soient plus intenses dans ce cas, mais je ne dirais pas qu'ils sont plus fréquents ».

    Malgré la situation très orageuse que connaît le sud de la France depuis plusieurs semaines, le lien n'est pas automatique. Les orages de fin mai et début juin étaient liés à une situation météo différente, et n'ont donc, a priori, pas été influencés par les températures de l'océan. Cependant, Météo France précise que si la chaleur doit influencer la météo dans l'Hexagone, cela prendra plusieurs semaines, voire davantage.

    Des cyclones plus puissants et des précipitations plus intenses

    Selon Jeff Berardelli, spécialiste du climat en Floride, la température de surface des océans est si élevée sur la zone majeure de développement des ouragansouragans (entre l'Afrique et les Caraïbes) qu'elle a déjà atteint le niveau habituellement rencontré en septembre : le mois de septembre correspond au pic de la saison cyclonique, justement en raison de la chaleur de l'eau qui donne l'énergieénergie aux tempêtes tropicalestempêtes tropicales pour se transformer en ouragan.  

    Par conséquent, il est tout à fait possible que de puissants ouragans arrivent à se former en début de saison, c'est-à-dire, dès la fin juin-début juillet. En cas de forte anomalie chaude dans les océans, les ouragans se renforcent plus vite, ils sont plus intenses, mais aussi plus lents. Le manque de vitessevitesse des ouragans leur permet de faire de gros dégâts sur les terresterres rencontrées, puisqu'ils font quasiment du surplace.

    Autre phénomène qui risque de bénéficier de la chaleur de l'eau, les rivières atmosphériques. Ces bandes pluvieuses qui circulent dans l'atmosphère se forment à partir de l'évaporation de l'eau de surface des mers et océans. Comme le précise le Giec dans ses derniers rapports, il y a 7 % de vapeur d'eau en plus dans l'atmosphère à chaque degré gagné. En France, le phénomène se produit parfois entre l'automneautomne et l'hiverhiver, comme c'était le cas fin décembre 2022 avec une rivière atmosphérique particulièrement intense en provenance des Antilles qui a touché le nord-ouest de la France, en provoquant des inondationsinondations.

     


    La bombe à retardement du réchauffement climatique se cache dans les océans

    Article de Futura avec ETX Daily Up, publié le 9 mai 2023

    Les océans continuent de se réchauffer : arrivés à saturation de leur capacité à séquestrer et stocker l'excès de chaleur des activités humaines, ils ne remplissent plus leur rôle de pompe à CO2. Mais ces températures excessives, qui dégradent de façon irréversible la biodiversitébiodiversité marine, ne sont pas les seules conséquences et font craindre une sous-évaluation du réchauffement climatique. 

    La surface des mers a battu en avril son record annuel et se maintient depuis à des niveaux inédits : le phénomène, alarmant mais sans surprise pour les scientifiques, illustre surtout comment les activités humaines ont transformé les océans en « bombe à retardement » du réchauffement climatique.

    Début avril, la température moyenne à la surface des océans, à l'exception des eaux polaires, a atteint 21,1 °C, selon les données de l'observatoire américain NOAANOAA, battant le précédent record de 21 °C en mars 2016. Si la moyenne a commencé à redescendre un peu fin avril -- cycle naturel à la sortie de l'hiver austral -, les températures se maintiennent depuis six semaines au-dessus des records de saison.

    Quelles conséquences sur les océans ? 

    Dans l'immédiat, cela « se traduit au niveau régional par une multitude de vaguesvagues de chaleur marines [qui] agissent telles des incendies sous-marinssous-marins, pouvant dégrader de manière irréversible des milliers de kilomètre carrés de forêts sous-marines, par exemple de laminairelaminaire, d'herbiers de posidonie, ou de coraux », décrit l'océanologueocéanologue du CNRS, Jean-Baptiste Sallée. « Les températures les plus spectaculaires se trouvent dans le Pacifique le long de l'Amérique centrale », pointe le chercheur, mais l'anomalie touche aussi de larges zones dans le nord du Pacifique ainsi que sur les côtes atlantiques d'Europe du Sud et d'Afrique de l'Ouest.

    La hausse des températures dans les océans se traduit par des coups de chaleur qui provoquant des sortes d'« incendies sous-marins » et dégradant de façon irréversibles les fonds marins. © vovan, Adobe Stock
    La hausse des températures dans les océans se traduit par des coups de chaleur qui provoquant des sortes d'« incendies sous-marins » et dégradant de façon irréversibles les fonds marins. © vovan, Adobe Stock

    « Il n'est pas surprenant que les océans se réchauffent, on l'observe d'année en année à un rythme absolument faramineux », rappelle toutefois cet auteur du Giec joint par l'AFP, car « l'océan, tel une éponge, absorbe plus de 90 % de l'augmentation de chaleur causée par les activités humaines ». Les effet ne se limitent pas à la biodiversité marine. « Il y aura une évaporation accrue et un fort risque de cyclones plus intenses », explique à l'AFP l'océanologue Catherine Jeandel, « et peut être des conséquences sur les courants océaniques ». Des eaux plus chaudes « fonctionnent comme une barrière qui freine les échanges de gazgaz, ajoute la géochimiste. La pompe à oxygène de l'océan va moins bien fonctionner et il en ira de même pour la pompe à CO2», réduisant l'absorptionabsorption des gaz à effet de serregaz à effet de serre produits par l'Homme.

    À quoi s'attendre avec El Niño qui entre en scène ?

    Ce nouveau record ne surprend pas non plus Frédéric Hourdin, spécialiste des modèles climatiquesmodèles climatiques : « Ils sont normaux, dans le cadre d'une situation plus que préoccupante, anticipée depuis longtemps et qui nécessite une transformation profonde de nos modes de fonctionnement (...) On ne prend pas suffisamment conscience que l'objectif est de se passer totalement de pétrolepétrole et de charboncharbon ». Ce record fait-il craindre une sous-évaluation du réchauffement ? « Impossible à dire sur la base d'un record », relativise le chercheur, compte-tenu de « la part de variabilité naturelle du climat qui fait que ça peut chauffer davantage pendant quelques mois ou années ».

    En l'occurrence, les océans du globe ont connu trois années consécutives de La NiñaLa Niña, phénomène cyclique-climatique qui refroidit les eaux de surface. Or le phénomène inverse, El NiñoEl Niño, semble s'installer en 2023 et la transition, avec la fin de l'effet refroidissant de La Niña, pourrait s'être conjuguée au réchauffement de long terme pour produire ce nouveau record. 

    Ce réchauffement historique serait irréversible

    « Si nous intégrons la tendance séculière d'augmentation de la température de surface, l'année 2023 ne semble pas trop décalée par rapport aux autres années El Niño, a relativisé le climatologue américain David Ho sur TwitterTwitter. C'est la tendance à long terme qui devrait nous alarmer ».

    Voir aussi

    Une désoxygénation de l’océan « importante et potentiellement irréversible » a commencé à se produire en 2021

    Les océans ayant absorbé 90 % de l'excès de chaleur du système terrestre provoqué par l'activité humaine au cours de l'ère industrielle, les scientifiques estiment qu'ils contiennent une énergie colossale dans ses profondeurs, 10 zettajoules en 2022, soit 100 fois la production mondiale d'électricité. « Pendant des années El Niño, les profondeurs océaniques relâchent de la chaleur en surface et réchauffent l'atmosphère », avertit Jean-Baptise Sallée.

    « À force de le chauffer, l'océan devient un peu comme une bombe à retardement », résume Catherine Jeandel. Et « les projections suggèrent que le réchauffement historique des océans est irréversible au cours de ce siècle », abonde l'océanographe du centre Mercator Océan, Karina Von Schuckmann. Car si la température de la surface des mers pourrait se stabiliser rapidement en cas de réduction forte des émissionsémissions de l'humanité, en revanche, « l'océan profond s'ajuste sur des siècles ou des millénaires », souligne la chercheuse, spécialiste du déséquilibre énergétique de la Terre.


    « Nous sommes en train de perdre nos océans » : records historiques de température en 2021

    2021 ne restera pas dans les mémoires comme l'année la plus chaude jamais enregistrée. Pas dans l'atmosphère au moins. Mais dans les océans se joue un tout autre scénario. Les chercheurs nous confirment aujourd'hui qu'ils ont été, l'année dernière, plus chauds que jamais.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 14 janvier 2022

    En 2021, les températures de notre atmosphère n'ont pas atteint de nouveau record (cinquième place des années les plus chaudes). Le service européen de surveillance du changement climatique, connu sous le nom de Copernicus, l'a confirmé hier. En revanche, des données publiées aujourd'hui par l'Académie des sciences chinoise et par l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) montrent que nos océans ont été, l'année dernière -- et pour la sixième année consécutive --, plus chaude que jamais. À une profondeur comprise entre 150 et 450 mètres, la température moyenne de l'océan a atteint les 14,4 °C. Elle était de 13,8 °C en 2000 !

    Une mauvaise nouvelle, car rappelons que la teneur en chaleur des océans constitue un indicateur majeur du réchauffement climatique anthropique. Les mers, en effet, absorbent une grande quantité de la chaleur excédentaire présente dans notre atmosphère. Plus de 90 %.

    Voir aussi

    L'océan est-il la solution pour nous sauver du réchauffement climatique ?

    Les chercheurs montrent aujourd'hui qu'en 2021, les océans, dans leurs 2.000 mètres supérieurs, ont ainsi absorbé au moins 14 zettajoules -- soit 1021 joulesjoules -- de plus qu'en 2020 -- et même jusqu'à 227 zettajoules de plus que la moyenne de la période 1981-2010. Pour vous faire une meilleure idée, sachez qu'en une année, l'ensemble des activités humaines sur la Planète consomme une énergie d'environ... la moitié d'un zettajoule !

    Le réchauffement des océans en 2021 par rapport à la moyenne de la période 1981-2010. © Cheng <em>et al.</em>
    Le réchauffement des océans en 2021 par rapport à la moyenne de la période 1981-2010. © Cheng et al.

    Une autre conséquence des émissions anthropiques de gaz à effet de serre

    Ainsi aucune variation naturelle de type El Niño ou La Niña ne peut être tenue pour principale responsable. Ces variations, en effet, affectent surtout les températures sur un plan régional et une période relativement courte. Et outre son ampleur, ce réchauffement-là se mesure bien partout dans le monde.

    Par ailleurs, les chercheurs nous apprennent que les océans se réchauffent de manière significative et continue depuis la fin des années 1960 déjà. Mais que depuis la fin des années 1980, leur température a augmenté à un rythme jusqu'à six fois supérieur à celui des décennies précédentes. Et ce sont certaines régions de l'océan Atlantique, de l'océan Pacifique et de l'océan Indien qui apparaissent les plus touchées.

    Avec l’océan qui se réchauffe, c’est la banquise antarctique, notamment, qui pourrait être déstabilisée par le dessous. Et menace de libérer de grandes quantités de la glace de terre. Avec l’élévation importante du niveau de la mer qui pourrait l’accompagner. © NicoElNino, Adobe Stock
    Avec l’océan qui se réchauffe, c’est la banquise antarctique, notamment, qui pourrait être déstabilisée par le dessous. Et menace de libérer de grandes quantités de la glace de terre. Avec l’élévation importante du niveau de la mer qui pourrait l’accompagner. © NicoElNino, Adobe Stock

    Une mauvaise nouvelle pour la Planète

    En absorbant autant de chaleur, l'océan se met en difficulté. Son eau se réchauffe. Avec des conséquences sur ses propriétés et sur sa dynamique. Sur son volumevolume, par exemple. Parce lorsque sa température monte, l'eau se dilate. Résultat, le niveau de la mer monte. Lorsque les océans se réchauffent, ses échanges avec l'atmosphère sont aussi modifiés. Et avec eux, les cycles des précipitationsprécipitations et finalement, les fréquences et les intensités des événements météorologiques extrêmes.

    Autre élément inquiétant souligné par les chercheurs : avec son réchauffement, l'océan perd de sa capacité à absorber le dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère. Il en laisse donc plus dans l'airair que par le passé. Une sorte de cercle vicieux. Et une meilleure compréhension de ce phénomène de couplage chaleur/carbone pourrait donc s'avérer cruciale dans un avenir proche. Même s'il apparait plus que jamais évident que tant que nous n'aurons pas atteint l'objectif du zéro émissions nettes, les océans, eux aussi, continueront inexorablement de se réchauffer.


    Record de température pour les océans en 2020

    Nous avons l'habitude d'évaluer le réchauffement climatique à l'augmentation de la température de notre atmosphère. Mais des chercheurs nous rappellent aujourd'hui que les océans du monde se réchauffent également. En 2020, ils ont atteint une température record.

    Article de Nathalie Mayer paru le 13/01/2021

    Le brouillard de mer observé ici en mer Arctique est un phénomène rare. Il apparaît lorsqu’un air glacial entre en contact avec une eau relativement chaude. © Shaoqing Wang, Académie des sciences chinoise
    Le brouillard de mer observé ici en mer Arctique est un phénomène rare. Il apparaît lorsqu’un air glacial entre en contact avec une eau relativement chaude. © Shaoqing Wang, Académie des sciences chinoise

    En 2020, les taux de CO2 dans l’atmosphère ont encore augmenté. Les températures ont grimpé. Y compris celles de l'océan, nous confirme aujourd'hui une étude réalisée par une équipe internationale de chercheurs. Entre la surface et une profondeur de 2.000 mètres, jamais depuis 1955, les températures moyennes de l'océan n'avaient été aussi élevées que dans le courant de l'année dernière.

    La hausse des températures dans les océans se traduit par des coups de chaleur qui provoquant des sortes d'« incendies sous-marins » et dégradant de façon irréversibles les fonds marins. © vovan, Adobe Stock
    Jusqu’à 200 mètres de profondeur, la température moyenne de l’océan est de l’ordre de 17,5 °C. Puis, elle décroît rapidement pour s’uniformiser entre 0 et 3 °C vers 2.000 mètres de fond. Au final, la température moyenne de l’océan est évaluée à 3,5 °C environ. © vovan, Adobe Stock

    Se basant sur des mesures présentes dans une base de donnéesbase de données mondiale, les chercheurs ont calculé qu'en 2020, les océans ont absorbé 20 zettajoules (ZJ) - soit 20x1021 joules - de plus qu'en 2019. Une quantité de chaleur qui suffirait à faire bouillir 1,3 milliard de bouilloires contenant chacune 1,5 litre d'eau ! Notez tout de même que si l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) arrive à la même conclusion d'une augmentation de la température de l'océan depuis 2019, ses chiffres sont plus modérés - seulement 1 ZJ de chaleur supplémentaire absorbée. Le tout confirmant tout de même une tendance de fond.

    Les anomalies – par rapport à la moyenne de 1981-2010 – de teneur en chaleur de l’océan, en zettajoules (ZJ), depuis 1958. © Lijing Cheng et al.
    Les anomalies – par rapport à la moyenne de 1981-2010 – de teneur en chaleur de l’océan, en zettajoules (ZJ), depuis 1958. © Lijing Cheng et al.

    Ne pas négliger l’importance de l’océan

    Heureusement, l'océan est vaste. Il ne bout pas. En absorbant une grande quantité - les chercheurs parlent de 90 % - de la chaleur excédentaire, il amortit le réchauffement climatique. Mais à quel prix ? Celui de modifications de salinitésalinité et d'une stratificationstratification accrue. Celui d'une lente libération de cette chaleur accumulée également, de quoi entretenir les effets sur le long terme. Même après l'arrêt de nos émissions de CO2.

    Plus immédiatement, des océans plus chauds favorisent des pluies plus intenses, et des ouragans et des typhons plus puissants. Avec les inondations et les dégâts matériels et humains qui peuvent les accompagner. D'où l'importance de ne pas oublier de considérer l'océan lorsque des politiques de lutte contre le réchauffement climatique sont mises en place.


    L'océan connaît une augmentation des températures sans précédent

    Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dédié à la question affirme que l'océan mondial se réchauffe sans relâche depuis 1970. Et aujourd'hui, des données du programme Copernicus viennent préciser la question : l'océan connaît une augmentation de température sans précédent.

    Article de Nathalie Mayer paru le 11/10/2020

    Illustration de l'océan vu de l'espace. © OSORIOartist, Adobe Stock
    Illustration de l'océan vu de l'espace. © OSORIOartist, Adobe Stock

    Chaque année, le programme Copernicus -- un programme de l'Union européenne pour l'observation et la surveillance de la Terresurveillance de la Terre -- publie un rapport sur l’état des océans du monde. Il s'appuie sur des données satellites, des mesures de terrain et des analyses d'experts. Celui qui vient de paraitre fait état d'une augmentation sans précédent des températures de la mer.

    La température des océans augmente. © Ocean State Report
    La température des océans augmente. © Ocean State Report

    Entre 1993 et 2018, la température globale de la surface de la mer -- l'une des mesures importantes, avec la teneur en chaleur de l'océan -- a augmenté de 0,014 °C par an. Les quatre dernières années apparaissent comme les plus chaudes jamais enregistrées.

    Des signes de tensions majeures sur les océans

    Ce que les chercheurs appellent la teneur en chaleur de l'océan fait référence à la chaleur absorbée par l'océan. Connaître la quantité d'énergie thermiqueénergie thermique stockée dans l'océan est essentiel pour comprendre l'état, la variabilité et les changements du système climatique terrestre. Dans le dernier quart de cette décennie, le gain global de chaleur océanique a augmenté dans les 700 mètres supérieurs de l'océan. De la chaleur a été piégée dans des couches océaniques plus profondes, allant jusqu'à plus de 2.000 mètres.

    Alors que sur la période 1993-2018, les chercheurs notent une augmentation moyenne des températures de surface de l’océan mondial de 0,014 °C par an, pour la mer Méditerranée — ici, une vue de la Corse —, la hausse des températures atteint 0,037 °C par an ! © Naeblys, Adobe Stock
    Alors que sur la période 1993-2018, les chercheurs notent une augmentation moyenne des températures de surface de l’océan mondial de 0,014 °C par an, pour la mer Méditerranée — ici, une vue de la Corse —, la hausse des températures atteint 0,037 °C par an ! © Naeblys, Adobe Stock

    Rappelons que l'augmentation de la teneur en chaleur des océans contribue de 30 à 40 % de l'élévation moyenne mondiale du niveau de la mer, du fait de la dilatationdilatation thermique de l'eau de mer. « Plus que jamais, une surveillance complète et systématique des océans est nécessaire », remarquent Karina von Schuckmann et Pierre-Yves Le Traon, chercheurs, dans un communiqué du Taylor and Francis Group (Royaume-Uni). D'autant que le rapport souligne d'autres tensions majeures sur les mers et les océans du monde dues au changement climatique, notamment l'acidification -- causée par l'absorption du dioxyde de carbone (CO2) de l'atmosphère --, la perte d'oxygène et le retrait de la glace de mer. Des tensions qui mettent en péril aussi bien les écosystèmesécosystèmes marins que les sociétés humaines qui en vivent.