Les incendies de forêts attendent l'été et la sécheresse, ce qui paraît logique. Pourtant une étude sur les feux de végétation et la composition des boisements au cours des 20.000 dernières années a trouvé des preuves d’incendies à 2.240 m d'altitude, pendant une époque glaciaire.

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    Les incendies de végétation se propagent lorsque du combustiblecombustible est disponible et que le climat est sec. Il est contre-intuitif d'imaginer de tels incendies en zones périglaciaires, subpolaires ou montagnardes. C'est pourtant ce que des sédiments lacustreslacustres de haute montagne ont révélé. Des incendies, certes rares, mais bien attestés par des charbons de bois, y compris durant des époques glaciaires et postglaciaires.

    Des incendies ont pu avoir lieu sur le site du massif du Queyras (Alpes occidentales) car des arbres y ont survécu en pleine époque glaciaire, comme en atteste la présence de macrorestes (feuilles et graines). Ce site a hébergé un refuge glaciaire de pins cembro et de mélèzes en isolement, telle une île au milieu d'un océan de glace. Ces arbres en situation de refuge durant le dernier maximum glaciaire pourraient être à l'origine des lignées génétiquesgénétiques de pins cembro et de mélèzes qui occupent aujourd'hui les vallées internes des Alpes occidentales.

    Un refuge glaciaire d’arbres sujet aux incendies dans les Alpes

    En outre, le régime de feu a changé simultanément avec le changement de dominance de couvert d'arbre. Au début de l'HolocèneHolocène (vers 10.700 ans) le climat devient plus chaud et plus humide : le pin cembro qui dominait en période glaciairepériode glaciaire (froide, sèche), à faible fréquence de feufeu, a été remplacé par le mélèze, associé à des incendies plus fréquents.

    Cette étude internationale, conduite par Christopher Carcaillet, directeur d'études EPHE au Laboratoire d'écologieécologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés (CNRS/Université Lyon 1/ENTPE) et OlivierOlivier Blarquez (université de Montréal), est parue en ligne dans la revue New Phytologist. Elle montre qu'un climat périglaciaire ne présume pas de l'absence d'incendies. Des arbres (ici le pin cembro) sont nécessaires aux incendies en haute montagne, et si le climat régule la fréquence des feux, ces derniers, en retour, contrôlent la diversité des arbres. Cette étude fait écho aux récents incendies dans les toundrastoundras de l'ArctiqueArctique, qui sont de plus en plus envahies par les arbres, avec des conséquences importantes sur le cycle du carbonecycle du carbone, ce qui interpelle la communauté scientifique. Les changements de couvert boisé en haute montagne sous l'effet du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, et surtout de la déprise agricole, risquent d'accentuer la propagation des feux dans les prochaines années.